Jean-Pierre LASSALLE

 

SOUVENIRS DE NOTRE PERE – par ses trois filles Véronique, Laurence et Pascaline – extrait du Trait d’Union n°20 – 2001

 Il y a près d’un an, mon Père nous quittait en laissant derrière lui beaucoup de souvenirs d’une époque où apparaissaient les LASSALLE, CHAPPEY, LAMY, WEULERSSE, LANDRY

Il faut dire que, plus qu’un autre, son enfance le rattachait à cette famille étendue, lui qui souffrit de la séparation, dès son plus jeune âge, de ses propres parents.

Né à Paris le 9 novembre 1924, il conservera de son enfance partagée entre les domiciles de ses parents et la pension où le conduisit très jeune sa situation de famille, des points d’ancrage forts : Le Boulevard FLANDRIN, VIGNACOURT, HARDELOT. Là, sous le regard particulièrement affectueux de Lucien LASSALLE, de ses cousins CHAPPEY, il s’immergeait dans ce qu’il considérait comme «sa famille », construisant jour après jour l’essentiel de ses souvenirs heureux dont il parla toute sa vie avec une nostalgie profonde et beaucoup d’humour.

Pensionnaire aux Roches, institution qui se distinguait par une pédagogie très ouverte pour l’époque, il put s’épanouir aux contacts de personnalités fortes et attachantes et il se forgea un caractère bien trempé qui masquait son extrême sensibilité. A 17 ans, il fit une autre expérience qui allait achever son passage à la vie d’homme en s’engageant dans la résistance puis dans la Division Leclerc lors de la libération de Paris. Il y fit la fin de la guerre, participant en particulier à la bataille de DOMPAIRE. Il en faisait un récit plein d’humour et d’humilité, en prétendant que son rôle s’était limité à saisir les jumelles de son Colonel pour ne pas manquer le spectacle terrible et grandiose de centaines de chars allemands brûlant dans la plaine, pendant que celui-ci et d’autres officiers présents, conscients du danger, s’étaient jetés à plat ventre sous un camion au milieu des éclatements d’obus.

II avait ainsi plein d’anecdotes d’une guerre qu’il traversa avec, selon les témoignages de ses

camarades de la 2ème DB, un courage désinvolte et une bonne humeur inaltérable.

Revenu à Paris malgré son désir de suivre LECLERC en Indochine, idée combattue avec la dernière énergie par Jean et Lucien LASSALLE, il rentrera dans l’entreprise familiale où, pendant plus de 40 an, il va occuper toutes les fonctions en commençant par celle de magasinier. Petit fils et fils du patron ou pas, on ne plaisantait pas avec la formation en ce temps-là. Il y fit un métier qui le passionnait. Après la relative facilité des décennies d’après-guerre, il sera confronté à l’inexorable dégradation de l’environnement qui allait entraîner la disparition d’une majorité d’entreprises du secteur. Il connaît alors une période très difficile au cours de laquelle il luttera constamment pour maintenir la maison LASSALLE, s’investissant totalement au détriment de ses loisirs et de sa santé. Après des années d’efforts, il devra abandonner, non sans avoir sauvé ce qui lui paraissait essentiel, à savoir l’emploi des dizaines de collaborateurs fidèles qu’il fera reprendre par une entreprise du secteur. A peine 5 ans plus tard, le malheur s’acharnera en lui enlevant Colinette.

Comme toujours, il refusera de se laisser aller à son chagrin et se lancera dans de multiples activités. Il se consacrera au bénévolat, fera l’admiration de ses petits enfants en devenant un Internaute acharné. Sans cesse en mouvement, quand il ne sillonnait pas Paris sur son scooter, c’était pour sauter dans un train ou un avion et rendre visite à ses filles ou à sa sœur, à moins que ce ne fut pour parcourir les Etats Unis ou l’Egypte. La maladie brutale et rapide allait briser net son allant et sa vitalité. Malgré son courage et sa détermination, il sera emporté rapidement sans qu’il ait renoncé, jusqu’aux derniers instants à faire, avec son éternel humour, des projets de voyage, de vacances et d’activité.

 

SOUVENIRS 
de la Rédaction : parmi les réactions suscitées par la parution du numéro, l’une, toute à fait sympathique, est la lettre de Jean- Pierre LASSALLE qui est publiée ci-dessous – extrait du Trait d’Union n° 2

Ma chère Caroline,

Je suis Jean-Pierre, fils de Jean LASSALLE, cousin germain de votre père avec lequel j’ai vécu une bonne partie de ma prime jeunesse (nous partagions la même chambre Boulevard Flandrin, ainsi que quelques-unes de nos petites amies… mais en tout bien tout honneur bien entendu!).

J’ai été très intéressé par votre TRAIT D’UNION, que m’a remis votre oncle Claude à la réunion de samedi dernier et je vous félicite pour cette heureuse initiative. Je compte bien recevoir les prochains numéros, et je vous adresse ma cotisation de « membre correspondant » car je suis prêt à collaborer à votre entreprise, si je peux vous apporter quelques éléments.

A la demande de Tante Colette, je vais rechercher dans les archives de la Société LASSALLE (ex THUILLIER fils & LASSALLE, ex THUILLIER frères), des documents relatifs à la création de cette entreprise familiale (vers 1868?) et aux initiatives sociales de nos ancêtres.

Je crois avoir remarqué une inexactitude dans l’arbre généalogique LASSALLE, Marguerite épouse Marcel PAISANT (deux fils: Jacques, décédé, et Michel), n’était pas la fille de Lucien LASSALLE, mais probablement sa cousine germaine.

Je joins aussi à ma lettre l’arbre généalogique de la branche Jean LASSALLE, qui ne figurait pas au N » 1, par manque de renseignements sans doute. – voir le site de la famille sur My Heritage

Quelques précisions sur les représentants de cette branche. Geneviève LASSALLE et la famille SABBAGH vivent à Cannes.

La famille KEEFE (Peter est américain) vit aux environs de Washington D.C.

La famille CHENU réside à Versailles et était présente au complet à la réunion du 8 chez Claude et Monique.

La famille DEMNARD vit à TOULOUSE.

Faisant appel à mes souvenirs d’enfance, je vous raconterai que j’ai passé toutes mes grandes vacances successives, dont je garde un souvenir inoubliable, à Hardelot et à Vignacourt, avec votre père et Claude. Nous formions la bande des « grands », opposés aux « petits »: Marc, Bernard, Catherine (Spalter) seule fille, la pauvre, et Didier. Les Weulersse n’existaient pas encore. De temps en temps se joignait à nous Dominique (Lantz-Delmas), petite fille de Lucie (Landry) et qui nous a hélas quittés. Mais c’était une « grande » grande, qui nous intimidait un peu et ne s’intéressait guère qu’à Claude… à qui sa situation d’ainé conférait d’autres privilèges! Les « adultes” lui avaient confié la clef de la cave, et c’est lui qui approvisionnait leur table en vins… et, je dois le lui reconnaître, parfois nous aussi, certains soirs venus… mais pas assez souvent au goût de votre père ni au mien, car votre oncle avait des principes! Quant à nous deux, notre mission de confiance consistait d’aller à bicyclette porter les lettres à la poste (et Dieu sait qu’on écrivait souvent à cette époque), distante de plusieurs kilomètres par un mauvais raccourci où nous nous prenions pour les Duclos-Lassalle (non, pas de la famille…) ou les Bernard Hinault de maintenant. Mais il est temps que je m’arrête, me réservant éventuellement pour les numéros suivants.

Affectueusement à vous, et encore mon admiration et mes félicitations pour le travail que vous avez entrepris.