l’enseignement

sommaire :
– introduction
– le problème de l’enseignement
– cheminements
– architecte
– directrice d’études 
– des évocations de membres de la famille

– des témoignages d’enseignants
– des réactions d’étudiants
 – un lycée de jeunes filles à la fin du siècle dernier : le lycée LAMARTINE
– l’enseignement secondaire des jeunes filles – l’histoire du lycée  LAMARTINE
– l’histoire du lycée MOLIÈRE
– cours de liguistique helvétique
– de l’inexportabilité de certains métiers et de la raison pour laquelle les chonois parlennt français avec l’accent des Alpes Maritimes
– stage de formation pour des enseignants mongols de Français
 – 
le « français langue étrangère » (FLE)
– « être et avoir » : l’école française de Panama « PAUL GAUGUIN »
– une mission à Riga
– l’équivalence des diplomes universitaires supérieurs
– le rôle que doit tenir la télévision dans l’éducation des enfants

 

 introduction – par Caroline Chappey-Ribadeau Dumas – extrait du Trait d’Union n° 3

Après avoir ouvert les colonnes du précédent numéro aux médecins de la famille qui souhaitaient s’exprimer dans ce domaine, nous abordons dans ce numéro un nouveau thème : l’enseignement.

Ce numéro a été composé comme une rhapsodie. C’est, en effet , de manière assez libre que les articles s’articulent. Ceci me donne l’occasion de vous raconter comment est réalisé ce bulletin familial.

Aidée de Tante Colette, Papa, et Eric, j’arrête, côté cour, la trame du prochain numéro et, côté jardin, avec les mêmes, commence la prospection : quelle tante ou quel oncle, quelle cousine ou quel cousin, quelle nièce ou quel neveu, quelle belle-sœur ou quel frère sera sollicité(e) pour, avec les réflexions que lui inspirent son expérience ou sa connaissance du sujet choisi, écrire un article.

Le travail de prospection, de collection, de rappels, de composition, de frappe des articles que nécessite le bulletin s’étale sur environ trois mois.

Puisque l’on en est aux confidences, il me faut également vous faire un aveu, j’aurais beaucoup aimé, entre autres, savoir écrire, mais je réalise et apprends à mes dépens qu’une prolifération d’idées ne s’accompagne pas toujours d’une facilité d’écriture. C’est pourquoi l’aide de Tante Colette, de Papa et d’Eric me sont si précieuses.

Puisqu’il est difficile d’entreprendre quelque chose sans être amené à en aborder la partie financière, je remercie ceux qui ont envoyé une contribution et, à toutes fins utiles, un budget est présenté en dernière page.

L’éditorial n’étant, comme chacun le sait, généralement lu que par son auteur ou presque, je conclue ici mon propos non sans avoir remercié Apolline Baudry de son concours pour la partie thématique, merci également à Thomas Kœnig et aux autres.

Bien à vous,

 

LE PROBLEME – extrait du Trait d’Union n° 1

La réforme de l’enseignement est loin de faire l’unanimité. Un groupe d’enseignants de très haut niveau s’est penché sur une question qui préoccupe la majorité des futurs instituteurs : l’évolution d’un problème mathématique. Cette comparaison vous aidera à vous y retrouver.

ENSEIGNEMENT 1960

Un paysan vend un sac de pommes de terre pour 100 F. Les frais de production s’élèvent au 4/5 du prix de vente. Quel est son bénéfice ?

ENSEIGNEMENT TRADITIONNEL 1970

Un paysan vend un sac de pommes de terre pour 100 F. Les frais de production s’élèvent au 4/5 du prix de vente, c’est à dire 80 F. Quel est son bénéfice ?

ENSEIGNEMENT MODERNE 1970

Un paysan échange un ensemble P de pommes de terre contre un ensemble M de pièces de monnaie. Le cardinal de l’ensemble M est égal à 100 et chaque élément PFM vaut 1 F. Dessine 100 gros points représentant les éléments de l’ensemble M. L’ensemble F des frais de production comprend 20 gros points de moins que l’ensemble M. Représente l’ensemble F comme sous-ensemble de l’ensemble M et donne la réponse à la question suivante :

Quel est le cardinal de l’ensemble B des bénéfices ? (à dessiner en rouge).

ENSEIGNEMENT RENOVE 1980

Un agriculteur vend un sac de pommes de terre pour 100 F. Les frais de production s’élèvent à 80 F et le bénéfice est de 20 F. Devoir : souligne les mots « pommes de terre » et discute-en avec ton voisin.

ENSEIGNEMENT REFORME 1980

Un peizan kapitalist privilégié sanrichi injustement de 20 F sur un sac de patat, analiz le tekst et recherche les fote de contenu, de gramere, d’orthographe, de pontuasion et ensuite di se que tu pense de set maniaire de s’enrichir.

ENSEIGNEMENT ASSISTE PAR ORDINATEUR 1990

Un producteur de l’espace agricole câblé consulte en conversationnel une data bank qui display le day-rate de la patate. H loade son progiciel de computation fiable et détermine le cash-flow sur écran bit-map (sous MS/DOS avec config floppy & disk dur 4 MO).

Dessine avec ta souris le contour intégré 3 D du sac de pommes de terre puis logue-toi au network par le 36.15 code BP (Blue Potatoe) et suis les indications du menu.

ENSEIGNEMENT 2000

Qu’est-ce qu’un paysan ?

 

CHEMINEMENTS

Une nouvelle rubrique trouve sa place ici. Destinée à permettre aux uns et aux autres de présenter leurs travaux, sujets d’intérêts ou profession, elle vous est ouverte.

Dans ce numéro, Jean BAUBION & Pascale CHAPPEY vous présentent leurs professions:

Jean BAUBION, jeune et déjà brillant architecte diplômé de l’Ecole Spéciale a vu son projet de diplôme publié dans des revues professionnelles. C’est dire ! Il a travaillé dans l’agence de Françis SOLER, lauréat du Centre International de Conférences qui devait être construit Quai Branly mais dont le projet a été abandonné.

Il a créé une agence en compagnie de deux autres architectes et ont déjà réussi à s’imposer dans le milieu bien fermé des muséographes.

Je lui ai demandé de me faire part de ses réactions tant sur le concours des balises urbaines évoqué dans le précédent numéro que sur l’exposition sur la Ville tenue récemment à Beaubourg et à laquelle, excepté l’excellent article de Frédéric CHAPPEY dans le catalogue, je n’ai rien compris. Je pensais, naïvement, qu’exposition signifiait présentation (claire si possible) avec une intention didactique. Une critique de cette exposition paraîtra dans le prochain bulletin.

Il a convenu que cette exposition était très confuse et inaccessible même pour des architectes et nous adresse la lettre suivante, publiée ci-contre.

Pascale CHAPPEY, également jeune et brillante directrice d’études, nous expliquera les multiples facettes que recouvre sa profession.

L’on y constate que plus rien ne se fait sans avoir été testé, analysé.

Dans quelle mesure le futur consommateur testé, influence-t-il le produit ? Celui-ci ne préexiste-t-il pas lorsqu’on procède aux études de marché ?

ARCHITECTE – par Jean BAUBION – mai 1994

La lettre, manuscrite, est arrivée un matin au milieu d’une foule de lettres très personnelles elles aussi, mais de la part des URSSAF, Trésor Public, Allocation Jeunesse etc. Super ! Caroline me conviait donc à une manifestation au cœur de l’élite architecturale française Ouverture des plis :
« .. Peux-tu me faire un papier sur le sujet (NDL’A : l’exposition « la Ville » à Beaubourg) ainsi qu’une présentation de ton activité … « (sic).
Coup de poignard, toi aussi ma cousine !
Place au professionnel, je t’embrasse…. Caroline ».

Présenter mon activité : mais elle n’y pense pas et pourquoi pas raconter ma vie ..
Montagne, souris.

Présenter mon activité : serait, peut-être et d’abord, cette « esquisse » de dialogue qui met en évidence notre difficulté à communiquer.

  • Et vous, que faites-vous ? me demande une dame d’un certain âge.
  • Je fais de l’architecture … ou plutôt, je suis architecte.
  • Architecte ! Quel beau métier ! mon petit-fils y passait des nuits de charrettes entières, faisait des concours pour tous les perdre et a finalement terminé à un poste de fonctionnaire au cadastre à la D.D.E. de la Creuse.

Il est très heureux, mais au fait, dans quelle branche êtes- vous ? L’intérieur, les maisons ?

L’ennemi se dévoile : il veut me cataloguer, m’encercler et me cantonner dans un secteur précis.

  • Non ! Architecte tout court ! Architecte de tout : … oui, je sais tout faire…

Rehaussement de menton …

  • Ah bon… soupire la dame légèrement dépitée …

Alors je me mets à charger. Je fonce. J’assène les coups comme pour tenter de briser définitivement ce cercle réducteur.

  • On me confierait un hôpital, un aéroport, une centrale nucléaire, et bien, je saurais faire !

L’adversaire est désemparé, un genou à terre, puis se ressaisit.

  • Mais c’est compliqué. Vous ne pouvez pas prétendre tout savoir faire … Il faut bien vous spécialiser.

La contre-attaque a frappé juste, je suis las ….En tout cas, la pyramide du Louvre s’intègre parfaitement dans ce cadre prestigieux !

  • Euh, oui, mais …
  • Et la Grande Arche, je trouve que c’est un très beau symbole pour terminer cet axe.
  • C’est à dire que justement, l’axe ne doit pas être terminé…
  • En tous cas, les colonnes de Buren convenaient plus à la Défense qu’au Palais Royal
  • C’est encore autre chose, sauriez-vous que …
  • Et puis cette Grande Bibliothèque : mettre les livres en plein soleil et cela coûte des milliards…

Non, Caroline ! L’architecture n’est pas une discipline élitiste : elle est tout le contraire. Elle est comme le football : se pratique le dimanche et se commente le reste de la semaine.

Présenter mon activité : … serait peut-être aussi citer le peintre Maurice de VLAMYNCK :

« Faire la chose qu’on aime, forger le fer, raboter le bois, labourer la terre, faire les choses qui vous intéressent avec plaisir et gagner sa vie de cette façon, ce n’est pas travailler, c’est simplement vivre

Travailler c’est attendre avec ennui et lassitude la fin de la journée, c’est voir mourir les heures sans regret et attendre la paye ».

Mon activité, et bien, Caroline, c’est un travail avec sa foule de gens qui n’en ont pas et ceux qui en ont trop, avec des gens médiocres ou talentueux, riches ou pauvres, avec autant de rêveurs et d’affairistes que partout ailleurs.

Présenter mon activité : … se serait t’affirmer que se spécialiser … c’est mourir, alors qu’il faut se faire plaisir !

J’ai en effet autant de plaisir à faire admettre un ascenseur à des copropriétaires hargneux qu’à concourir pour une école d’ingénieurs prestigieuse… autant de plaisir à disposer un casque de dragons du 19ème pour une exposition modeste qu’à démarcher pour construire des raffineries en Pologne … autant de plaisir à fréquenter de petits entrepreneurs dans la boue ou le plâtre d’un chantier qu’à être reçu par un député dans son bureau.

Présenter mon activité : ce serait aussi te présenter une foule d’autres activités : démarcher, convaincre, montrer, négocier, dessiner, diriger, coordonner et finalement construire : [‘Architecture n’est pas une discipline en soi (elle a pu l’être) mais plutôt une somme de disciplines souvent contradictoires.

L’Architecture, c’est aussi un imaginaire resté lettre morte, une montagne de rêves non réalisés, des frustrations et des déceptions difficiles à partager.

Présenter mon activité : … serait enfin, t’évoquer une multitude de contraintes telles que le seul fait de construire constitue en soi un exploit avant à nouveau de se (re)mettre en cause devant une feuille blanche.

Cette activité … J’adore en parler. Merci, ma chère Caroline, de m’avoir donné, ici, l’occasion de le faire … mais sur une feuille blanche !

 

 DIRECTRICE D’ETUDES – par Pascale Chappey

Déjà très jeune, boulevard Flandrin, j’aimais à jouer à la marchande, à faire des « études de marché local » ; les feuilles des troènes martyrisés, les graviers disséminés des allées, les touffes de pissenlit et l’assiette de Bambi, le gros chat de gouttière de Jeanne et Henri Verlhac, servaient à Laure (Weulersse – Garnier), Hélène (Chappey – Raulet) et moi des heures durant.

Nous n’avions aucunement besoin de ces jeux Fischer-Price à “notre époque » ! Au grand plaisir du porte-monnaie des parents, grands-parents et collatéraux.

Quelques années plus tard, éduquée par (d’abord mes parents, bien sûr, que je salue ici) maints « gourous » du genre Bernard Cathelat, Sid Barnes, Piaget, Freud, Hubert Jaoui (mon patron actuel), et tant d’autres, et par de multiples organismes officiels et para-officiels : 1’1.S.M. (Institut Supérieur du Marketing), l’ADETEM (Association Nationale du Marketing) et bien d’autres, me voici, en 1994, nantie du titre pompeux (voulez-vous que je vous envoie ma carte de visite ?) de Directrice d’Etudes ! En quoi cela consiste-t-il me demande la foule haletante des lecteurs passionnés de TRAIT D’UNION ! Je ne sais de combien de mots-lignes- colonnes-pages, ma cousine Caroline, que je salue ici pour son dynamisme et sa constante énergie à rappeler sur leur répondeur les pigistes négligents …

– me gratifiera.

Je disais donc que je ne sais si ce métier de « directeur d’Etudes » tiendra tout entier ici, c’est pourquoi je mets à la disposition des foules d’étudiants en manque d’info mon numéro de téléphone pour en discuter plus longuement.

« Nous partîmes 500 et, par un prompt renfort………….. “

Hélas pour moi, ce ne fut pas le cas.

Je partis seule dans l’aventure de la réorientation professionnelle dans les années 80 (1980 I).

Stimulée, soutenue par des ami(e)s de l’univers du Marketing, je fis mes premières armes comme documentaliste pour la Sopad-Nestlé France, cela donna naissance à un ouvrage qui fait, bien entendu, encore référence en la matière, (cf. ISBN 1981), dont le titre évocateur est « Le Café ». Cet écrit en 3 tomes me servit d’examen de passage dans la classe des « chargé(e)s d’Etudes de Marché ».

J’appris là, à mettre en pratique les notions de psychologie, sociologie, pédagogie, … acquises précédemment (cf. mes métiers précédents), avec un éclairage Marketing. J’adorai, me passionnai, étudiai….

Il s’agissait de rencontrer des personnes choisies selon des critères discriminants tels que : lisant Le Figaro/Le Monde/ …, mangeant Bolino/Uncle Ben’s/…, parents de 3/5/10/… enfants, de faire émerger leurs perceptions/motivations/freins/ attentes/ébauches de création pour un client qui pouvait aussi bien être le Ministère de l’industrie, France Télécom, ou Liebig.

Voilà, je vous ai « presque » tout dit des “études de marché », c’est en gros : la recherche rationnelle (du sérieux, bien sûr, nous sommes cartésiens I) et projective (de la fantaisie, mais oui, nous sommes aussi des latins I) à des questions que se posent les PDG, DG, DRH, DIREN, DIRENV, Dir. Ciaux …

sur l’évolution de leurs entreprises :

  • nous bâtissons alors un projet d’entreprise, ou un plan de communication.

ou encore sur leurs produits :

  • nous élaborons alors un « Mix-Produit » : positionnement du produit, son prix psychologique, sa « communication » (publicité) optimale, des tests sur leur image dans l’esprit du public, sur leur communication, sur leur conditionnement (packaging) ; des recherches de « concepts » de nouveaux produits, etc….

ou bien encore sur leurs équipes :

nous formons alors à la conduite de réunions/d’entretiens individuels, à l’assertivité, à la créativité, etc…

C’est ainsi que d’entretien en réunion de groupe, de projet en rapport, d’analyse en synthèse, je deviens une praticienne « free lance » (à mon compte) puis salariée des études de marketing (mercatique, merci Monsieur Allgood-Toubon).

C’est un métier du présent et de l’avenir et…. d’avenir.

Il faut savoir à la fois se lever tôt, se coucher tard, et ne pas renâcler devant un groupe d’experts EDF-GDF, le samedi après-midi. Je ne parle pas des trains de 6h15 pour Laval ou Nevers, vous connaissez (avez connu) tous çà.

L’intérêt de ce métier est, bien entendu, d’une part de pratiquer des connaissances acquises dans d’autres domaines, d’autre pat, d’apprendre tous les jours un peu plus. Jedes Tag ein plus machen ! (en substance, acquérir du nouveau un peu plus tous les jours), (cf. Claude Chappey, mon père, que je salue ici).

Le versant complémentaire à la pratique de mon métier est aussi de pouvoir initier des masses d’étudiants enthousiastes (j’entends d’ici les foules hurlantes de jeunes, avides de Savoir, exigeant ma présence au balcon) à l’apprentissage interactif et la pratique de techniques.

Un mot sur le groupe dans lequel je me suis insérée, en tant que salariée depuis 3 ans, GIMCA est une entité dynamique d’une trentaine de personnes remarquables, issues de milieux aussi divers que la psychologie, la sociologie, le marketing, l’économie etc, … se subdivisant en 3 sociétés : communication, formation, études de marché. Nous mettons en pratique au quotidien notre propension naturelle à la créativité, c’est- à-dire, notre faculté à concevoir la vie « autrement ».

Je n’en dirai pas plus ! Deux solutions :

  • vous m’avez lue, vous avez été in-intéressés, cela vous suffit. Merci de m’avoir lue.
  • vous avez été étonnés, intéressés, attirés, séduits par ce métier, mon numéro de téléphone est à votre disposition : 45 42 68 69.

 

LA FAMILLLE ET L’ENSEIGNEMENT 

Cette partie thématique regroupe trois types de témoignages :

  • des évocations de membres de la famille,
  • des témoignages d’enseignants
  • et enfin des réactions d’étudiants.

Nous commencerons par cette dernière partie.

A une présentation, par .Apolline Baudry (fille de Delphine Weulersse), de ses activités au sein de l’université, succède une description de l’évolution de l’étudiant vue par Thomas Kcenig (fils de Pascale Chappey). Son texte reflète l’angoisse de l’avenir qui saisit la génération estudiantine actuelle.

Apolline , en charge de toute cette dernière partie, avait joint à son texte le commentaire suivant : « propose toujours aux autres de parler de leurs études, il y en a peut-être qui après tout seront ravis de digresser sur ce sujet, sinon propose leur de raconter une des activités « para- scolaires ou universitaires » ou une anecdote croustillante sur un de leurs professeurs, ou le cours le plus ennuyeux/passionnant du siècle ou pourquoi pas un voyage de classe ou encore des vacances délires avec des compagnons d’étude ».

J’ai suivi ses conseils et n’ai encore rien reçu. Sans doute « nos  » étudiants reportent -ils actuellement leur attention sur les examens et le questionnaire que le gouvernement leur a adressé.

La suite à un prochain numéro !


d’Apolline BAUDRY  

Les études, toujours les études. Tout le monde ne parle que de cela. Evidemment que c’est important, mais doit-on vraiment en parler tout le temps ?

Plutôt que de vous expliquer en long et en large ce qu’est le Magistère de relations internationales de la Sorbonne ou de vous confier des projets d’avenir que je n’ai pas encore en tête, j’ai eu envie d’évoquer l’RDPI… Vous me direz que ce sigle ne vous dit rien. Et bien, ce raccourci barbare, ce jeu de mot « subtil », est le surnom de la Revue De Presse

Nous voulions permettre aux « jeunes », comme on dit, d’être au courant de l’essentiel de l’actualité sans avoir à s’user les yeux ni se salir les doigts sur tous les quotidiens de France et d’ailleurs. A l’heure du zapping, nous avons cédé aux impératifs de brièveté mais insistons pour que chacun y trouve tout de même un peu d’information. Nous écrivons deux articles inspirés, par zone géographique, que nous accompagnons de quelques brèves épicées et parfois d’un focus, brodé de digressions rêveuses ou délirantes.

Pour conclure ce p’tit mot dignement, j’ajouterai simplement que j’envoie un clin d’œil à Lady Caroline qui sait s’acharner sur nous avec le sourire pour que son p’tit bébé d’journal continue. Et ça marche !             

 

LES ÉTUDIANTS NE SONT PLUS CE QU’ILS ÉTAIENT – par Thomas Kœnig

En des temps immémoriaux, on pouvait voir s’ébattre ‘follement’, dans des bibliothèques aussi pleines et animées que la salle des fêtes d’Hardelot-Plage un 31 décembre, soit des rats-de-biblio (raie au milieu, lunettes triple foyer, stylos dans la poche avant de la chemise aux manches courtes, nez collé sur ‘la condition métaphysique de l’irrésolu transcendée par l’apparition du ‘Game boy’ chez les peuples de la steppe orientale mongole’) soit des jeunes filles ‘très propres sur elles’ (nœud-nœud dans les cheveux, jupes d’au moins 60 cm descendant jusqu’aux talons, sinon c’est l’œuvre de Satan I, socquettes immaculées).

Alors qu’aujourd’hui, on peut croiser dans cette caste estudiantine aussi bien un jeune roi africain avec des ‘dreadlocks’ et pantalon bouffant, un hardeurde seconde zone (cheveux longs, sentant le ’beuark’, jeans déchirés, tee-shirt prônant des messages tels que ‘Fuck destroy kill the police crush the System’) ou un jeune homme roux, grand, beau, racé aimant Mozart et les sandwichs camenbert-nutella-noix de coco râpée (vous voyez de qui je veux parier ?).

Nous autres, étudiants, avons trop à faire : applaudir pendant les manifs, les CRS (sur la gueule, bien sûr !), emprunter quelques walkman ou auto-raidos qui traînaient innocemment là ou peinturlurer gaiement les murs.

Les manifestations de mars 94 ont souvent été comparées aux évènements de mai 68.

Personnellement, je crois qu’on ne peut parler que d’un regroupement physique mais non pas d’un regroupement d’idées.

En effet, en 68 il y avait 300 000 chômeurs, en 94 la France en compte 10 fois plus ; en 68, la drogue était une tentation ludique et poétique, en 94 elle est un véritable fléau ; en 68 les jeunes avaient peur d’être intégré par le système, en 94 ils ont peur parce qu’ils en sont exclus. En fait, mai 68 était la révolte de l’espoir alors que mars 94 était la révolte du désespoir.

Les témoignages se multiplient :

Philippe, 20 ans, (Malakoff) : « je vais à toutes les manifs. Mais crier ne changera rien. Il faut leur faire croire qu’on va tout bousiller ! » (encore un qui a pris des cours par correspondance ’je-frappe-d’abord-et-je-discute- ensuite » édité par Terminator et qui a intégré la prestigieuse école « je-ne-voulais-pas-de-cette-p… -de- guerre-colonel – Rambo

Stéphanie, 19 ans, (Dauphine) : « c’est injuste d’être payé 3.800 F par mois alors qu’on travaille autant qu’un adulte. Il n’y a aucune raison d’enlever 20%. C’est déjà si difficile de trouver un travail. »

Je sais, vous me direz que ces deux jeunes censés représenter les étudiants auraient pu constituer un terrain formidable d’expérience pour la lobotomie moderne mais leurs dires expriment de réelles craintes !

En lisant des rapports sur les étudiants, je viens de découvrir qu’à bac + 4, ils ne sont guère plus nombreux à avoir des projets professionnels qu’à bac +1 : au bout de 4 ans d’études, l’avenir ne parait pas plus dégagé (je tiens tous à vous rassurer. Moi, ce sera Président de la République, mythe ou rien I).

D’après les chiffres récoltés à l’INSEE, sur 100 jeunes de 15 à 25 ans, 7 seulement s’attendent à trouver un emploi correct. Mais rappelons-nous le regretté Coluche : « Il y a 3 millions de personnes qui demandent du travail. C’est pas vrai : du fric leur suffirait amplement !’.

Nos rapports face aux décisions politiques deviennent de plus en plus réactionnaires :

  1. licenciements à Air France
  2. suppression de l’allocation-logement des étudiants
  3. abrogation de la loi Falloux
  4. instauration d’un « Smic-Jeunes » Résultat : 4 échecs du gouvernement.

finalement, être étudiant en 94, c’est avoir peur de ne pas avoir de jeunesse ; c’est la galère pour le boulot, pour le salaire. Et, au bout du compte, il ne reste pas grand- chose… Ou plutôt si. Il reste le carcan « papa-maman » qui nous aide et les profs qui commencent leur année en nous annonçant que M. et Mme « Olympiapourlademièrefoisetc’esttantmieux » ont 2 fils et 1 fille, comment s’appellent-ils? (succès garanti auprès des élèves).

Le comble du sadisme serait de vous faire poireauter jusqu’à la prochaine édition, mais je suis maso, alors : réponse : Frédéric, François, Chantal.

Bye, bye 

 

un lycée de jeunes filles à la fin du siècle dernier : le lycée LAMARTINE, 121 faubourg Poissonnière, Paris IXè.

Installé dans une « folie » du XVIIe en 1891, le lycée recrute parmi les enfants de la bourgeoisie industrielle et commerçante du quartier, les familles républicaines et laïques, les familles juives et protestantes. Les Catholiques vont au couvent.

La scolarité est payante et le restera jusqu’en 1930 environ.

Le but de l’enseignement dispensé par ce lycée est de former des femmes et des mères cultivées. La possibilité de se présenter aux épreuves du baccalauréat n’est pas envisagée, sauf pour quelques pionnières.

Les élèves portent un tablier noir, une robe longue, des bottines, un chignon. Le tutoiement est interdit. L’entrée et la sortie du lycée doivent se faire dans une tenue correcte : gants et chapeau obligatoire jusqu’en 1940. Le maquillage et le port du pantalon sont interdits. La montée en classe s’effectue au sifflet.

Si nous nou référons ainsi au lycée Lamartine, c’est en raison du rôle qu’y a joué Berthe Thuillier, future Berthe Lassalle. En effet, Berthe Thuillier a fréquenté ce lycée de 1891 à 1895, date de la sortie de la première promotion et de la fondation de l’association des Anciennes Elèves, les « Alphonsines », en souvenir d’Alphonse de Lamartine. Berthe en devient la présidente en 1918 et conservera ce titre jusqu’en 1932, date approximative de l’institution de la gratuité.

 

L’ENSEIGNEMENT SECONDAIRE DES DES JEUNES FILLES – L’HISTOIRE DU LYCEE LAMARTINE

L’enseignement secondaire des jeunes filles !

Cette expression évoquait pour les détracteurs de l’époque une ‘téméraire idéologie’ qui se développait depuis 1850.

Condorcet en avait posé le principe à la tribune de la Convention ; le décret du 13 vendémiaire édictait que ‘les jeunes filles devaient s’occuper des mêmes objets d’enseignement et recevoir la même éducation que les garçons, que leur sexe le permettait’.

Sous le Second Empire le sujet a été largement débattu mais ce n’est que sous la Troisième République que le projet de création de collèges de ‘jeunes filles’ voit le jour, avec Camille Sée, député alsacien de la gauche républicaine.

Lié à Jules Ferry, il dépose à la Chambre en 1878, le projet de loi qui portera son nom avec l’appui du ministre de l’instruction Publique, Agénor Bardoux. La proposition de loi est examinée et discutée en commission spéciale qui se réunira plusieurs fois. Les discussions portent essentiellement sur le choix des matières d’enseignement et se déroulent au milieu des sarcasmes de l’opposition de droite.

La proposition est discutée à la Chambre des Députés en 1879 et au Sénat la même année.

Après une longue procédure, la conviction profonde et la ténacité des Républicains permettent à la loi d’être votée. Elle sera promulguée par Jules Grévy, Président de la République en exercice et Jules Ferry, ministre de l’instruction Publique, des Beaux-Arts et des Cultes.

Dans le même temps se déroulaient au Sénat les débats sur les propositions de loi relative à la gratuité et à l’obligation scolaire dans l’enseignement primaire (lois Jules Ferry).

Le 3 mars 1881, Camille Sée dépose la proposition de loi ‘ayant pour objet la création, par l’Etat, d’une Ecole Normale Supérieure, destinée à préparer des professeurs femmes pour les écoles secondaires de jeunes filles’. Le premier concours d’entrée à l’Ecole Normale Supérieure de Sèvres aura lieu dès juillet 1882.

C’était dans un contexte et un climat passionnel qu’ont été créés les établissements d’enseignement secondaire pour les jeunes filles. Il était nécessaire de le rappeler avant de s’intéresser à l’histoire du lycée Lamartine & du lycée Molière.

Berthe et Lucie Thuillier firent leurs études dans et établissement, situé au 121 Faubourg Poissonnière (9ème) et Berthe dès son ouverture en 1891 (soit 5 ans après celle du lycée Molière dont nous parlerons plus loin).

Berthe sort de ce lycée en 1895, à vingt ans, munie du diplôme de fin d’études et épouse l’année suivante Lucien Lassalle.

Grâce à Tante Colette et sur ses conseils, j’ai contacté Monsieur Vittu, enseignant au lycée Lamartine afin d’avoir quelques documents réalisés à l’occasion du centenaire du lycée. En réponse à ma demande, il m’a indiqué que presque rien n’avait été fait car l’histoire de cet établissement fait l’objet d’une thèse de la part d’une autre enseignante, Madame Jacqueline Roux. Contactée, cette dernière m’a informée être outre la sœur de Jean-Pierre Soisson , une grande amie de Tante Madeleine (Weulersse). C’est avec une extrême amabilité qu’elle m’a adressé la trame de sa thèse que je reproduirai ici en la citant.

Dans ce numéro, nous présenterons le lycée Lamartine ainsi que le cadre social dans lequel ont été élevées Berthe et Lucie Thuillier.

Tante Colette, dans le prochain numéro, nous fera un portrait complet de sa mère, Berthe et évoquera l’important rôle qu’elle joua au sein de l’association des anciennes élèves dont elle fut la première présidente.

Resituons le contexte familial. La famille Thuillier habitait boulevard Magenta avant de déménager rue La Fayette puis boulevard Flandrin. Alfred Thuillier, nous l’avons vu dans le précédent numéro, est un républicain convaincu.

Madame J. Roux indique « qu’il a voté la condamnation de Déroulède quand le Sénat, en janvier 1900. constitué en Haute Cour l’a jugé pour complot contre le gouvernement. Déroulède, fondateur de la ligue des patriotes, réclamait un régime autoritaire, comme le préconisaient les Boulangistes. Il avait tenté un coup de force à l’issue des funérailles de Félix Faure pour entraîner les troupes et la population à renverser le régime. Arrêté à la caserne de Reuilly, il est acquitté par la Cour d’Assises de Paris. Le Sénat le condamne à 10 ans de bannissement ainsi qu’à la perte de son mandat de député. L’attitude du sénateur Thuillier, selon « le courrier de la presse » du 10 février 1901, lui vaudra d’être pris entre sa conscience et ses intérêts personnels, quelques riches clients l’ayant averti du retrait immédiat de leurs commandes s’il votait la condamnation. Soutien fidèle du cabinet de défense républicaine de Waldeck Rousseau, non seulement il vote la condamnation de Déroulède mais il appuyé la libération de Dreyfus par grâce présidentielle.

Radical, il fait partie au Sénat du groupe d’une soixantaine de membres dits de la gauche démocratique. Social, sa sollilcitude envers ses ouvriers l’amène à créer, au sein de sa propre entreprise, une caisse de participation de ses employés aux bénéfices, union du « capital et du travail’1. »

La famille Thuillier incarne ces familles bourgeoises, laïques et militantes qui ne voulaient pas mettre leurs filles dans des établissements religieux.

Madame Roux retrace l’histoire du lycée Lamartine en la divisant en 5 périodes. Nous nous attacherons plus particulièrement aux premières périodes qui concernent Berthe et Lucie Thuillier.

Je reprends le plan de Madame Roux :

« 1ère période : la génération romantique 1891/1919 » L’Education Nationale loue une folie du XVIIème s. puis l’achète et charge le lycée Racine d’y installer une annexe confiée à Madame Roubinovitch. Cours secondaire, il est transformé en lycée.

Le lycée recrute parmi les enfants de la bourgeoisie industrielle et commerçante du quartier, les familles républicaines et laïques militantes.

L’enseignement, payant n’a aucun but utilitaire, il ne veut que former des femmes et des mères cultivées. Le lycée Lamartine est le seul lycée à acquérir en 1913, sur l’idée d’un professeur, une propriété proche de Saint Leu, à Taverny, afin d’ouvrir une colonie de vacances pour les « petites nécessiteuses du quartier ». Cette maison, appelée La Grange, fonctionnera grâce au dévouement de Mademoiselle Darlu dont nous parlerons plus loin.

« L’uniforme est un tablier noir, une robe longue, des bottines, un chignon et le tutoiement est interdit ».

« L’association des anciennes élèves date de 1895, l’année de sortie de la première promotion, celle de Berthe Thuillier qui va en devenir présidente en 1918. Les buts de l’association sont doubles : entretenir des relations amicales entre les anciennes élèves et donner à celle qui en auraient besoin une aide morale et même matérielle.

Le second but est d’aider le plus grand nombre de mères de famille pauvres du quartier à subvenir aux besoins de leurs enfants en leur donnant des vêtements et en organisant des séjours à la campagne ou à la mer. » « L’association regroupe toutes les forces actives du lycée, resserre les liens entre les enseignants et les familles, les anciennes élèves et les nouvelles, en les faisant participer à des œuvres communes charitables car le lycée se veut une maison d’éducation où les jeunes filles d’une certaine bourgeoisie apprennent que leur condition privilégiée leur crée également des obligations envers les plus déshérités. Il n’est pas question de laisser seulement à l’église et au couvent le soin de mener des œuvres charitables. »

« La seconde période : le temps des hésitations, « les années vingt » au cours desquelles les directrices et le conseil d’administration hésitent entre la voie traditionnelle vers le diplôme et le développement des classes préparant le baccalauréat. Le tablier noir est remplacé par un tablier en toile écru.

« La troisième période couvrîmes années trente aux années soixante : l’irrésistible poussée féministe?

La gratuité mise en place de 1930 à 1939 élargit le recrutement aux jeunes filles méritantes de la petite bourgeoisie du quartier et des banlieues grâce à la proximité des gares. Ce sont les meilleurs éléments du primaire qui rejoignent le lycée.

Les anciennes élèves font carrière s’intitulent les « alphonsines ».

Une tenue correcte est exigée : gants et chapeau obligatoire jusqu’en 1940. Le maquillage et le port du pantalon sont interdits. La montée en classe s’effectue au sifflet. »

« Une autre femme exceptionnelle joua un très grand rôle, il s’agit de Jeanne Darlu. Elle est née en 1876 à Périgueux, son père professeur de philosophie a été un des maîtres de Marcel Proust, il fut un libre penseur prônant une morale laïque et était très respectueux des religions existantes.

Reçue à l’agrégation littéraire, elle est nommée à Tours et enseigne le français et la philosophie. Sur les conseils de son beau-frère G. Weulersse, en 1906-1907, elle postule pour une bourse Kahn et parcourt l’Egypte et la Scandinavie. A son retour elle est nommée au lycée Lamartine où elle est chargée de la métaphysique et de la psychologie tandis qu’un professeur homme s’occupe de la logique et de la morale. Elle va pendant vingt ans s’occuper des œuvres sociales du lycée et reçoit en 1934 la Légion d’Honneur. En dehors de sa famille (un neveu est Jacques Weulersse) elle a deux passions : la montagne et le jardinage.

A la mort de son père, elle achète un petit terrain à Saint Leu, près de Taverny, où elle fait construire une maison pour ses week-ends. Elle retrouve Marie- Noël qu’elle a connu à Tours et, cette affection jointe à celle de Madame Roubinovitch, amènera sa conversion au catholicisme. Elle meurt en 1951″.

1ère Année –  n° 1  –  Janvier 1919.

Association Amieale des Anciennes Elèves du LYCÉE LAMARTINE

Bulletin tnimestriel

Pour répondre aux vœux d’un grand nombre de nos compagnes, nous créons ce Bulletin pour qu’il soit un lien effectif entre les Anciennes Elèves.

Il importe que notre groupement devienne toujours plus nombreux’, donc plus fort, pour être plus utile. Ainsi, faites effort, foutes, pour ramener à notre Société les compagnes que la guerre a écartées de nous : Montrez- leur ce « Bulletin qui témoigne de ce que nous avons fait.

Et comme nous voudrions faire toujours davantage et mieux, nous vous demandons à toutes votre collabo­ration. Que celles qui ont du temps et des idées nous en fassent part : nous accueillerons avec joie tout concours ou toute suggestion tendant à rendre l’A plus utile ou plus agréable à ses Membres, et à accroître son activité efficace.

Quant à celles qui ont besoin de renseignements ou d’aide, qu’elles n’hésitent pas à s’adresser à nous : nous ferons tout ce qui est possible pour les satisfaire.

Adresser la correspondance à Madame Lassalle (B. Thuillier), Présidente, ou à M1,c Sarazjn, Vice- Présidente de l’A, au Lycée.

L’HISTOIRE DU LYCÉE MOLIÈRE – par Colette Lamy et Caroline Ribadeau Dumas (qui a fait un court passage au lycée Molière : une année d’hypokhâgne).

Ecrire sur le lycée Molière, c’est évoquer la jeunesse des sœurs Lassalle (Germaine, Colette et Madeleine) et des sœurs Gosselin ( Yvonne et Germaine (Tante Nano)) ainsi que celle des sœurs Landry (Hélène et Létizia) qui y sont arrivées un peu plus tard. Autant de raisons qui justifient ce choix.

La construction de cet établissement a commencé en 1886 sous la direction de l’architecte Emile Vaudremer, pour s’achever en 1888.

A la rentrée de 1888, 48 élèves étaient inscrites dans le troisième lycée fondé à Paris après Fénelon et Racine pour l’enseignement public secondaire féminin.

L’effectif était modeste et pendant de longues années, le lycée aura à lutter contre la concurrence des « Institutions de Demoiselles » fixées dans le quartier dont le Couvent des « Dames de l’Assomption » ainsi que Dupanloup (rue de l’Assomption).

Il faut rappeler qu’en effet, les jeunes filles de famille « bien pensante » allaient toutes dans ces cours privés.

Comme nous l’avons dit, à l’époque, une polémique s’était développée contre l’enseignement féminin et dans la presse de l’époque, reprenant le nom donné au lycée, on pouvait lire : « Molière, les Femmes Savantes, les Précieuses Ridicules »…

Lycée de jeunes filles, il le resta jusqu’en 1974, date à laquelle il devint mixte. Tante Colette précise qu’au cours de sa scolarité, aucun homme n’avait franchi les portes du lycée hormis le professeur de grec.

Depuis l’origine toutes les directrices étaient titulaires de l’agrégation, ainsi que beaucoup d’enseignantes. Celles-ci arrivaient à Molière après avoir fait leurs premières armes dans d’autres établissements, ce qui explique que Tante Colette ait le souvenir d’un corps professoral âgé.

Elle se souvient également d’avoir été convoquée chez la directrice pour avoir croisé la veille, dans la rue, un professeur sans avoir courbé la tête… et qu’une de ses amies avait également été sermonée car elle avait été vue courant dans la rue et que pour une jeune fille, cela ne se faisait pas.

Il ne semble pas que les traditions se soient perpétuées !

A cette époque, le site est champêtre, et l’urbanisme y est peu développé. On ne dénombre que quelques hôtels particuliers construits au milieu de jardins.

Monsieur Gosselin, grand ami de Monsieur Lenôtre, historien, était professeur de latin-grec au lycée Janson de Sailly. Ses filles Yvonne et Germaine habitaient à l’époque rue Mignard et se rendaient au lycée Molière où elles sympathisèrent avec les sœurs Lassalle et plus particulièrement avec Germaine, qui habitaient à l’époque rue Mignard et se rendaient au lycée Molière où elles sympathisèrent avec les sœurs Lassalle et plus particulièrement avec Germaine, qui était dans la classe d’Yvonne.

Ces jeunes filles , les unes à partir de la rue Mignard, les autres à partir du boulevard Flandrin se rendaient rue du Ranelagh et le trajet durait 20 minutes.

Elles descendaient le boulevard Jules Sandeau puis l’avenue Mozart dont le haut venait d’être percé.

Les sœurs Lassalle faisaient souvent ce trajet en compagnie des sœurs Weiss (dont Louise, la célèbre philosophe) qui habitaient dans l’immeuble au coin du boulevard Flandrin et de l’avenue Henri Martin. Il leur arrivait même, chacune chez soi, de se faire des signes.

Sur l’avenue Henri Martin dans ce temps-là, donnaient de grands terrains verdoyants où broutaient paisiblement des chèvres et la rue de Passy avait un air provincial.

Les sœurs Lassalle avaient interdiction de prendre le métro, la seule fois où elles ont transgressé cet ordre, elles furent surprises à la sortie par leur mère !

La famille Lassalle bénéficiait d’une réduction « famille nombreuse » accordée par l’Etat au vue du nombre de frères et sœurs inscrits dans des lycées d’Etat, Oncle Jean était au lycée Janson de Sailly.

Parmi les personnalités qui fréquentèrent, à cette époque, le lycée Molière, il faut nommer Jeanne Debat- Ponsan (une des premières femmes internes des hôpitaux de Paris et qui allait devenir la première femme du Professeur Robert Debré), Louise Weiss et plus récemment Jacqueline David (qui allait devenir Madame de Romilly).

En conclusion, nous félicitons Clémence Raulet (fille d’Hélène Chappey) qui a très brillamment réussi l’examen d’entrée en 6ème dans ce prestigieux établissement. La relève est assurée et la tradition se perpétue.

 

COURS DE LINGUISTIQUE –  source : PARLER SUISSE, PARLER FRANÇAIS de Georges Arès, Editions de l’Aire à Vevey (1994) – extrait du Trait d’Union n° 8

Vous connaissez sans doute tous la Suisse pour y avoir skié et admiré ses paysages splendides. Notre cousin Claude est même né à Genève. Mais connaissez-vous bien la langue parlée dans le pays romand ? Dans les cantons de Genève, Vaud, Neuchâtel, Fribourg et dans le Bas Valais ? Le texte qui suit vous permettra de vérifier vos connaissances.                  Catherine Spalter

    LA JOURNEE D’UNE « PUTZ-FRAU »

« Inutile de prendre ton manteau de pluie mon garçon. Ce n’est qu’une care qui ne va pas durer. Mais comme il fait bien cru ce matin, n’oublie pas ta camisole. Il ne faudrait pas attraper le rhume et avoir mal au cou ».

Chaque jour, quand mon fils part pour le gymnase, je fais les courses : des atriaux, du rampon, de la laitue, des dents de lion au printemps, des raisinets en été, des chanterelles en automne et, souvent, des bricelets.

Faire ses courses en Suisse, ça coûte le lard du chat même s’il y a des actions. Aussi, bien des genevois disent qu’ils ont meilleur temps d’aller sur la France pour faire leurs achats chez les Frouzes.

Quand je rentre des courses, je sais qu’il faudra que tout soit propre en ordre pour le retour de la famille au dîner. Il faut ranger tout ce cheni, relaver et chader. Alors, vite, la panosse, le balai de coton et la ramassoire. Lavons les catelles de la chambre de bains pour qu’elle soit tip-top et changeons les linges. Et à la fin de l’hiver, n’oublions pas de réduire les skis.

Pour le dîner, à midi, il faudra faire cuire de Veau et jeter loin les épluchures. C’est que ces maris suisses, ils vous attendent au contour : tout doit être propre en ordre pour leur retour.

C’est dur de cuire à journée faite et j’ai bien envie d’aller prendre un ristretto au bar à café. Mais en voyant qu’il ne roille plus et qu’il fait grand beau, je suis déçue en bien. J’aurais meilleur temps, c’est sûr, de prendre mon rucksack et mon alpenstock et d’aller promener dans la montagne. Comme que comme, je serai de retour pour le souper.

Allez ! Santé ! Et tout de bon !

                          GLOSSAIRE

putz-frau : femme de ménage mais, par extension ménagère : femme d’intérieur. De l’allemand « putzen » : épousseter.manteau de pluie : imperméable (calque de l’allemand « Regenmantel »).       ‘une care : une averse, une ondée.
cru : en Suisse romande l’épithète est appliquée au temps, à l’air, à la température. Se traduit par « frisquet ». Mot qui s’emploie en Alsace et même en Normandie dans cette acception.
camisole : maillot de corps, attraper le rhume : avoir un rhume avoir mal au cou : avoir mal à la gorge gymnase : lycée
atriaux : paupiettes /rampon : salade de mâche / laitue : salade romaine
dents de lion : pissenlit /raisinets : groseilles /chanterelles : girolles bricelets : sorte de gauffrette
coûter le lard du chat : coûter les yeux de la têtte, coûter la peau des fesses
action : vente promotionnelle
avoir meilleur temps de : j’ai meilleur temps de =je ferais mieux de
les Frouzes : les Français
le dîner : le déjeuner
le souper : le dîner
le cheni : le désordre/ faire du cheni : faire du désordre relaver : laver la vaisselle (il ne s’agit pas de la laver une 2ème fois !) chader : se dépêcher
la panosse : la serpillère/balai de coton : o’cedar/ la ramassoire : la pelle à poussière
catelles : carreaux de faïence        /chambre de bains :
salle de bains / le linge : la serviette
tip-top : anglicisme très répandu en Suisse romande = au poil
réduire : ranger
cuire de l’eau : faire bouillir de l’eau
cuire : ma femme cuit admirableemnt = ma femme cuisine admirablement.
attendre quelqu’un au contour : attendre quelqu’un au tournant.
à journée faite : à longueur de journée
un ristretto : un café serré roiller : pleuvoir à verse
il fait grand beau : il fait très beau, il fait un temps superbe.
être déçu en bien : être agréablement surpris aller promener : aller se promener comme que comme : de toute façon, quoiqu’il arrive (expression calquée sur l’allemand « sowieso »). santé ! = à votre santé !
tout de bon ! : bonne chance !
A la question « comment vas-tu, comment allez-vous ? la réponse est souvent : « tout de bon « .

 

 

 

DE L’INEXPORTABILITE DE CERTAINS METIERS ET DE LA RAISON POUR LAQUELLE LES CHINOIS PARLENT FRANÇAIS AVEC L’ACCENT DES ALPES MARITIMES par Elisa CHAPPEY  – extrait du Trait d’Union n° 3

Caroline m’a demandé, toujours avec le sourire, de parler de mon métier. L’histoire que je vais vous raconter commence dans les années 70. Je travaillais à l’époque à l’Alliance Française de Buenos Aires. J’enseignais le français aux dames de la bonne bourgeoisie argentine, ainsi qu’à leurs filles. Pendant ce temps, les « gens sérieux », c’est-à-dire les hommes, étudiaient l’anglais … (vos malheurs, Monsieur Toubon, ont commencé il y bien longtemps, mais ça, c’est une autre histoire …).

Soucieuse de mon « profil de carrière » j’ai accepté de venir à Paris pendant un an pour passer un diplôme qui me permettrait, à mon retour à Buenos Aires, de devenir conseillère pédagogique II! Il n’y eut pas de retour et vous connaissez la suite. Enfin, pas toute la suite, pas mes tribulations professionnelles peut- être….

En choisissant de rester en France, je me suis vite rendue à l’évidence : j’allais vivre dans un pays où il n’y avait que des gens qui parlaient FRANÇAIS !!! Et mieux que moi ! Qu’à cela ne tienne, me suis-je dit, il y a en France suffisamment d’étrangers pour que je puisse exercer mon métier. Et me voilà partie à l’Alliance Française de Paris, absolument certaine que le seul problème que j’aurais eu à régler avec la direction aurait été celui de l’horaire des cours. Que nenni !!! Ils ont certes reconnu que j’avais une expérience inestimable, ils m’ont certes chaleureusement remerciée pour les 15 années de ma vie données à leur noble maison, mais cela ne les a pas empêchés de me dire qu’ils n’embauchaient que des professeurs « natifs » (Oui, Monsieur Toubon, natifs) et sans accent (!!!), or, moi, m’ont-ils fait remarquer tout en me félicitant pour mon français, je n’étais pas « native » et j’avais l’accent des Alpes Maritimes II!

Je suis sortie de là complètement traumatisée, mon ego à plat, en pleine crise de paranoïa. Me dire ça, à MOI !!! Tout se réduisait donc à une question de lieu de naissance ! Et que devenaient toutes mes années d’Université et mes dizaines de stages pour devenir un « super-prof' » ?

Cet état dura quelques années pendant lesquelles, tout en me sentant victime de je ne sais quel complot, je suis quand même arrivée à enseigner le français à des étrangers : c’était à l’INSEAD, à Fontainebleau, et j’y enseignais la grammaire, mon accent des Alpes Maritimes ne déformant donc nullement le subjonctif.
Je m’étais néanmoins inventé une mère française, (mensonge facile car elle est italienne et Nice, comme chacun sait…) pour « légitimer » mon enseignement et je répondais « oui » à ceux qui pensaient que j’enseignais l’espagnol … car leur expliquer que ce n’est pas parce qu’on parle une langue que l’on est capable de l’enseigner et que j’avais passé 6 ans à l’Université pour devenir professeur de français me paraissait une entreprise trop difficile ….

Le temps fit son œuvre. Deux idées très claires firent finalement leur chemin dans mon esprit.

La première découlant d’une comparaison plutôt drôle : si une française professeur d’espagnol arrivait en Argentine pour y donner des cours d’espagnol comment l’aurais-je regardée ?

La deuxième fut une certitude : il y avait certes en France 54 millions d’habitants qui parlaient le français mieux que moi, mais moi je savais l’enseigner. Ma place n’étant apparemment pas devant les élèves (toujours à cause du fameux accent) elle allait être plutôt du ccté des concepteurs et des réalisateurs de méthodes d’enseignement du français. Je me suis donc lancée dans cette direction, aidée par le hasard, ma persévérance et Nane Dujour qui m’a fait connaître des éditeurs et que je tiens à remercier.

Je travaille depuis 10 ans maintenant, surtout chez Hachette, avec des équipes de méthodologues spécialistes de l’enseignement du français aux étrangers et je m’occupe tout particulièrement de documents audio et vidéo destinés à la diffusion de la civilisation française. Je participe aussi, depuis quelques années, à l’animation de stages de formation destinés à des professeurs étrangers de français, notamment les stages organisés chaque année par l’Alliance Française de Paris. Je suis enfin amenée à participer à des actions de formation à l’étranger : la dernière en date a été une invitation du Service Culturel de l’Ambassade de France en Chine pour préparer une série d’émissions d’enseignement du français dffusées par Radio Shanghai…

Je vous rassure tout de suite, on ne m’entend pas sur les ondes chinoises … mais sait-on jamais ?

note de la Rédaction : ce qu’Elisa ne nous dit pas : 
En 1990, elle a reçu les palmes académiques pour son travail de diffusion de la langue française à l’étranger.
Elle a également été très chaleureusement et officiellement félicitée par l’ambassade de France en Chine pour son travail avec l’équipe de Radio-Shangaï.
Et le reste….

 

STAGE DE FORMATION POUR DES ENSEIGNANTS MONGOLS DE FRANÇAIS – lu dans la presse étrangère – extrait du Trait d’Union n° 12

note de la rédaction : Elisa CHAPPEY s’est rendue du 7 au 14 octobre 1995 à Oulan-Bator, capitale de la république de Mongolie, l’article ci- dessous en est la preuve. Pour vous aider dans sa lecture, en voici une traduction. (source : une attachée à l’ambassade de Mongolie que je suis allée voir sur une idée de Delphine Weulersse qui ne parle que le chinois mandarin !)

Elisa Chappey, entourée sur la photo par des professeurs de français, est responsable du magazine sonore qui accompagne la revue « Le français dans le monde » (Hachette). Elle a été invitée en octobre dernier par l’attaché de coopération linguistique et éducative à Oulan-Bator dans le cadre d’une mission de formation des professeurs de français mis en place par le Ministère des Affaires Etrangères.

 

le « français langue étrangère » (FLE) par Zélie ALCHAMI :

Pendant plusieurs années, j’ai regardé ma mère traduire les demandes d’asile des syriens qui arrivaient jusqu’en France. Des centaines de récits, tous plus tristes les uns que les autres. Des gens venus chercher l’espoir d’une nouvelle vie mais qui portent un poids de malheurs immense. J’ai vu ma mère porter ce poids : en sauvant (oui elle en a sauvé bon nombre !) ces gens elle a pris de plein fouet leurs histoires qui sont devenues un peu la sienne.

Je voulais aider aussi, pourtant je craignais d’être grignotée également par la dure réalité de la condition des migrants -comme on les appelle- en France. Héritage de famille sans doute, j’ai choisi l’enseignement. Suivant une amie, je me suis inscrite en mai 2018 au BAAM, le Bureau d’Accueil et d’Accompagnement des Migrants, association à but non lucratif active depuis quelques années à Paris. Avec mon petit bagage de formation à l’enseignement du « français langue étrangère » (Fle),  j’ai commencé à donner entre 2 et 5 cours par semaine, de deux heures chacun. Ce fut une révélation.

Une bonne ambiance de classe, une convivialité, un appétit de comprendre se sont vite installés. Les cours organisés par le BAAM sont un peu particuliers : aucune inscription, aucune contrainte, les élèves débarquent à tout moment de l’année et peuvent disparaître aussi vite. Certains viennent à tous les cours sans exception et sont toujours là un an après. Chaque classe est un mélange sans cesse renouvelé d’origines, d’âges, de niveau d’éducation, de conditions sociales différentes.

Dans ma relation aux « élèves », de 16 à 60 ans, je suis leur professeur. Je leur transmets une langue et une culture que j’aime et dans lesquelles j’aimerais qu’ils soient accueillis. Face à moi, des sans-papiers, des réfugiés statutaires, des personnes en attente de réponse parfois pendant très longtemps. Certains ont traversé plusieurs pays et plusieurs mers et d’autres sont venus en avion avec un visa. Ceux qui ont vécu l’horreur côtoient les étudiants venus passer quelque temps ici. Pour la plupart je ne connais rien de leur histoire, tout juste leur pays d’origine. Notre rapport n’est pas celui des préfectures, des formulaires, des attentes de RSA, de CMU et des problèmes d’hébergement. Je ne suis pas là pour leur trouver des papiers ou un travail, et je crois qu’eux comme moi apprécions ces moments de répit dans le tourbillon de leurs vies parfois si difficiles.

Bien sûr, au fil du temps on apprend à se connaître, à s’apprécier. On forme maintenant une vraie petite classe où nous accueillons les nouveaux avec entrain. Je regarde avec joie et un certain attendrissement les maliens, tchadiens et congolais qui sont au cours depuis longtemps dialoguer (en français !) pleins de curiosité avec les mexicains, colombiens et brésiliens qui viennent d’arriver. Pour chacun, je fais régulièrement un CV, j’appelle la CAF, je trouve une chambre, j’apporte des livres. Une relation simple, amicale dans une salle de classe qui est un peu notre sanctuaire, notre « safe place ».

Au dernier cours, je leur ai lu le poème de Paul Eluard, « Liberté ». Ils ont adoré.

Elisa CHAPPEY, qui a eu connaissance de ce texte avant sa publication, en a fait le commentaire suivant :
Magnifique texte !!! Chère Zélie, je ne te connais pas, mais toutes mes félicitations pour la qualité du contenu et de l’écriture !!!
Ton texte me touche d’autant plus que moi aussi j’étais professeur de Fle, en Argentine, où j’ai longtemps vécu… 
A te lire je me suis dit que “ton” Fle était beaucoup plus utile que le mien, sans pour cela, bien entendu, dénigrer le Fle que j’ai pratiqué avec tous  types d’élèves  qui avaient en commun, et pour différentes raisons personnelles ou professionnelles, leur intérêt pour la langue et la culture françaises…
Mais le tien ouvre des portes, rassure, redonne une identité perdue en chemin, rappelle la dignité de chacun…
BRAVO!!!

Et voici la réponse de Zélie :
Elisa, tes compliments me touchent ! Merci. Contente de partager ça avec cette grande famille !

Nous serions très heureux de recevoir vos témoignages sur ce merveilleux sujet – et vos commentaires sur le texte de Zélie – et vos photos.

 

« être et avoir » : l’école française de Panama – « PAUL GAUGUIN » – par Elisa CH APPEY – extrait du Trait d’Union n° 25

Avant de s’installer à La Martinique, en 1887, Paul Gauguin fit un séjour de quelques mois au Panama. De son bref passage, il ne reste aujourd’hui que le nom de l’école française, école que fréquentent mes petits enfants Matilde et Gaspar et qui mérite donc que je vous en parle.

Elle a été créée en 1976 à l’initiative de parents d’élèves qui souhaitaient assurer un enseignement francophone à leurs enfants. Ces parents, réunis en association à but non lucratif, ont passé une convention avec l’AEFE (Agence pour l’enseignement français à l’étranger), établissement public sous tutelle du Ministère des affaires étrangères et du Ministère de la coopération et du développement. Grâce à cette convention, ils ont pu obtenir les autorisations et les financements nécessaires à l’ouverture de l’école.

L’école « Paul Gauguin » fait donc partie du réseau de 410 établissements scolaires que la France entretient à l’étranger. Ces établissements ont en commun les programmes et les examens français. Ils scolarisent actuellement plus de 150000 élèves dont environ 1/3 de français dans 128 pays .Les études effectuées dans ces établissements sont assimilées à celles suivies en France et il en va de même des diplômes.

L’école française de Panama compte environ 65 élèves, maternelle et primaire confondues.

Du fait du faible nombre d’élèves par classe, on regroupe les élèves de différents niveaux dans une seule classe, supervisée par un seul et même enseignant, ce qui fait un total de 5 classes. Le regroupement de différents niveaux favorise les échanges entre élèves d’âges différents et développe l’apprentissage de chacun. C’est ainsi que Matilde a « sauté » la classe de CE2 et se retrouve tout à fait à l’aise en CM1, et que Gaspar est devenu « champion de vitesse » de la recherche des mots dans le dictionnaire !

Le personnel enseignant est composé d’une part d’enseignants français détachés à l’étranger, et d’autre part d’enseignants panaméens francophones ayant suivi des formations en France.

La gestion de l’école est assurée par un Comité de gestion, composé de 5 membres élus parmi les parents d’élèves et 2 membres de droit : le directeur de l’école et l’attaché culturel de l’Ambassade de France.

Malheureusement l’école « Paul Gauguin » s’arrête à la fin du cycle primaire, il y a donc quelques élèves qui se retrouvent « orphelins » d’enseignement français à l’entrée au collège.

Il y a eu quelques tentatives pour permettre aux élèves de poursuivre la scolarité avec les programmes du CNED, mais rien n’est en place actuellement : avis aux amateurs, il y a un créneau à occuper !

En ce qui concerne le public, il est constitué d’une part d’enfants français qui résident temporairement au Panama, mais en majorité d’ enfants dont le Panama est la résidence habituelle, qui sont issus de couples mixtes : pays francophones (France, Suisse, Belgique, Sénégal…) et pays d’Amérique Latine.

Un quota de 10% d’élèves français est nécessaire pour le maintien des écoles françaises à l’étranger. A Panama il est atteint de justesse : heureusement qu’il y a mes petits enfants pour le compléter ! (Gaspar est certes né à Paris, mais Matilde au Guatemala, les parents en Argentine et Emilio, futur élève, à Panama I…NDLR)

La République est bonne fille !

 

une mission à Riga – extrait du Trait d’Union n° 14

On vous l’a déjà dit et on ne le dira jamais assez. Elisa CHAPPEY n’hésite pas à sillonner le monde pour diffuser la langue française.

Elle s’était rendue en octobre 1995 à Oulan-Bator capitale de la république de Mongolie exténeure (cf. TU n°12) C’est à Riga, capitale de la Lettonie qu elle s’est rendue début décembre 1996 et en a fait un compte rendu que vous lirez ci- contre.

A noter une anecdote amusante, Elisa a été reçue par Monsieur Bernard Poncet, ambassadeur de France à Riga, celui-là même qui, en 1995, accueillait, en 1995. Oncle Claude à Llubjana, en tant qu’ambassadeur de France en Slovénie (cf. TU n° 10).

Ce séminaire, conçu et financé entièrement par les services cultures de l’Ambassade de France a le double objectif de réaffirmer la solidarité morale et matérielle de l’Ambassade avec ceux qui enseignent la langue et la culture française et de faire le point sur les problèmes qui se posent sur le « terrain ».

Il permet également une large concertation entre des collègues souvent isolés dans leur établissement ou leur province.

Photo des participants au séminaire. Vous reconnaîtrez Elisa au 1er rang 6ème à partir de la gauche.

Le programme prévu cette année portait sur l’enseignement de l’oral (Elisa Chappey) et de l’écrit (Jacques Cortès, université de Rouen). Nous avons délibérément choisi la formule de l’atelier, c’est à dire un mode de fonctionnement privilégiant la participation active des stagiaires, partant de l’idée que connaître un objet (document sonore ou document écrit), c’est agir sur lui. Nous nous sommes heurtés, surtout au début du stage, à une forte tendance du public à écouter plutôt qu’à intervenir.

Sans doute faut-il voir là moins un manque d’intérêt ou de compétence qu’une forme d’esprit ou de culture que l’histoire récente a probablement accentuée.

Mais l’insistance des sollicitations aidant, les stagiaires ont finalement beaucoup participé et beaucoup produit, ce qui montre leur compétence et leur motivation.

Nous avons eu conscience d’être intervenus dans le cadre d’un processus qui n’a pas encore atteint sa vitesse de croisière.

Un travail en profondeur, donc inscrit dans la durée et la continuité, s’impose de la part des services culturels de l’Ambassade de France dans ce pays qui n’a d’existence officielle que depuis peu d’années.

Il reste que nous avons eu le plus grand plaisir à travailler avec 80 professeurs lettons dont l’assiduité, la simplicité et la motivation nous ont convaincus de l’utilité de ce que nous leur apportions.

Elisa Chappey

Elisa est la cinquième personne assise au premier rang depuis la gauche

avec une pause réconfortante sur une plage en bordure de la Baltique 

 


 

équivalence des diplômes universitaires supérieurs

situation en France avant la fn du 20ème siècle

après le baccalauréat, il existait le diplôme d’études universitaires générales (DEUG) en deux ans, suivi d’une licence en un an, puis des diplômes d’études spécialisées (DES) permettant d’accéder au doctorat simple, ou bien des diplômes d’études approfondies (DEA) permettant d’accéder au doctorat d’État

il était nécessaire d’avoir deux diplômes d’études pour accéder au doctorat – il existait de nombreux diplômes spécialisés, accessibles en un an, que l’on pouvait en théorie obtenir simultanément, mais, petit détail, tous les examens écrits (six heures) avaient lieu le même jour – donc, en pratique, il fallait deux ans (au minimum) entre la licence et le doctorat

celui-ci était obtenu par l’acceptation d’une thèse, que l’on pouvait préparer en un an (au minimum)

ainsi, pour obtenir le doctorat, il fallait 2 + 1 + 2 + 1 = 6 ans (au moins)

situation en Europe (et donc en France) depuis le début du siècle

c’est le « système de Bologne » (ville où s’est signé en 1999 l’accord européen dit « LMD » : licence-master-doctorat – en Anglais : bachelor, master, doctorate)

un diplôme de licence se prépare en six semestres (il faut maintenant raisonner en semestres)  – il permet d’accéder au master (avec des tentatives d’écriture en mastaire, ou mastère, ou encore maitrise) en deux ans – on parle alors souvent de « master 1 » = la première année, et de « master 2 » = le « véritable » master

et le master permet d’accéder au doctorat, résultant, comme avant, de l’acceptation d’une thèse – selon le Ministère français chargé de l’enseignement supérieur, la durée de préparation du doctorat est en règle générale de trois ans

ainsi, pour obtenir le doctorat, il faut 3 + (1 + 1) + 3 = 8 ans soit 2 de plus qu’avant

situation actuelle aux États Unis d’Amérique (avec les équivalences)

correspondant au baccalauréat : High-School diploma/degree

correspondant à la licence : Bachelor (three-year university degree)
     – dans un domaine littéraire : BA (Bachelor of Arts) in… 
     – dans un domaine scientifique : BS ou BSC (Bachelor of Science) in…           
     – dans les affaires : BBA (Bachelor of Business Administration)

 correspondant au master : Master (two-years university degree – parfois en un an seulement)
     – dans un domaine littéraire : MA (Master of Arts) in…
     – dans un domaine scientifique : MSC (Master of Science) in…
     – dans les affaires : MBA (Master of Business Administration)

 correspondant au doctorat : Doctor of Philosophy (en latin : philosophiæ doctor ou doctor philosophiæ) – PhD ou Ph. D. – remarque : le terme « philosophie » est utilisé dans son sens antérieur au xxe siècle et désigne ici l’étude générale des connaissances

note : le système britannique, dans son vocabulaire, distingue :
    – l’undergraduate : incluant le bachelor et le « bachelor of honor » qui équivaut au Master 1 et dure donc 4 années
     – le postgraduate : incluant le Master 2 et le doctorat

                  informations fournies par Mathilde FARRÉ et Sophie DELMAS, cousines proches                                          (« issues d’issues de germain » : pour en savoir plus : cliquez ici)                                                                             mais géographiquement éloignées :                                                           Mathilde à TORONTO (Canada)                          et                              Sophie à EDIMBOURG (Ecosse)                                                                                                                                   (elle est rentrée depuis)     

 

 

 

 

 

 

 

 

le rôle que doit tenir la télévision dans l’éducation des enfants par Michel WEULERSSE – extrait du Trait d’Union n° 2

la rédaction de Trait d’Union a demandé à Michel Weulersse, Maître de Conférences à Sciences Politiques, un avis sur ce sujet

L’arrivée d’un nouveau divertissement (au sens pascalien du terme) dans la famille bourgeoise impose à tout éducateur de lui attribuer la place qui peut lui revenir. En aucun cas ce dernier ne pourra se substituer aux fondamentaux de l’éducation mais tout chef de famille se devra de lui trouver sa place dans un équilibre harmonieux.

Au regard des trois dernières années de programmation télévisuelle -1952,1953, 1954 – nous sommes à même de formuler quelques recommandations qui sauront être suivies, nous le pensons, avec bonheur.

Au premier chef, nous disons que la télévision ne peut en aucun cas remplacer les éléments de base de toute éducation bourgeoise. Celle-ci s’appuiera toujours sur ces récréations culturelles de fin de journée qui ont fait la joie des familles et la feront encore pendant des décennies. Rappelons-les brièvement : les jeux de rôle où, au cours d’une soirée, une grande œuvre de notre littérature se trouve interprétée par l’ensemble des membres de la famille. Chacun se voit attribué un personnage et lit, ou mieux, récite, son rôle : le père/Don Diègue etc… se trouvent ainsi répartis. La soirée se passe en approfondissant les personnages de notre belle littérature française…

Les pièces de Shakspeare requérant un nombre plus important d’acteurs seront réservées pour les vacances où cousins et cousines se trouvent réunis dans la demeure familiale.

Les jeux de carte doivent être également maintenus, tout particulièrement les jeux des sept familles culturels ou, à travers peintres, musiciens, rois de France, dynastie égyptienne ou empereur romain, l’enfant apprend tout en jouant, venant ainsi épauler efficacement l’enseignement dispensé par les Maîtres. Exemple : dans la famille des Antonins, peux-tu me donner Hadrien.

Les jeux musicaux, point d’orgue de notre système éducatif, seront toujours privilégiés. Autour du piano familial, une dictée musicale frappera les trois coups de la soirée, une compétition s’instaurera rapidement. Le vainqueur, modeste, sera celui qui aura reconnu un double accord avec 10 notes. Un gentil quatre mains s’inscrira tout naturellement en suivant et si l’humeur est joyeuse, la grand-mère ou la mère sortira une partition d’Offenbach, de Lear et pourquoi pas de Willemetz et Yvain afin que l’ensemble de la famille puisse reprendre en chœur ces œuvres si légères et si gaies qui enchantent unè famille.

Ces divertissements seront tout naturellement maintenus et même développés. Dans ce contexte, quelle sera la place de la télévision ? Nous répondrons donc à deux questions essentielles :
– quand faut-il regarder la télévision ?
– que faut-il regarder à la télévision ?

La télévision n’ayant aucun programme le matin ni l’après-midi, sauf événement exceptionnel, nous pouvons écrire qu’il ne faut pas laisser les enfants regarder à ces heures, leurs yeux se fatigueraient. A midi, cela peut être envisagé, le soir également mais jamais après 22h30.

Que faut-il regarder ? Vers 12h45, une présentation des grands événements de la journée accompagnée d’images peut apparaître pour les enfants comme une détente après le lycée et une source d’informations sur le monde. L’émission a pour nom : le Journal Télévisé. Il est généralement suivi d’une présentation des principales attractions parisiennes : bal des petits lits blancs, coutières ou générales de pièces, cocktails mondains, kermesse de la 2ème DB et se trouvent animée par un présentateur de talent : Jacques Cabanne. L’émission intitulée  » Paris Lumière » peut également être vue par les enfants afin qu’ils sachent où leurs parents sortent le soir même.

La télévision ne sera pas branchée avant 19h45 pour les raisons expliquées précédemment. Le Journal Télévisé du soir pourra être regardé puis ensuite des émissions diverses. Nous ne pouvons que conseiller l’émission « Reine d’un Jour » animée par le talentueux et sympathique Jabouille, à l’élocution et la syntaxe parfaite ! Cette émission bon enfant où une toute jeune fille, bien de chez nous, se trouve sacrée « reine d’un jour » et reçoit pour ce sacre une multitude de cadeaux : trousseau complet, appareils électriques divers (tourne-disque, aspirateur, sèche-cheveux etc …) H y en a même une qui, dernièrement, a reçu une machine à laver !!

Cette émission a le mérite de montrer à mes enfants qu’ils sont toujours trop gâtés.

Dans la même veine, nous suggérons l’émission ”36 chandelles » animée conjointement par Jabouille et Andrée Leclerc où ces dernières fêtent l’anniversaire d’une personnalité qui se trouvera bientôt entourée d’une foule d’amis.

Le samedi après-midi, nous ne pouvons que conseiller « La Joie de Vivre' » présentée par Henri Spade et une talentueuse jeune femme : Jacqueline Joubert, au décolleté attachant. Une grande vedette du music-hall, Charles Trenet (oui, le même), Maurice Chevalier, Edith Piaf etc., vient revivre les grands moments de sa vie ce qui nous permet de rencontrer, en leur compagnie, les personnalités qui on jalonné leur carrière. Cette émission permet au grand sorcier de présenter également des jeunes chanteurs qui seront peut-être les gloires de notre futur.

Dernièrement Patachou nous a ainsi présenté un jeune bourru répondant au nom de Georges Brassens, Edith Piaf un danseur-chanteur au nez proéminent : Charles Aznavour. Nos enfants qui ne sont pas tous familiers avec nos gloires du Music-Hall, trouveront dans cette émission des artistes qui défendent vaillamment notre langue française, véritable patrimoine national, au-delà de nos frontières.

En plus de ces émissions qui retiendront votre regard, un mot doit être dit sur deux types d’émissions particulières que sont le sport et les grands événements.

Le sport, nous le savons bien, depuis la Grèce, est un indispensable complément à la formation de nos jeunes esprits. Le sens de l’effort, d’esprit d’équipe, la combativité, le désir de vaincre qui sont les fondements des joutes sportives doivent être toujours exaltés auprès de notre jeunesse. C’est pourquoi, nous conseillerons de regarder le sport le plus possible à la télévision. Nous privilégions tout naturellement les grands exploits : l’arrivée victorieuse de Fausto Copi à l’Alpe d’Huez avec 20 mn d’avance sur notre sympathique breton Robic en juillet 52, l’envolée de Louison Bobet dans le col de Vars puis l’ascension de l’Izoard en solitaire pour arriver avec le maillot jaune sur les épaules à Briançon en juillet 53, sont de ceux-là. Ces efforts toujours propres à enflammer les jeunes esprits rêvant de gloire ; c’est ce qu’il faut donner à nos jeunes.

Les sports d’équipe seront également suivis avec, si possible aux côtés de nos enfants, un mentor dans la discipline. Pour ma part, je garde un excellent souvenir de la récente coupe du monde de football en Suisse, qui a vu la victoire de l’Allemagne contre la Hongrie (3-2) où j’avais à mes côtés pour tout le match, en pyjama, mon oncle Joseph Chappey qui me commentait avec précision et compétence chaque phase de jeu en déplorant la défense en ligne bien moins efficace du WM autrichien d’avant l’Anschluss.

Il va de soi que le sport ne sera jamais regardé après 22 h et si d’aventure une coupe du monde se déroulait aux USA, les enfants ne devraient en aucun cas la regarder à cause du décalage horaire. Mais, grâce à Dieu, la technique ne le permettra jamais !

Pour conclure, un mot sur nos grands événements. Nous entendons par ces termes « événement historique ». De ma mémoire de contemplateur de télévision, je n’en vois que deux :
– l’élection du Président de la République Française
– le couronnement de la reine Elisabeth II

L’élection du Président de la République Française, 13 tours de scrutin, est un cours d’instruction civique à ne pas manquer. Quelques règles constitutionnelles sont apprises. Les Chambres se réunissent en Parlement à Versailles. L’attitude du personnel politique est à la hauteur de la tâche et de la noblesse en fonction et donne aux enfants une haute image die la démocratie et de la valeur des hommes qui nous gouvernent.

De même, chez nos voisins britanniques, ce moment d’union nationale autour d’une jeune reine, mérite d’être regardé par nos enfants. La télévision branchée, une mappemonde à côté, nos enfants voient défiler sur l’écran les représentants de cette noble institution qu’est le Commonwealth, pendant que sur la mappemonde, nous leur montrons la localisation du Canada, de la Tasmanie, des Falklands etc.. De plus, quoi de plus stimulant pour une famille bourgeoise que de voir cette jeune mère de deux enfants et qui en aura peut-être d’autres, donnée en exemple à l’univers ! L’unité d’un couple, la profonde union d’une famille, la perspective d’une éducation britannique qui fera de cette famille Windsor une référence pour les générations futures, comme elle l’a été dans le passé.

Vous m’avez compris, tout peut être vu par les enfants à la télévision mais si d’aventure la télévision devait se développer, ce dont nous doutons, il serait indispensable, afin de préserver notre culture bourgeoise, d’inventer une télévision qui ne pourrait être regardée par les enfants : une télévision avec un code secret uniquement connu des parents, mais nous serons là à l’aube du XXIème siècle.