Catherine LAMY-SPALTER

sommaire :
– L’ENSEIGNEMENT – « MY TAYLOR IS RICH »
– une anecdote – par Catherine 
– des souvenirs – par Catherine
– SAINT GERMAIN sur Vienne – par Catherine
– un hiver à Arcachon – par Catherine
– un cours de liguistique
– une disparition : Jacques Spalter
– sa disparition –
textes de son frère Didier, son cousin Philippe Chappey, Anthony

 

L’ENSEIGNEMENT – « MY TAYLOR IS RICH » – par Catherine SPALTER – extrait du Trait d’Union n° 3

Que dire de ce métier d’enseignant au sujet duquel Caroline m’a demandé d’écrire ces quelques lignes ?

Après avoir enseigné l’anglais pendant 31 ans, de 1962 à 1993, la retraite m’a paru merveilleuse et pourtant, il s’agit bien du métier le moins routinier qui soit.

En effet, au cours de ma carrière, je suis passée graduellement des lycées de filles aux lycées mixtes, du CARPENTIER-FIALIP aux coupures de presse, du tableau noir au magnétoscope en passant par les magnétophones à bandes et les enregistreurs à cassettes, de l’étude des BEATLES à celle de GUN ANS ROSES, des petites jeunes filles parisiennes aux modestes élèves du Jura pour terminer face à la population internationale de Ferney-Voltaire. Enfin et surtout, j’ai connu l’avant et l’après 68.

Si l’anglais reste ce qu’il était il y a trente ans, les méthodes pour l’enseigner ont continuellement changé et nos inspecteurs, avec la plus parfaite mauvaise foi, ont toujours banni ce qu’ils avaient vanté sans restriction quelques années auparavant. C’est ainsi qu’après les thèmes et les versions, toute traduction a été interdite au profit d’élucidations dans la seule langue de Shakespeare et d’exercices répétitifs visant à fixer les structures. Ce fut l’approche audio-orale, audio­visuelle, fonctionnelle, dont l’aboutissement a été la réforme complète de l’épreuve d’anglais au BAC.

Après trente ans de réadaptation continuelle, j’ai pu constater que l’on avait toujours la même proportion de bons, de moyens et de mauvais élèves ….

Maintenant, je passe des dimanches tranquilles et mes douze mois de vacances me paraissent beaucoup plus agréables que les trois mois que l’on me reprochait jadis !

Au cours d’une carrière d’enseignant, vos élèves auront toujours le même âge et resteront donc toujours des adolescents alors que vous vieillirez vous-même chaque année d’un an et deviendrez petit à petit, leur mère puis leur grand’mère. Alors, si vous aimez les « teenagers », n’hésitez pas !

 

une anecdote – de Catherine – extrait du Trait d’Union n° 11

Cette anecdote se passe à Paris en 1941 ou en 1942, époque où l’on n’allait pas en vacances à toute occasion ! Je me souviens particulièrement de ce congé scolaire où mes parents, pour occuper mes loisirs en cet automne un peu gris, m’avait fait franchir la Seine afin de me faire respire l’air pur du jardin du boulevard Flandrin. Mais bien sûr, plus que l’air pur, c’était vraiment la compagnie de mes deux cousins, Marc et Bamy, qui me réjouissait le plus. Car nous nous entendions bien nous qui étions nés tous les trois la même année.

Un jour, pour agrémenter cette semaine de vacances, mes cousins eurent l’idée de m’emmener assister à un match de rugby. Il ne leur était en effet pas venu à l’esprit qu’une petite fille de 11 ou 12 ans qui fréquentait un lycée de jeunes filles et dont les parents, en matière de sport, s’intéressaient plus au golf qu’au rugby, ne serait pas très initiée aux subtilités de ce sport. Dans mon inconscience et ma naïveté, je les accompagnais donc à ce stade dont j’ai oublié le nom. Hélas, 55 ans plus tard, je garde encore le souvenir horrifié de ce match auquel je ne comprenais rien et de ces étranges mêlées tout aussi mystérieuses.

Je ne sais si mes chers cousins se rendirent compte de mon ennui. L’expérience ne fut heureusement pas répétée et au cours des vacances qui suivirent je n’entendis plus parler ni de rugby ni de foot. Plus tard, à Saint- Germain sur Vienne, où nous nous retrouvions chaque année, nous découvrîmes les joies des baignades dans la Vienne au courant tumultueux, les promenades à bicyclette, les parties de bataille navale et le piano à 4 mains. Ce n’était finalement pas mal du tout d’avoir ces deux cousins !

 

des souvenirs – par Catherine – extrait des actualités de la branche  Thuillier 2019

Quelques photos souvenirs.
Ici avec ses cousins Marc et Bamy CHAPPEY :


Quelques années plus tard sur la plage d’Hardelot, sans doute en plein été comme le montre la tenue vestimentaire, où, comme le faisait très justement remarquer son cousin Claude CHAPPEY, «le lecteur appréciera le talent artistique hérité de sa mère et les prescriptions médicales conseillées par son père». Voyez le même Trait d’Union n°8 dans le volet « archives ».

Puis vient le temps de la rencontre avec Jacques :

Et, en 1957 :
Voici la photo illustrant son permis de conduire californien en 1961, à 31 ans :

Frédéric CHAPPEY, son neveu, a retrouvé un poème de Joseph CHAPPEY, oncle de Catherine :

En faisant des recherches, nous avons retrouvé un texte que Catherine avait rédigé en vue d’une publication dans le Trait d’Union. Nous ne l’avions pas fait à l’époque : il n’est pas trop tard ! On y reconnait son humour et sa formation !

 

des souvenirs de SAINT GERMAIN sur Vienne – par Catherine – extrait du Trait d’Union n° 2

En 1942, nos grands-parents, Berthe et Lucien LASSALLE, décidèrent de louer une propriété en Touraine pour les vacances de leurs petits-enfants. En effet, l’occupation allemande interdisait tout séjour au bord de la mer et Vignacourt, pillé et occupé, était inutilisable.

C’est ainsi que chaque été, pendant toute notre adolescence, mes cousins CHAPPEY et moi-même passâmes de merveilleuses vacances à Saint Germain sur Vienne.

Que faisions-nous dans ce château médiéval construit sans doute au XIXème siècle ?

Marc et moi jouions interminablement à la crapette, jeu de cartes qui nécessitait plus de vigilance que d’astuce mais qui permit à Marc, pendant des années, de répéter cette litanie peu flatteuse : « agissons avec tact et intelligence, ce qui n’est pas ton cas! ». Quand Marc ne me taquinait pas, moi qui était presque sa jumelle, il dévalisait la bibliothèque de notre voisine et propriétaire, Madame PORCHER. Il s’était en particulier pris de passion pour ZOLA, ce qui, à l’époque, n’était pas une lecture pour adolescent et ne manquait pas d’inquiéter les adultes qui, ne sachant trop que dire, ne disaient rien.

Nous jouions quelquefois au tennis sur un court en ciment craquelé avec des balles d’un autre âge. Nous jouions en double et pour créer un certain équilibre entre les deux camps, on me donnait Philippe comme partenaire. Notre équipe ne s’en sortait vraiment que grâce aux cris de Philippe qui, chaque fois que la balle se rapprochait de moi, disait : « laisse ! laisse! ». C’est ainsi que mes progrès en tennis ont toujours été très lents !

En 1944, après le débarquement, nous étions, une fois encore, à Saint Germain. Comme il fallait rattraper le temps perdu par ces vacances très prolongées, Philippe me dormait des cours de maths. En échange, on lui jouait au piano SWING MINOR ou NUAGES qu’il venait de découvrir.

Pendant cette période assez dangereuse où les Allemands encore parmi nous, sentaient pourtant leur fin prochaine, Maman (Tante Colette) essayait de canaliser sa bande d’adolescents dont elle avait seule la charge. C’est ainsi que, pour éviter le désordre des repas, les conversations futiles, les remarques cinglantes et inutiles, Maman décida qu’à chaque repas, l’un de nous ferait un exposé qui serait sagement écouté par ses commensaux. Je ne sais si nous étions très attentifs mais je ne garde aucun souvenir des sujets qui ont pu être abordés pendant cet été 44.

Mais le souvenir le plus cuisant de ma jeunesse a sans aucun doute été cette séparation topographique des sexes. Les garçons, Philippe, Marc, Bamy, Didier, beaucoup plus nombreux, s’étaient vu attribuer un immense dortoir d’où les échos de leurs rigolades quotidiennes me parvenaient au loin. Quant à moi, seule fille du groupe, on m’avait isolée dans une chambre sans âme que je partageais avec ma toute petite sœur, Florence. Un soir, alors que je regagnai cette chambre, tous les meubles avaient disparu ainsi que mon lit. Marc et Bamy, mes cousins favoris, mes contemporains, ne m’avaient laissé que la petite sœur qui hurlait dans ce désert….

 

un hiver à Arcachon souvenirs de Catherine LAMY-SPALTER → extrait du Trait d’Union n°7 – 1995

C’était l’été 1939. L’enfant insouciante que j’étais passait des vacances paisibles à Hardelot puis à Vignacourt avec ses chers cousins, Marc et Bamy.

Cependant, sentant venir une guerre imminente, mes parents faisaient déjà des projets pour nous éloigner de Paris à la rentrée. Grâce à l’aide de Monsieur Georges Weulersse, beau-père de Tante Madeleine, qui possédait une villa au Moulleau et qui se mit en quête d’une autre villa pour les Lamy, nous passâmes toute l’année 1939-40 au Pyla, près d’Arcachon. Les deux sœurs, Madeleine et Colette avaient en effet décidé de se rapprocher dans l’adversité. Elles n’étaient plus qu’à cinq minutes à bicyclette l’une de l’autre et purent ainsi se soutenir moralement pendant cette période.

Sol Y Luna, cette villa où nous nous installâmes dès la déclaration de guerre, était un petit bijou dont je me souviens encore avec émotion. Un jardin de mimosas à droite, un bois de pins à gauche, une fôret en face.

Au lieu de commencer ma 6è au lycée Victor Duruy et d’aller à pied en classe en suivant le morne boulevard des Invalides, je fus inscrite au lycée d’Arcachon où je me rendais à bicyclette. Ce lycée avait été installé, pour les besoins de la guerre dans une superbe villa de la ville d’hiver, lycée où deux entrées avaient été aménagées, l’une pour les garçons, l’autre pour les filles car cette mixité extrêmement rare pour l’époque devait être contrôlée avec vigilance.

Didier se rendait chaque jour dans une école primaire tout près de Sol Y Luna. Son institutrice, venue du nord, avait un accent picard qui contrastait étonnament avec celui des autochtones.

Jusqu’au 10 mai 1940, fin de la « drôle de guerre », nous eûmes une vie paisible. Miss Ena, notre gouvernante écossaise, promue chef de cuisine mais qui restait « nurse » pour s’occuper de Florence âgée de quelques mois à peine, nous emmenait cueillir des champignons ou ramasser les copeaux qui provenaient des saignées faites dans les troncs des pins pour en recueillir la résine. Cette affaire de champignons ne plaisait guère à mon père pour des raisons à la fois gustatives et médicales. Au cours d’une de ses permissions, pour le tranquilliser, je lui dis qu’il n’y avait pas lieu de s’inquiéter puisque tout était soigneusement vérifié dans le dictionnaire !

Nous allions souvent à la villa Moune. Nos cousins Weulersse, qui n’étaient que deux à l’époque, étaient très jeunes : quelques mois pour Michel, une année de plus pour Odile.

Il n’était donc pas question de jouer avec eux mais nous étions convoqués pour les distraire pendant les repas car ils avaient peu d’appétit. Curieuse méthode dont j’ignore encore si elle fut efficace !

Georges Weulersse, « Papa Jo » pour ses petits-enfants était prof d’Histoire-Géo à ce fameux lycée d’Arcachon. Il avait repris du service pour remplacer ses collègues mobilisés et faisait 4 fois par jour le trajet entre Moune et le lycée. Cela faisait mon admiration mais certainement pas mon envie. En fait, ma plus grande inquiétude était de l’avoir comme professeur. J’avais peur que, m’ayant comme élève, il ne découvrit mon inintérêt pour l’histoire et la géographie et qu’il ne le révelât à ma famille. Mes craintes furent heureusement vite dissipées. J’eus un autre professeur dont je ne garde aucun souvenir !

Puis la « drôle de guerre » prit fin. La panique s’installa. L’exode commença. Nos cousins Lamy qui s’étaient installés à Cabourg, en Normandie, débarquèrent un beau jour avec automobiles, remorques, matelas et même leurs vêtements du dimanche. Outre mon oncle et ma tante et leurs trois enfants, il y avait deux domestiques. Il fallut caser tout ce monde là dans notre petite demeure. Ma mère le fit avec son sens de l’hospitalité bien connu. Pour nous, ce fut encore la belle vie avec ces cousins tombés du ciel de Normandie qui avaient juste notre âge. Deuxième bienfait, le lycée ne fonctionnait plus qu’à mi-temps.

Cette période d’exode nous amena également Jean-Pierre Lassalle qui vint s’installer à Moune à la demande de son père. Jean-Pierre avait peut-être quatorze ou quinze ans. Il était en seconde et on le scolarisa dans le même lycée que moi. Je me souviens toujours de ces quelques cahiers qu’il tenait avec désinvolture sous le bras et le prestige de cet ainé très indépendant qui, en plus, subissait la redoutable épreuve d’avoir « Papa Jo » comme professeur.

Puis ce fut Bamy qui se trouva un jour propulsé dans un home d’enfants à Arcachon. On lui avait appris à fabriquer des pipeaux de différentes tailles, des graves et des aigus. Lorsque nous allions lui rendre visite, il nous jouait des airs à notre grand étonnement et notre non moins grande admiration.

Nous étions donc en mai, ou en juin. Tout commençai à tourner au vinaigre. Les Allemands s’approchaient et, une nuit, Miss Ena dut partir précipitamment car ses compatriotes qui avaient recensé tous les britanniques restés en France, l’embarquèrent immédiatement pour l’Angleterre. Nous n’eûmes plus de ses nouvelles pendant cinq ans.

Petit à petit, les mobilisés revinrent et puisque c’était l’été, ils restèrent au Moulleau. Un jour, tante Madeleine eut l’idée de faire un pique-nique dans les Landes avec mes parents et un de ses beaux-frères. Il s’agissait de partir à bicyclette dans la forêt, d’y dîner et de rentrer avant la nuit. Hélas, cette famille de géographes avait oublié la boussole et nos quatre pique-niqueurs se perdirent. Il se mit à pleuvoir. Ce ne fut que le lendemain à midi que je retrouvai enfin mes parents que je croyais disparus à tout jamais me laissant la charge de ce petit bébé d’un an que je gardais sur mes genoux dans une attente angoissée. Je suis souvent retournée au Moulleau depuis cette année 39/40 grâce à la gentillesse de tante Mad qui m’y a souvent invitée et à Laurette qui m’a même accompagnée jusqu’à mon lycée 50 ans plus tard ! Mais ce ne fut jamais pareil.

 

un cours de liguistique –  source : PARLER SUISSE, PARLER FRANÇAIS de Georges Arès, Editions de l’Aire à Vevey (1994) – extrait du Trait d’Union n° 8

Vous connaissez sans doute tous la Suisse pour y avoir skié et admiré ses paysages splendides. Notre cousin Claude est même né à Genève. Mais connaissez-vous bien la langue parlée dans le pays romand ? Dans les cantons de Genève, Vaud, Neuchâtel, Fribourg et dans le Bas Valais ? Le texte qui suit vous permettra de vérifier vos connaissances.                  Catherine Spalter

    LA JOURNEE D’UNE « PUTZ-FRAU »

« Inutile de prendre ton manteau de pluie mon garçon. Ce n’est qu’une care qui ne va pas durer. Mais comme il fait bien cru ce matin, n’oublie pas ta camisole. Il ne faudrait pas attraper le rhume et avoir mal au cou ».

Chaque jour, quand mon fils part pour le gymnase, je fais les courses : des atriaux, du rampon, de la laitue, des dents de lion au printemps, des raisinets en été, des chanterelles en automne et, souvent, des bricelets.

Faire ses courses en Suisse, ça coûte le lard du chat même s’il y a des actions. Aussi, bien des genevois disent qu’ils ont meilleur temps d’aller sur la France pour faire leurs achats chez les Frouzes.

Quand je rentre des courses, je sais qu’il faudra que tout soit propre en ordre pour le retour de la famille au dîner. Il faut ranger tout ce cheni, relaver et chader. Alors, vite, la panosse, le balai de coton et la ramassoire. Lavons les catelles de la chambre de bains pour qu’elle soit tip-top et changeons les linges. Et à la fin de l’hiver, n’oublions pas de réduire les skis.

Pour le dîner, à midi, il faudra faire cuire de Veau et jeter loin les épluchures. C’est que ces maris suisses, ils vous attendent au contour : tout doit être propre en ordre pour leur retour.

C’est dur de cuire à journée faite et j’ai bien envie d’aller prendre un ristretto au bar à café. Mais en voyant qu’il ne roille plus et qu’il fait grand beau, je suis déçue en bien. J’aurais meilleur temps, c’est sûr, de prendre mon rucksack et mon alpenstock et d’aller promener dans la montagne. Comme que comme, je serai de retour pour le souper.

Allez ! Santé ! Et tout de bon !

                          GLOSSAIRE

putz-frau : femme de ménage mais, par extension ménagère : femme d’intérieur. De l’allemand « putzen » : épousseter.manteau de pluie : imperméable (calque de l’allemand « Regenmantel »).       ‘une care : une averse, une ondée.
cru : en Suisse romande l’épithète est appliquée au temps, à l’air, à la température. Se traduit par « frisquet ». Mot qui s’emploie en Alsace et même en Normandie dans cette acception.
camisole : maillot de corps, attraper le rhume : avoir un rhume avoir mal au cou : avoir mal à la gorge gymnase : lycée
atriaux : paupiettes /rampon : salade de mâche / laitue : salade romaine
dents de lion : pissenlit /raisinets : groseilles /chanterelles : girolles bricelets : sorte de gauffrette
coûter le lard du chat : coûter les yeux de la têtte, coûter la peau des fesses
action : vente promotionnelle
avoir meilleur temps de : j’ai meilleur temps de =je ferais mieux de
les Frouzes : les Français
le dîner : le déjeuner
le souper : le dîner
le cheni : le désordre/ faire du cheni : faire du désordre relaver : laver la vaisselle (il ne s’agit pas de la laver une 2ème fois !) chader : se dépêcher
la panosse : la serpillère/balai de coton : o’cedar/ la ramassoire : la pelle à poussière
catelles : carreaux de faïence        /chambre de bains :
salle de bains / le linge : la serviette
tip-top : anglicisme très répandu en Suisse romande = au poil
réduire : ranger
cuire de l’eau : faire bouillir de l’eau
cuire : ma femme cuit admirableemnt = ma femme cuisine admirablement.
attendre quelqu’un au contour : attendre quelqu’un au tournant.
à journée faite : à longueur de journée
un ristretto : un café serré roiller : pleuvoir à verse
il fait grand beau : il fait très beau, il fait un temps superbe.
être déçu en bien : être agréablement surpris aller promener : aller se promener comme que comme : de toute façon, quoiqu’il arrive (expression calquée sur l’allemand « sowieso »). santé ! = à votre santé !
tout de bon ! : bonne chance !
A la question « comment vas-tu, comment allez-vous ? la réponse est souvent : « tout de bon « .

 

 

 

une disparition : Jacques Spalter, mari de Catherine Lamy (fille de Colette Lassalle et de Maurice Lamy), est décédé le 1er avril 2014 – extait des actualités de la branche LASSALLE

J’ai rencontré Jacques SPALTER en 1956 à la Commission Fulbright. Cet organisme distribuait des bourses de voyage aux étudiants étrangers.

Après notre mariage en 1957, nous nous sommes rendus en Californie et plus précisément à Stanford University où Jacques avait son contrat d’assistantship et où il a obtenu un PhD en « electrical engineering ».

Nous sommes restés cinq ans dans le petite ville de Palo Alto, où notre fille Dominique est née. Puis ce fut le retour à Paris où nous sommes restés six ans et avons donné naissance à notre fils Frédéric.

Une offre d’emploi au Cern ayant paru dans le Monde, Jacques y postula immédiatement et reçut une réponse favorable.

C’est ainsi que nous avons décidé de nous installer à Genève.

Jacques a travaillé au Cern de 1968 à 1994; puis ce fut une retraite paisible, faite de marches à pied, jusqu’à son décès le 1er avril 2014.

Catherine

 

sa disparition – extrait des actualités de la branche Thuillier 2019

Le 28 décembre, l’année 2018 s’est terminée avec la disparition de Catherine.

Voici les textes qui ont été lus à l’occasion de la cérémonie d’adieu.

Texte de son frère Didier : 
Pour toi Cath.
La vie nous a séparés.
La vieillesse nous rattrape mais les souvenirs d’enfance sont toujours présents.
Souviens toi comme miss Ena nous a dorlotés, élevés, aimés. Et surtout les vacances à Hardelot et à Vignacourt, toi seule fille au milieu d’une horde de cousins turbulents et endiablés.
Puis ce furent les baignades dans la Vienne lors de nos longs séjours à St Germain.
Malgré ton caractère bien trempé, j’admirais cette grande sœur plus âgée de trois ans, plus affirmée, plus décidée que moi.
L’exode au Moulleau, le lycée d’Arcachon où tu te rendais à travers bois guidée par Papa Jo.
Tout cela est bien loin mais toujours présent dans nos cœurs.
A toi Cath, de la part de Dodz.

texte de son cousin Philippe CHAPPEY,
Chers amis,
Au moment où nous disons un dernier Au Revoir à notre chère Catherine, je vous demande la permission d’évoquer encore une fois sa mémoire en traitant de quelques jalons de jeunesse de sa riche vie.
Les seules fois où nous vécurent sous le même toit furent des périodes de vacances. Ce sont souvent celles-ci qui sont l’occasion de souvenirs marquants. Tout tient au fait que les sœurs Lassalle étaient unies et que Tante Colette, sa mère, était assez généreuse pour recevoir les garçons de sa sœur Germaine et vice-versa.
Ce sont les vacances d’été, avant la guerre, à Hardelot dans la villa Les Beaux Jours, avec Catherine sur la plage se baignant avec son frère Didier et les fils CHAPPEY. Comment oublier sa miss Ena, écossaise blonde, amie de la Miss des filles LACROIX, anglaise à la peau claire et aux cheveux auburn. Il y avait là une bande d’enfants joyeux.
Ces vacances se poursuivaient à Vignacourt avec le même déjeuner en commun dans la salle à manger des enfants piaillant ensemble malgré les Miss et Teta. Catherine était une peu seule, seule fille de son âge, mais il y avait les balades à vélo. Elle était la chérie de Granny, notre arrière grand-mère.
Puis ce furent les vacances à Saint Germain sur Vienne, pendant la guerre. Nos distractions étaient les bains dans la Vienne, les parties de tennis, la préparation des exposés à faire à tour de rôle au moment du déjeuner. Je me souviens que l’année du débarquement je fus chargé de lui donner des répétitions de maths, en échange elle me jouait au piano Nuages et Minor Swing de Django Reinhart.
Après la guerre il y eut encore pour moi des séjours prolongés dans la maison de Triel pendant les vacances scolaires. J’ai déjà raconté dans le Trait d’Union les agréments de ces séjours.
Puis Catherine organisa quelques soirées dansantes rue de Varenne où l’on rencontrait des filles et fils de Professeurs de médecine fort sympathiques. Catherine et moi organisâmes une grande soirée dansante boulevard Flandrin.
C’est alors que Catherine rencontra l’homme de sa vie et qu’après s’être mariés, ils partirent aux Amériques. C’est une autre histoire qui commence sur laquelle je n’ai aucun souvenir.
Après leur retour en Europe, j’admirais de loin la personne cultivée et respectais infiniment le Professeur qu’elle était devenue.
Ces dernières années, nous correspondions régulièrement sur deux sujets principaux : l’ordre du jour de l’assemblée générale annuelle du 4 rue Théodore de Banville et la facture d’entretien de la sépulture LASSALLE au Père Lachaise et cela en toute confiance et affection mutuelle perpétuant l’ambiance familiale et unie dans laquelle nous avions vécu notre jeunesse.
Je sais que sa vie fut riche et dense. Mais je n’en connais que les grandes lignes. D’autres seraient plus compétents pour en parler.
Mais je suis certain que tous ceux qui l’ont approché en ont le souvenir d’un être intelligent, compréhensif et chaleureux et n’auront pas oublié sa façon de rire, si personnelle, s’ils ont eu l’occasion de l’entendre.
Et c’est ma conclusion, émue.

Anthony
En guise de conclusion une photo, très émouvante, une des dernières de Catherine.
Elle y est avec Anthony, jeune homme suisse qui effectuait son service national obligatoire, non dans l’armée car il avait eu un problème de genou, mais à sa demande, dans une maison de retraite, celle où se trouvait Catherine.

« Il n’y a pas de hasard, il n’y a que des rendez-vous » disait Paul ELUARD.  Ce fut une rencontre incroyable, vous lirez la lettre de ce jeune civiliste qui était tellement ému. Deux très belles âmes : jugez vous-mêmes.

Chère Madame SPALTER,
Votre départ m’a laissé sans voix. Je n’arrive toujours pas à y croire. Mais je sais que là où vous êtes, vous serez en paix. Je n’ai pas les mots pour décrire notre amitié mais je sais qu’elle était forte et sincère.
Vous faire sourire était la plus belle chose qui soit et ma plus grande satisfaction.
Vous étiez ma source de motivation, ma conseillère, et grâce à vous, aujourd’hui je sais ce que je veux dans ma vie.
Ensemble nous étions deux petits jeunes qui se racontaient tout, comme des meilleurs amis, c’est là que j’ai compris que l’amitié n’avait pas d’âge.
Vous accompagner a été la plus belle chose qui me soit arrivée et je sais que même si je ne pourrai plus être à vos côtés, les anges sauront prendre bien soin de vous, j’en suis sûr. Des anges comme votre mari.
Je sais que de là-haut vous continuerez à veiller sur moi mais surtout sur votre merveilleuse famille qui vous aime tant.
Vous êtes la plus belle rencontre que j’ai faite dans ma vie et vous resterez toujours dans le cœur de chacun d’entre nous. Vous allez nous manquer Catherine. Bon voyage Madame Spalter.
Anthony.