Valeria MORERA

DES NOUVELLES DE… – extrait du Trait d’Union n° 14

A l’occasion de la signature, en décembre dernier (en 1996), d’un traité de paix entre le gouvernement guatelmatais et la guérilla(1) j’avais félicité Valéria Morera, fille d’Elisa Chappey, sur la qualité de l’intervention de la mission dont elle fait partie et lui avait demandé d’écrire un article sur ce sujet et sur son rôle en particulier. Voici ce qu’elle nous a adressé  en direct du Guatemala et nous l’en remercions.

Valeria Morera travaille depuis deux ans au bureau d’information publique de la MINUGUA (Mission de Vérification des Nations Unies au Guatemala), en tant que porte-parole adjoint.

Au Guatemala, ce ne sont pas que des discours

Mais que font donc toutes ces voitures blanches marquées ONU qui sillonnent les routes aussi cabossées que verdoyantes du Guatemala ?

Elles permettent aux observateurs de Droits de l’Homme et aux observateurs militaires de la Mission des Nations Unies de vérifier que les accords de paix qui ont été signés en décembre 1996 entre le Gouvernement et la guérilla sont dûment respectés.

Pour cela, les bureaux de la Mission sont ouverts 24 heures sur 24, dans tous les départements du pays, pour recevoir et traiter les cas de ceux qui viennent dénoncer le non-respect de leurs droits par l’Armée ou la Guérilla.

Pour ce qui est du cessez-le-feu, les observateurs militaires, venus de 17 pays, et d’autres membres de la communauté internationale, sont repartis dans six régions avec pour tâche celle d’accueillir les combattants de la guérilla désormais démobilisés et désarmés et de les aider à s’insérer dans la vie civile, après parfois plus de vingt ans de maquis. Nouveaux papiers d’identité, services de santé, éducation, formation professionnelle, autant d’attention qui leur sera fournie pendant une période de transition après laquelle ces quelques 3.000 hommes, femmes et enfants, certains d’entre eux nés dans la clandestinité, feront partie intégrante de la société civile, témoignage ultime, s’il en est, de la fin d’un conflit qui aura duré trente ans.

Mais la signature de la paix, ce n’est pas seulement la fin de la guerre mais aussi le début d’une nouvelle ère. Il s’agit donc pour le pays, de changer et pour les Nations Unies de l’y aider. Aider à transformer le système judiciaire, le rendre plus efficace et en favoriser l’accès pour les plus démunis, réformer la police et l’armée, renforcer l’éducation populaire en matière de Droits de l’Homme, organiser des campagnes radio en faveur d’une culture de tolérance et de la différence … autant d’exemple? du rôle des Nations Unies dans ce pays qui compte autant de guatémaltèques que de belges, mais ou l’on ne parle pas 2 mais 23 langues.

Et moi : dans tout cela, me direz-vous. Et bien j’y fais ce que je fais là : informer. Entretiens, conférences de presse, bulletins, visites organisées pour la presse, voilà ce qui me fait manger, courir et voyager. Mais si vous voulez y voir de plus près et profiter du soleil ou de la pluie tropicale, vous êtes les bienvenus, chez moi, aussi 24 heures sur 24 … A très bientôt j’espère !

(1) NDLR : Pour mieux apprécier l’importance de ce traité de paix, voici un bref rappel de la situation politique au Guatemala. Depuis 1963, les militaires se succédèrent au pouvoir et une guérilla rurale, pro-révolutionnaire se développa parallèlement à la répression et à la violence du pouvoir et des milices d’extrême-droite soutenues par l’armée. De nombreux assassinats politiques ponctuèrent les mandats des militaires au pouvoir. A la même époque le pays fut victime d’un cyclone dévastateur (1974) et d’un violent tremblement de terre (1976). A partir de 1978. l’on assista à une nette recrudescence de la guerre civile.1985 marqua le retour des civils à la présidence de la république mais le pouvoir de l’institution militaire et des milieux d’affaires se révélèrent inattaquables. En janvier 1996, le conservateur Alvaro Arzu fut élu à la présidence du pays.