la villa MONTMORENCY

sommaire :
l’histoire
– les occupants 
– « ma » villa Montmorency – par Pierre DELMAS

 

l’histoire

Le lieu faisait partie de l’ancien parc des ducs de Montmorency, qui y avaient un pied-à-terre, sorte de rendez-vous de chasse.

L’ensemble a été acquis par la Compagnie du chemin de fer de Saint-Germain en 1852.
Cette Compagnie, fondée par les frères Pereire avec, entre autres, James de Rothschild, avait construit ce qu’on appelle aujourd’hui, pour ce qui nous intéresse, le « petit train », qui longe (ou longeait, pour certaines portions) les boulevards des Maréchaux : elle cherchait à le rentabiliser en créant des lotissements desservis.

Le lotissement de la villa Montmorency, dans le 16ème arrondissement, a été créé vers 1856 (la date est peu lisible sur l’acte dont nous disposons).
Le lot qui nous intéresse, au 4 (devenu 10) avenue du Square, a été loué par acte notarié à M. Adolphe LANDRY (donc : sans sa femme Lucie – c’était l’époque où l’épouse devait être « assistée et autorisée » par son mari dans tous les actes juridiques – ici, c’est plus simple : elle est absente) en 1913 – avec une promesse de vente jusqu’au 1er avril 1923. Il a été acquis par acte reçu par Maitre Grange, notaire à Paris, le 23 mars 1923.

Auparavant, Lucie et Adolphe LANDRY habitaient rue Soufflot – leur fils Paul était de santé dite fragile, et leur médecin leur avaient conseillé d’aller à la campagne : ils sont allés à Auteuil : villa Montmorency !

Un souvenir précis de leur fille Létizia (Lala – ici « GrandLala »), rapporté par sa petite-fille Marie-Claude LANTZ : elle y habitait pendant la guerre de 1914-1918 et elle y craignait les bombardements allemands.

Un détail : le rez-de-chaussée était composé (outre la cuisine et l’office) d’une salle à mager, d’un (grand) salon, et d’une pièce que nous appelions le petit salon et qui, sur les plans de construction, figure comme « boudoir ».

Il existait dans le jardin une rocaille surmontée d’un belvédère.

La maison s’est vue adjoindre un garage en 1926, et, vers la même époque, une véranda prolongeant la salle à manger, supportant un balcon devant la chambre au-dessus.

A la disparition d’Adolphe, en 1956 (après son épouse Lucie, en 1954), la villa a été dévolue à leurs deux filles : Paul était décédé en 1929.
Hélène est décédée en 1962 – elle avait établi, du vivant de ses parents, un testament faisant de l’Armée-du-Salut sa légataire universelle.
A son décès, sa sœur Lala a obtenu de cette œuvre de conserver ce qu’Hélène avait acquis par héritage après son testament – essentiellement : la villa Montmorency.

En 1969, Lala a eu le courage de vendre la Villa de son vivant, car la distribution des pièces, bien adaptée à un ménage bourgeois (rez-de-chaussée pour la réception, 1er étage pour l’habitation des maîtres, 2ème étage pour les domestiques, avec un escalier central unique) ne l’était pas pour une cohabitation de plusieurs ménages.
En outre, le règlement du lotissement, très restrictif (pas de construction à moins de 25 m de la rue, pas plus de deux étages, etc.), interdisait toute construction secondaire sur le terrain.
Ainsi, il n’était pas possible que la Villa (part majeure de son patrimoine) soit dévolue à ses trois enfants en respectant entre eux une égalité de traitement.

 

les occupants
– Lucie et Adolphe LANDRY depuis 1913 jusqu’à leur disparition;
– leurs trois enfants, depuis leur naissance : Hélène (1898), Létizia (Lala : 1900) et Paul (1901) – pour les deux filles : au plus jusqu’à leurs mariages – pour Paul, au plus jusqu’à sa disparition en 1929;
– Lala et ses trois enfants Dominique, Maxime et Philippe DELMAS, depuis le début de la procédure de son divorce (fin 1937) jusqu’à leur départ, quelques mois après, pour un appartement proche, au 13 rue des Perchamps (16ème arrondissement);
– Dominique (Doudou) et son époux Philippe LANTZ depuis leur mariage en février 1952 – au second étage  avec leur fille Marie-Clausde depuis son arrivée en 1953 et leur fils Olivier depuis son arrivée en 1955 – jusqu’à la vente en 1969;
– Lala depuis environ 1962 jusqu’à la vente;
– Philippe DELMAS avec son épouse Michèle et leurs trois enfants Véronique, Jean et Pierre, ainsi que leurs neveu et nièce Jacques et Pascale NAVARIN, sans compter le chien

(à la suite de son expulsion du 13 rue des Perchamps, car la propriétaire, avocate, n’avait pas toléré ce qu’elle estimait une sous-location) – depuis novembre 1965 jusqu’à leur départ pour le 33 rue Rennequin (17ème arrondissement) en décembre 1966.

cette villa était la propriété d’Adolphe LANDRY – dans la mesure où elle a été occupée en plusieurs occasions par des membres de la branche DELMAS, nous publions ici les souvenirs que nous avons pu en rassembler

 

En 1969, Lala a eu le courage de vendre la Villa de son vivant, car la distribution des pièces, bien adaptée à un ménage bourgeois (rez-de-chaussée pour la réception, 1er étage pour l’habitation des maîtres, 2ème étage pour les domestiques, avec un escalier central unique) ne l’était pas pour une cohabitation de plusieurs ménages. En outre, le règlement du lotissement, très restrictif (pas de construction à moins de 25 m de la rue, pas plus de deux étages, etc.), interdisait toute construction secondaire sur le terrain.

 

« ma » villa Montmorency – par Pierre DELMAS

Quel âge avais-je donc ?  9 ans ? 10 ans ? Dans mon souvenir la Villa Montmorency correspond à Mai 68, une agitation vécue de bien loin, au calme de cet endroit unique et magique pour l’enfant que j’étais alors. (note du rédacteur : ceci avait été écrit il y a déjà longtemps, l’article précédent vient contredire ce que je pensais, puisque nous avons quitté la Villa en décembre 1966 !! La mémoire nous joue parfois des tours …)

J’y ai donc passé environ un an, et ce fut merveilleux. Une très grande et belle maison, certainement agrandie et embellie par mes jeunes yeux, un grand jardin, et quelques souvenirs précis toujours présents dans ma mémoire cinquante ans après :
– ce grand piano dans le salon, sur lequel j’allais parfois frapper quelques notes, souvent en cachette,
– la chambre de Grand-Lala, bien entendu endroit interdit, qui donc attirait ma curiosité, et dont j’ai une fois ou deux poussé la porte lorsque je me savais seul – mais sans y entrer vraiment, juste jeter un regard …
– les vieux radiateurs en fonte, dont je m’amusais à dévisser la purge, par jeu, jusqu’au jour où un jet de liquide marron s’est comme jeté sur le mur adjacent, provoquant une vraie panique chez moi car il me fallait absolument effacer ces traces et je n’avais aucune idée de comment le faire
– les jeudis après-midi, lorsque je montais au deuxième étage, chez Doudou, regarder Zorro à la télévision avec Olivier et Marie-Claude 
– ce jour où nous (avec Véronique et Jean ? je ne sais plus) nous avons fait le lit de Jacques (Navarin), mon cousin – qui aura habité ponctuellement lui aussi à la Villa – en portefeuille, un soir où il était « sorti » …. Et mes yeux incrédules le lendemain matin quand, partant à l’école, je croisais dans l’avenue qui menait à la villa ce même Jacques qui, lui, rentrait seulement …  à 8 heures du matin ! On pouvait donc passer une nuit sans dormir, on pouvait donc faire la « fête » jusqu’à cette heure là ? J’appris le soir que, trouvant effectivement son lit en portefeuille et alors trop fatigué, et voulant dormir vite, Jacques avait tout simplement poussé ses pieds bien fort et troué son drap …                                                 
– la cave, qui me faisait si peur mais qui bien sûr m’attirait, avec ses deux ou trois pièces voûtées et sombres pleines de mystères
– cette cave où papa a retrouvé un jour une grenade d’exercice, « regardez les enfants ça va faire du bruit mais c’est tout », et voilà la grenade lancée sur la pelouse du jardin … et le bruit fut bien là mais aussi un bien grand trou dans la pelouse ! Consternation de papa, fureur à prévoir de Grand-Lala, et nous les enfants partant d’un grand éclat de rire …

Et lorsque nous avons quitté cette maison, une promesse d’enfant faite à moi-même : « quand je serai grand je rachèterai la Villa ». Promesse non tenue. Malheureusement.