Philippe CHAPPEY

sa disparition – janvier 2021

Philippe nous a quitté le 4 décembre 2020.

de Caroline, sa fille

Papa, Papalou comme t’appellent tes petits-enfants, tu n’es plus là. C’est difficile voire impossible à admettre tant ta forme physique, ton acuité intellectuelle, ton regard, ta présence impressionnaient. Jusqu’à ce dernier mois pour ce qui est de la forme physique car tu as gardé toute ta lucidité et ton intelligence jusqu’au soir de ton départ. Nous avons pu tous les trois le constater.

Alors Papa, lorsque je pense à toi, le mot temps me vient à l’esprit. Je vais parler de toi et de ton rapport avec le temps.

D’abord il semblait éternel avec toi, tu n’hésitais pas il y a encore quelques mois à te rendre à vélo à tes bridges dans le quartier. Tu soutenais toutes les conversations, tu m’avais dit un jour, en répondant à une de mes questions sur l’éducation que celle de tes petits-enfants n’était pas celle que tu avais reçue mais qu’il fallait s’adapter à son temps sinon on se privait de beaucoup de choses. Quelle sagesse.

Le temps, déjà la météo dont tu te fichais éperdument. A Hardelot, Pas de Calais, région réputée pour la clémence de son climat, il fait toujours beau. Quoi : une bourrasque, une tempête : pas à Hardelot, il y a un micro-climat à Hardelot.

Le temps passé à jouer à tellement de sports : du hockey sur gazon durant ta scolarité, au golf en passant par le tennis et le foot. Ah le foot !  Le temps que tu as passé à regarder les matchs de foot, le temps passé à soutenir le PSG et comme tu as souffert lors de certains matchs.  Tu avais assisté à des matchs avec ton père, de la Wunderteam autrichienne, juste avant l’Anschluss en 1938. Tu en avais gardé la tactique de son entraîneur Hugo Meisl : des passes courtes, on joue au sol et on se démarque. Je crois que j’ai entendu répéter ces phrases jusqu’à ces derniers mois dès que tu regardais un match avec François ton petit-fils. Nous parlions foot du match PSG-Manchester jeudi, quelques heures avant que ton cœur ne s’arrête de battre.

Le temps passé à jouer au bridge avec tes chers amis,et pendant le confinement, sur l’ordinateur. Tu participais aux tournois BBO organisés par nos amis, Philippe ou Michel, sous le pseudonyme : godvicien, en souvenir de Gouvieux.                                                             

Le temps passé avec Maman, vos projets de vie, vos enfants. Maman partie trop vite, trop tôt.   

Le temps passé avec tes enfants, tous ces souvenirs de jeunesse qui remontent à la mémoire.

Le temps passé avec tes petits-enfants, en particulier Clémence que tu as hébergé chez toi pendant ses deux années de prépa à Janson.

Le temps des voyages, tu es parti sur la route de la soie, la Chine, la Russie, du rallye en Lybie avec Michel, le père de Charlotte.

Le temps du don, tu nous as tout donné, vous nous avez tout donné et nous ne sommes pas tristes. L’amour ne peut s’éteindre.

Voici ce que tu disais le 15 mai 2012, à l’occasion des obsèques de ton dernier frère Claude : « Au moment où nous allons nous séparer de Claude, je voudrais dire quelques mots d’adieu à mon frère.Cher Claude,
Cela fait 86 années que nous ne nous sommes pas quittés malgré quelques périodes d’absence pour des causes majeures.
Tu as quitté Vienne en Autriche pour poursuivre tes études à Paris deux ans avant que je ne te rejoigne. Puis ce furent les années de guerre ou tu fus éloigné de la famille durant quatre ans pendant lesquels nous ne cessions de penser à toi.
Ce long voyage s’est achevé pour toi et nul doute que je te rejoindrai un jour. Ce qui fait qu’à la réflexion notre séparation n’aura pas été très longue en comparaison de ce que nous aurons vécu côte à côte.D’autres parleraient mieux que moi de ta vie d’adulte, de ta chère femme Monique, de tes chaleureux cinq enfants et de leurs conjoints si gentils, de ta guerre glorieuse, de ta riche carrière professionnelle, de tes centres d’intérêt. Je ne m’étends pas car je voudrais être plus personnel.
Nous avons eu tous les deux une jeunesse merveilleuse dans une famille aimante, bonne et intelligents que ce soit chez nos parents ou chez Grand Maman et Grand Papa, qui ne nous aura laissé que des souvenirs agréables et heureux. Que ce soit pendant les périodes scolaires ou pendant les vacances, nous formions avec notre cousin germain Jean-Pierre Lassalle une équipe qui ne s’est jamais ennuyée. Je me rappelle nos randonnées à vélo avec les cartes d‘état-major entoilées par nous mêmes, nos expéditions aux bois du Moulin et de la Chaussée et nos camps de vacances improvisés.
Puis arrivés à l’âge adulte , nos souvenirs communs se sont enrichis de la présence de nos deux jeunes frères, Marc et Bamy, disparus trop tôt, et de leurs épouses. Que de réunions familiales, de vacances partagées, de soirées à l’Opéra, de dîners fraternels et de discussions qui nous laissent de bons souvenirs.
Notre peine à tous de ta disparition est grande. Mais elle est adoucie par le fait que nous savons que tu as été heureux. Heureux d’avoir réussi ta vie en la conduisant dans le droit fil des exemples qui t’ont été donnés. Une vie de droiture et de générosité.
Repose donc en paix maintenant, mon cher frère. »

A ton tour Papa, repose en paix.

 

de Christian, son fils ainé

61 ans sans jamais se quitter et quand je suis sorti de la clinique la semaine dernière  je ne me doutais pas que tu partirais si vite,  ton désir de vivre paraissant intact.
Je pensais que la médecine ferait des merveilles et qu’il me resterait encore quelques années pour tout te dire.

Je reste persuadé qu’il n’est jamais trop tard et que les mots qu’on lance vers les étoiles ne sont pas toujours des paroles en l’air.
Si je ferme les yeux en t’imaginant Papa, alors je ne vois que des images joyeuses : tes fougueuses années de jeunesse avec ta maman Mamine que tu respectais par dessus tout // tes trois frères qui seront les piliers d’une amitié inébranlable // ton séjour à saint Germain sur Vienne pendant la guerre // tes vacances à Vignacourt avec Claude // tes années au Maroc, célibataire, sportif avec ta moustache à la Errol Flynn et tes yeux bleus // ton mariage magnifique avec Maman que tu aimais par dessus tout et qui restera la femme de ta vie jusqu’à ton dernier souffle.

Peu avant la guerre, tu as quitté Vienne en Autriche pour rejoindre ton frère Claude à Paris.
Tu as poursuivi tes années d’études pour les terminer dans une Ecole de commerce très correcte.
Mais tel que je te connais, tu avais plus une âme de scientifique et d’ingénieur aéronautique, jusqu’à vouloir construire ton propre avion, toi le pilote chevronné.
Pas étonnant que notre magnifique Maman soit tombée amoureuse de toi.
Et maintenant que j’ouvre les yeux, les souvenirs plus personnels défilent :

Je me revois enfant. Que nous étions heureux et protégé avec ma sœur Caroline puis à trois avec Patrick, mon frère.
Je me souviens de l’amour que tu avais pour maman
Je me souviens des rares moments d’énervement contre nous qui ne s’exprimaient que par des conseils judicieuxJe me souviens que bien souvent tu en savais plus que nos profs quand tu nous faisais travailler
Je me souviens de tes dribles au foot
Je me souviens qu’à tes yeux, nos erreurs n’étaient jamais des « conneries impardonnables » mais des enseignements pour nous même.

Plus le temps a passé  et plus je me suis rendu compte de l’importance de ce que tu nous apprenais :
Soyez tolérants, sportifs, modestes, effacés quand çà ne vaut pas la peine de se mettre en avant et surtout respectueux de l’autre.
Nous nous souviendrons de ta grande force mentale quand Maman nous a quitté il y a 33 ans, alors que tu venais de prendre ta retraite. Je remercie Caroline qui t’a accompagné de façon remarquable et Patrick qui a su te faire réapprécier l’esprit d’entreprise.

Avec le temps qui passe, nos souvenirs communs se sont enrichis de la présence de nos épouses et de nos enfants.

Souvenirs de nos réunions de famille élargies auxquelles tu tenais tant avec tes frères.

Souvenirs de ton rôle de secouristes sans jamais te porter pâle quand il s’agissait d’aller chercher un enfant à l’école en catastrophe.

Souvenirs de tous ces bons moments passés avec tes petits enfants qui t’adoraient toi l’eternel jeune GP.
Ils étaient heureux de te voir sauter en parachute, skier, danser tard dans la nuit et fiers de te savoir champion de bridge, témoin d’un cerveau en bonne marche.
Ils t’appelaient au secours quand ça chauffait avec leurs parents et quand ils s’apercevaient que la culture footballistique de ces derniers était d’une rare pauvreté.

Tiens Papa, pour terminer je m’imagine en fermant les yeux ton visage toujours souriant :

Souriant et gêné quand nous te faisions des surprises dont tu raffolais : Hamipré en septembre dernier et en juillet ton anniversaire organisé à Hardelot.

Souriant et moqueur quand nous sommes allés  tous les deux, consulter un chirurgien pour ton genou.
Tu te souviens du moment ou le chirurgien s’est tourné vers moi et m’a dit « Monsieur déshabillez vous et allongez vous sur le lit .. » tu t’es bien marré au moins pendant 2 heures.

Souriant et joyeux cet été lors des matchs de la Coupe d’Europe avec tes petits enfants, l’écran géant, les bières et les pop corn ..
Pas question de rater une minut.
Papa, notre peine est grande mais nous savons que tu as été heureux à l’image du bonheur que tu nous apporté.
Heureux d’avoir réussi ta vie, Une vie de droiture et de générosité.

Repose en paix maintenant Papa, nous continuerons ton chemin mais je t’en prie ne cesse jamais de veiller sur nous.

 

de Partick, son fils cadet

Je suis certain que Papa est très heureux de nous voir aussi nombreux pour l’accompagner aujourd’hui..
Mais qu’il est difficile de perdre un parent aimé et comme ce manque nous accompagne tout au long de notre vie.
Alors Papa, aujourd’hui on va être positifs :

Tout d’abord pour toi : tu as quitté cette terre à un âge vénérable après avoir aimé et après avoir été aimé.  Tu as vu grandir tes enfants et tes petits enfants, tu as vécu une vie riche et connu des bonheurs très nombreux. Après une vie comme celle-là, tu es parti en toute sérénité.

Ensuite pour nous : Nous avons eu la chance de partager des moments merveilleux avec toi pendant plus de 50 ans.
Je me souviens de ce saut en parachute, en chute libre à 4000 mètres, que l’on fit ensemble lorsque tu n’avais que 75 ans !
Je me souviens aussi de ces longues conversations avec toi au coin du feu quand nous allions tous les deux à la campagne. Tes connaissances dans des domaines aussi divers que le droit, l’économie ou les dernières chanteuses à la mode me sidéraient.
On se souvient tous encore de ton anniversaire surprise, le 14 juillet dernier à Hardelot, où tu t’es emparé du micro pour commenter en totale improvisation, toi debout, nous assis, un diaporama que l’on t’avait préparé. Ta surprenante mémoire nous avait bluffés !

Enfin pour les autres : Tu étais toujours tiré à 4 épingles, posé, tu avais une vitalité, une droiture et une intelligence qui forçaient le respect. Tu avais un point de vue toujours intéressant sur tout, une forme insolente et une soif de vie incroyable. Par modestie et par politesse, tu préférais souvent laisser briller les autres, ce qui était tout à ton honneur.
Oui, nous avons eu de la chance de pouvoir t’aimer.
Et oui… on t’imaginait tellement éternel que dans cette nuit du 3 au 4 décembre, tu nous as tous surpris.
La veille de ta mort, en sortant de la clinique, j’écrivais que tu allais t’en sortir parce que tu étais un Roc !
Mais non… bien sûr, dans notre monde, tout a ses limites, tout a une fin.
Tu as certainement préféré rejoindre maman qui t’attendait déjà depuis 33 ans.
Elle devait commencer à trouver le temps bien long …
C’est cette image que l’on gardera de toi.
Comme maman tu resteras éternellement dans nos cœurs.
Quelle chance tu as eue,
Quelle chance nous avons eue.
Merci Papa.

 

message d’Antoinette Bernard

 C’est grâce à Caroline, sa fille, que j’ai fait la connaissance de Philippe Chappey.  Nous nous étions rencontrées, Caroline et moi, quand elle était venue interviewer mon père pour le Trait d’Union.

C’est bien des années plus tard qu’elle avait suggéré à son père de me convier aux goûteurs familiaux qu’il organisait.
Toutes les fois que je m’y suis rendue, Philippe m’a accueillie si chaleureusement que je me suis vite sentie à l’aise au milieu de gens que je ne connaissais pas mais qui, eux, m’identifiaient comme « la fille d’Amy ». Amy, fille de Marguerite Pichon-Landry, avait beaucoup fréquenté, comme sa mère et ses tantes Landry, les Lassalle et les Chappey .

Plus tard encore quand, se rendant dans leur maison de Sainte-Maxime, Caroline,  ses enfants et son père nous ont fait l’amitié de s’arrêter chez nous dans la Drôme; j’ai eu l’occasion de bavarder longuement et fort agréablement avec Philippe, heureux d’évoquer avec moi  le  souvenir des membres de ma famille maternelle et de s’enquérir du sort de leurs descendants.

Enfin, en 2018, Philippe a eu la grande gentillesse de venir assister au concert que donnait l’orchestre dont je faisais partie comme flûtiste.

Merci à Caroline de m’avoir donné le plaisir de connaître son père.

message de Philippe Delmas

Au revoir, cousin.

Notre relation relevait de l’amitié plus que de la simple parenté (nous étions cousin « issus de germain »).

Elle était ancienne, remontant à notre enfance et à nos séjours de vacances, l’été, à Vignacourt, dans la grande maison familiale.
Elle s’y manifestait par les repas dans la salle à manger « des enfants », et par de nombreuses activités communes, dans le jardin, aux alentours, ou à l’extérieur en vélo. 

Rien n’entachait cette relation – même pas la visite des combles, où, en accompagnant ton frère ainé Claude, ton cousin Jean-Pierre Lassalle, ainsi que ma sœur Dominique, vous aviez eu la bonne idée de réaliser, une nuit, jusqu’à une trappe qu’ils ont ouverte, en explorant la pièce à la lampe de poche … ce qui a réveillé mon frère Maxime et moi, car c’était notre chambre – je ne me souviens pas de t’en avoir voulu.

Entre les deux guerres, nous nous retrouvions chaque année boulevard Flandrin pour la réunion de Noël autour de Grany.

Par la suite, nous nous sommes vus moins souvent, accaparés chacun par nos activités familiales et professionnelles.

tu étais bon sportif : je me souviens de l’avoir tracté en ski nautique dans le golfe de Saint Tropez – j’avoue aujourd’hui avoir truqué la photo, en supprimant un ski : tu faisait ainsi faire du monoski.

Le Trait d’Union, auquel tu participais activement, nous a donné l’occasion de nous revoir plus souvent.
Tu m’invitais aux gouters familiaux qu’avec son frère Claude tu organisais. J’avais toujours grand plaisir à retrouver ton accueil souriant et bienveillant.
Et je ne t’en veux pas, aujourd’hui, de me transmettre le déroutant privilège d’être le doyen des descendants encore présents d’Alfred et Blanche THUILLIER.

A bientôt peut-être, cousin.

 

à Hardelot avec son gendre Eric Ribadeau Dumas

 

message pour ses 70 ans – philippe DELMAS

petite adresse à Philippe CHAPPEY à l’occasion de son changement de décennie

Mon cher cousin : sur la pressante sollicitation de Caroline et de Didier (je leur revaudrai cela), je t’adresse mes meilleurs congratulations pour ton passage des 70 ans (ne voulant pas vieillir moi-même, je n’admets pas que mes cousins vieillissent trop vite).

Pour le surplus, je dois te dire que je n’ai pas grand-chose à te dire….

D’abord parce que nous ne sommes pas tout à fait du même monde : souviens-toi, à Vignacourt, avant la guerre (celle de 39-40), nous étions une bande d’enfants, avec des sous-bandes – celle des « grands » : ton frère Claude et toi, avec ma sœur Doudou, et Jean-Pierre – celle des moyens (un ou deux ans de moins – c’est considérable à cette âge), avec tes frères Marc et Bamy, mon frère Maxime et moi – et celles des petits (négligeables) – nous, les moyens, étions très agacés quand les grands partaient se promener en bicyclette, sans jamais vouloir nous dire où ils allaient.

Un moment, j’ai pensé te faire compliment de ta ligne, que certains, de ton âge, t’envient – mais, manifestement, tu es battu par Didier ! – encore que celui-ci vienne de reprendre 6 kilos – peut-être dans 10 ans mon compliment deviendra-t-il possible.

Je peux quand même témoigner de ta sportivité – en espérant que tu ne m’en veux pas trop de t’avoir coupé une jambe (note pour les autres lecteurs : il y a quelques années, j’ai tiré Philippe en ski nautique – je lui ai offert un tee-shirt avec la photo de l’exploit, mais, pour faire plus spectaculaire, je lui ai coupé une jambe : il fait ainsi du monoski, encore plus valorisant).

Je peux aussi témoigner du fait que tu es curieux – non pas objet de curiosité, mais toujours soucieux de t’informer, de t’intéresser à des sujets nouveaux, de tenter des expériences.

Et, pour conclure, je reprends un mot d’un de mes fils : nous te remercions tous d’être ce que tu es.

                                                                                                                      l’autre Philippe