Laure WEULERSSE-GARNIER
les fètes du boulevard Flandrin – par Laure Garnier Weulersse fille de Madeleine Lassalle – extrait du Trait d’Union n° 7
A l’époque où l’on m’appelait Laurette, j’habitais chez mon grand-père Lucien Lassalle au 9 boulevard Flandrin, dit « BOUFANIN ».
C’était un ancien couvent qui abritait toute une tribu. Le patriarche, Lucien, habitait l’aile principale; au-dessus : les Claude Chappey et leurs trois aînés. Au 7 boulevard Flandrin attenant au 9, Tante Germaine, Oncle Jo, Marc et Bernard. Nous, les Weulersse, vivions dans le fond du jardin côtoyant l’atelier de Charles (le menuisier et chauffeur de Grand Papa) et l’appartement de Jeanne : l’irremplaçable employée de maison. C’était une communauté avant l’heure, un mélange de générations : encadrement et liberté, une excellente école de la vie sociale.
De tout, ce que je préférais c’était le jardin : 2 000 m2 dans le 16è pas mal ! Et puis aussi la chapelle du couvent transformée en salon avec la chaire de laquelle j’adressais en cachette des sermons.
Le jardin, en fermant les yeux, je peux en voir tous les recoins et chaque bosquet de fleurs.
Je n’étais pas sans ignorer la réussite professionnelle de mon grand-père mais ce pour quoi je l’admirais le plus, c’était son amour des fêtes ; j’aimais voir son sourire de satisfaction à chacune des réceptions.
L’année commençait en février par l’anniversaire de Grand-Papa. Toute la famille au grand complet était invitée l’après-midi dans le grand salon, non seulement les descendants du « plombier » mais aussi la « branche corse ».
Je voyais Jeanne s’affairer à la fabrication de gâteaux plusieurs jours à l’avance dans la grande cuisine, d’où elle surveillait chaque allée et venue. Il fallait beaucoup de gâteaux car tous ceux qui étaient nés en janvier et février avaient droit à un gâteau avec ses bougies à souffler. J’étais, avec ma cousine Hélène Chappey, née en janvier et donc nous avions le privilège d’avoir chacune un gâteau personnel – au chocolat bien sûr. Nous étions fortement jalousées par nos frères et sœurs de ce privilège de naissance dont nous tirions une grande fierté. Marc avait son gâteau, Doudou Delmas aussi, (je ne me rappelle plus de tous les autres, qu’ils se manifestent !).
L’année des 86 ans de Grand-Papa nous avions joué une saynète de Molière avec Pascale et Hélène, un quatre-mains avec Pascale sans compter la fable de La Fontaine, indispensable à une bonne culture !
Au mois de juin, c’était la fête du bridge. Grand Papa (Lucien), grand amateur invitait ses amis à jouer au bridge. Pas une petite soirée entre amis mais plutôt une garden-party de 60 personnes !
La veille arrivaient les jardiniers, une entreprise se chargeait en quelques heures de transformer le jardin légèrement délaissé. Le massif d’hortensias devenait un parterre de boules roses, les jardinières des fenêtres regorgeaient de bégonias, les rosiers chétifs devenaient splendides, les allées étaient tranchées, les arbustes taillés, les cailloux ratissés. J’adorais ce miracle que j’attribuais au génie de mon grand- père. Le lendemain matin un gros camion arrivait plein de tables de bridge et de chaises marrons que l’on étalait sur la pelouse. J’avais le privilège d’aider, dans la mesure de mes faibles compétences, Tante Germaine qui recomptait les cartes avec nervosité et le jour J je proposais des cigarettes aux joueurs « sans déranger leur concentration bien sûr ».
La dernière fête c’était la kermesse au bénéfice de l’hôpital des enfants malades organisée par Tante Colette et Oncle Maurice Lamy. Tante Colette pourrait la raconter mieux que moi.
C’était encore plus grandiose puisqu’en plus, Emile l’électricien accrochait de ravissants lampions accordéons en papiers colorés que je regrette comparés aux affreux fanions et ampoules peintes dont on nous affuble aujourd’hui. L’atelier de Charles était caché par un grand barnum rayé pour le buffet. Dans le jardin, les stands et jeux dont principalement la grande roue de loterie fabriquée par Charles : de quoi ravir les enfants que nous étions !
Le soir, dîner dans le grand salon avec vente aux enchères. Je me souviens que Grand Papa avait porté des enchères pour une chemise de nuit très féminine en soie. Sa générosité lui avait permis d’emporter ce lot ce qui m’avait alors laissée très perplexe, le sachant veuf.
Mais, ce qui fut le plus beau cadeau que m’ait fait mon grand-père eut lieu à ma première communion. Au retour de l’indispensable retraite, je trouvais le jardin tout refleuri comme pour une journée de fête ; l’on avait avancé la venue des jardiniers et c’était pour moi !
Laure peintre – extrait du Trait d’Union n° 22
Laure s’adonne à la peinture. En voici un exemple :
Elle a exposé des œuvres dans de nombreuses expositions – notamment « quelques pièces détachées », selon le programme en Octobre et Novembre 2000 à Paris, à la galerie Thuillier (nom prédestiné !) ainsi qu’à Beauvais, à l’espace Saint Quentin.
Le Trait d’Union regrette que sa fréquence de parution ne lui ai pas permis d’avertir toute notre famille – elle le regrette d’autant plus que les œuvres « méritaient le détour » comme disent les Guides : des bouquets (rappelant Matisse), des paysages (rappelant Van Gogh et Derain), des marines (Arcachon, bien sur !), toujours des couleurs franches et généreuses, subtilement contrastées, des profondeurs mises en valeur, une composition agréable.
Laure nous envoie ce joli rassemblement, près de chez elle à Arcachon, de quelques Porsche. Mais elle ne nous dit pas ses préférences !
réouverture des galeries de peinture – septembre 2021
Laure expose au Pyla, dans l’ancienne Poste, près d’Arcachon. Cette arcachonnaise est familière des expositions locales.
La pandémie n’a pas attristé sa peinture. Au contraire les œuvres qu’elle nous montre sont plus colorées, plus vives, exprimant par des natures mortes, des animaux, des paysages, une joie de vivre qui ne la quitte pas.
Laure a également profité des confinements pour se mettre à la sculpture, qu’elle a pratiqué sous la tutelle de Patricia MOULY, dans son atelier, à Arcachon.
A coté de ses toiles, on peut admirer quelques oeuvres en raku, assez bien réussies, et quelques essais de poterie plus traditionnelle.
extrait de Sud Ouest, quotidien régional, numéro du 23 juin 2021.
note : raku = technique japonaise de cuisson