Aglaé MEURON une vie consacrée à la peinture

nous reprenons ici, en l’enrichissant sensiblement et en l’illustrant, un article déjà paru.

sommaire :
– article de sa nièce Lala
– article de Claude GIANSILY
– museographie
– bibliographie
– quelques œuvres
– famille MEURON

voici d’abord un article de sa nièce Lala (Létizia LANDRY)

Elle nait en 1826 à Calenzane (près de Calvi). Elle descend de Samuel MEURON, premier « suisse » à être venu s’établir en Corse en 1760, vite rejoint par son beau-frère David-Henri LANDRY. Elle était la tante d’Adolphe LANDRY;

Manifestant tôt une sérieuse vocation artistique, elle vient étudier la peinture à Paris, à l’école des Beaux Arts, à 20 ans.

Elle retourne à Ajaccio où elle vit de sa peinture – portraits et paysages – à l’huile puis à l’aquarelle.

Elle y jouit d’une renommée certaine et justifiée.

Très pieuse, elle fait régulièrement des pélerinages à Lourdes et à Lisieux.

Elle orne des églises : elle peint un retable d’autel dans l’église de Calenzane (près de Calvi). Au couvent de Vico, résidence d’été de l’évèque d’Ajaccio, elle décore sa chambre de motifs religieux.

Elle décore les murs de son appartement d’Ajaccio de vues de la baie, encadrées de statues en trompe l’œil.
Dans une petite pièce  contigue, qu’elle transforme en oratoire, elle reproduit la grotte de Lourdes.

Elle disparait en 1935.

voir (si vous la retrouvez !) la revue Calliste, n° 12, hiver 2005.


voici un article de Pierre-Claude GIANSILY
:

MEURON, Aglaé, Joséphine, née à Calenzana le 19 mars 1836, morte à Ajaccio le 30 mai 1925.
Elle est la fille d’Adolphe Meuron et de Lasthénie Bonacorsi. Elle est issue par son père d’une famille d’origine suisse installée en Corse depuis le xviie siècle (petite rectification : les Meuron et les Landry sont venus en Corse au XVIIIème siècle)  son grand-père était dans l’équipe d’architectes qui édifia les bâtiments de l’enceinte de la citadelle d’Ajaccio.
Elle passe son enfance et son adolescence à Ajaccio.

En 1856, à vingt ans, alors même qu’elle n’a pu suivre une formation officielle d’initiation au dessin et à la peinture, elle parvient à convaincre sa famille de sa vocation artistique. Ainsi, ses parents n’hésitent pas à lui payer des études qu’elle effectue à Paris, à l’École des Beaux-Arts où elle travaille dans l’atelier de Baudry.
Seule dans la capitale, Aglaé Meuron fait preuve d’une grande force de caractère et de beaucoup de rigueur dans son travail, franchissant avec succès les épreuves de ses longues années d’études.
Très pieuse, elle fréquente les églises à Paris; à Ajaccio, elle se rend tous les matins à la messe de 7 heures; plus tard, dans sa peinture, elle consacre une large part aux sujets et motifs religieux.

Aussitôt ses études terminées, au début des années 1860, elle rentre en Corse et c’est tout naturellement à Ajaccio qu’elle s’installe pour exercer son art.
Elle habite le quartier de la citadelle, dans l’immeuble du 8, rue des Fossés, actuellement le 18, boulevard Danielle-Casanova.
C’est une femme qui n’hésite pas à manifester, à sa manière, qu’elle est artiste-peintre : la plaque de cuivre de sa porte d’entrée a la forme d’une palette, les murs de son appartement-atelier situé au dernier étage, avec une vue très étendue sur l’ensemble du golfe d’Ajaccio, sont entièrement décorés de motifs : paysages, personnages, sujets religieux traduisant son inspiration, ses recherches picturales et les représentations qui lui sont chères; la pièce « oratoire » de son appartement représente la grotte de Lourdes et toutes les portes sont décorées de motifs floraux.
Elle vit avec ses deux sœurs, Emma et Lasthénie qui épousera Timothée Landry, magistrat à Ajaccio, qui est également d’origine suisse. Aglaé Meuron est ainsi la tante d’Adolphe Landry (1874-1956), personnage célèbre à Ajaccio, député de la Corse et plusieurs fois ministre de la République pendant la période de l’entre-deux-guerres, qui a laissé une œuvre d’une grande richesse, tant sur le plan scientifique, dans les domaines de l’économie et de la démographie, que sur le plan législatif.

Aglaé Meuron est réputée pour ses portraits. Ce genre, même s’il est sérieusement concurrencé localement par la photographie à partir des années 1870, rencontre au cours de la deuxième moitié du XIXe siècle un grand succès en Corse. A Ajaccio, il existe en effet une clientèle importante car les familles aiment alors faire peindre des portraits des leurs. Aglaé Meuron réalise des portraits empreints d’une grande profondeur psychologique et on perçoit dans ses travaux à quel point elle a su traduire avec le pinceau et la matière les traits de caractère de ses modèles. Parmi les nombreux portraits réalisés, ceux de : Eugène Landry ; Adolphe Landry ; des sœurs Sampolo ; Rosine Guitera (1876) ; Mlle Marie Ambrosini, de Bastelica (1909); ainsi que des portraits en pied de Mlle Laurence Bosc, de celui du comte Pozzo di Borgo (famille Tyrel de Poix) ; elle a également réalisé, d’après diverses sources historiques, des portraits d’anciens évêques de la Corse pour l’évêché d’Ajaccio.

Aglaé Meuron est aussi un peintre paysagiste de grand talent avec une approche originale de ce genre. Elle a laissé de très nombreuses vues de Corse, la plupart à l’aquarelle, réalisées dans les années 1870 à 1890 (à une époque où les voyages à travers la Corse demandaient une logistique particulière et où la valeur commerciale des paysages à l’aquarelle était réduite) avec une grande maîtrise technique et un réalisme qui leur donne une valeur ethnographique certaine. Elles représentent Ajaccio, Bavella, la région de Bastelica, Piana, Vico, Cargèse, Calenzana. L’intérêt d’Aglaé Meuron pour la religion lui permet d’aborder les nombreuses commandes qui lui sont faites avec une approche picturale imprégnée d une grande foi chrétienne. C’est pour cette raison que l’on trouve une grande sensibilité dans le traitement de ses personnages en dehors des conventions, donnant souvent à leurs visages une allure juvénile et béate. Elle a décoré, au couvent de Vico, la chambre de l’évêque de motifs païens et religieux dans l’esprit des « panoramiques » ; on y trouve ainsi une grande diversité de sujets : l’Égypte, des scènes de bord de mer, des montagnes enneigées. Dans l’église d’Ota se trouvent deux tableaux, réalisés en 1879, représentant des confréries de femmes à Ota en habits clairs et en habits noirs. Parmi d’autres œuvres recensées : une grande toile dans l’église de Nesa, près du couvent de Vico et le chemin de croix de l’église Saint-Michel  de Bastelica (1905), des tableaux dans les églises de Minerbio (commune de Baretalli), Cagnano, Pino… Elle a aussi réalisé des peintures ou des éléments de décoration de chapelles comme pour celle de la famille Augustin Borelli, à Ajaccio en 1870.

Aglaé Meuron est une femme indépendante et discrète qui n’a pas cherché la renommée et qui, par exemple, n’a pas fait d’envois aux Salons parisiens et n’a pas suivi les modes picturales très nombreuses à son époque à Paris et à l’étranger; elle n’a pas cherché à commercialiser sa production, travaillant quasi exclusivement sur commande. Elle fait partie de la génération d’artistes corses qui précède celle des peintres de l’école d’Ajaccio nés dans les années 1860 à 1880 et qui sont en activité dans les années 1900 à 1960 comme Corbellini, Capponi, Bassoul Canniccioni, Péri.
Aglaé Meuron a laissé des œuvres originales qui marquent bien la peinture de tran sition réalisée en Corse au cours du dernier quart du XIXe et au début du XXe siècle.

 

muséographie
Le Palais Fesch, musée des Beaux-arts d’Ajaccio conserve plusieurs de ses œuvres données en 1925 à la ville par le sénateur Landry : La Mort d’un paysan vendéen, Le Boulevard du Roi-Jérôme vers 1880 à Ajaccio, quelques feuilles de « Paysages corses » et le portrait de Marie-Françoise Marti (1888), dont de Delphine Marti (1954).
Le musée de la Corse à Corte conserve un ex-voto Actions de grâces, daté 1877.


bibliographie
Giansily, Pierre-Claude : Histoire de la, peinture en Corse aux XIXeème et XXème siècles et dictionnaire des peintres  – Colonna éditions – Ajaccio
Giansily, Pierre-Claude : Aglaé Meuron, une femme peintre en corse au XIXe siècle – Kallistè, la Corse plein sud, n°12, hiver 2005.
Giansily, Pierre-Claude et Perfettini, Philippe, Les Peintures corses, catalogue raisonné des collections du Palais Fesch, musée des Beaux-arts d’Ajaccio, décembre 2009, Silvana editoriale, Milan


voici quelques œuvres :

quelques portraits : 

 

 

 
 

 

quelques paysages :

 

 

 

quelques sujets relighieux :

 

 

 

Aglaé aborde aussi d’autres sujets :

 

 

 

 

voir aussi l’article sur la famille MEURON : cliquez ici