une disparition : Elisa Elisa MARGINI-CHAPPEY

témoignage de Caroline CHAPPEY-RIBADEAU DUMAS.
Triste nouvelle. Elisa nous a quittés.
Avec le départ de son petit-fils Emilio, Elisa a continué à se battre contre sa maladie mais elle était déjà elle-même un peu partie.
Un témoignage sur Elisa, sur son charme, sa grande féminité et son sourire : c’est bien difficile tant elle reste présente dans nos esprits. Elisa était gaie, curieuse de tout et dans la discussion aimait aller « au bout des choses ». Elle se laissait convaincre si les arguments étaient justifiés.
Elisa a réalisé une fusion parfaite avec sa belle-famille qui l’a immédiatement accueillie. Elle s’intéressait et aimait tout le monde et tout le monde l’aimait. Elle a lié des amitiés profondes avec ses neveux et nièces et ses cousins et cousines et ses beaux-frères et belles-sœurs.
Elisa était entière, n’hésitait pas à râler, de nature généreuse et n’aimait ni le « petit » ni le « à moitié ».  Elle avait ce tempérament latino-argentin qui se manifestait par son amour pour l’opéra et se traduisait  également dans sa cuisine. Que de souvenirs en particulier de lasagnes à Garches, à Neuilly, à Hardelot dont les grandes plages lui rappelaient l’Argentine.
Grâce à Elisa nous avons visité Hardelot, de la résidence plein sud, à la résidence du Country au cours de ses déménagements. Hardelot qu’elle aimait tant: elle y comptait tant d’amis et où elle était si contente de recevoir sa fille Valéria, ses petits-enfants Matilde, Gaspar et Emilio, nous pensons à vous tous.
Une nouvelle page se tourne, bella ciao !

témoignage de Jacques PÉCHEUR – journaliste
publié dans « le Français dans le monde », revue des professeurs de « FLE : français langue étrangère », sous le titre : « Elisa passion »
C’est avec une très grande tristesse que nous avons appris le décès d’Elisa Chappey survenu le lundi 13 septembre 2021. C‘est une figure essentielle de l’aventure de la présence des médias en classe de langue, dont elle a puissamment contribué pendant presque 40 années à élargir la diffusion et l’utilisation, qui nous quitte.
Elisa Chappey avait la passion de la radio chevillée au corps. C’est à elle que nous devons la création en 1981 d’un support audio autonome qui, après avoir accompagné la revue de l’Alliance française, REFLET, allait accompagner pendant 28 ans Le français dans le monde. Oui, Fréquence FDM, c’est elle : Elisa Chappey  avait  en effet la conviction que les médias constituent un moyen définitif de contact vrai avec une langue, de médiation culturelle et de motivation  à son apprentissage.
Et c’est cette passion qu’elle a partagée avec les enseignants et les apprenants pendant toutes ces années.
Au fil du temps la cassette radio est devenue CD puis fichier téléchargeable.
Parce que c’est bien de radio dont il s’agissait, d’un vrai document authentique, denrée rare à l’époque et pas facilement accessible pour les professeurs. Elisa a mis toute sa conviction et toute son énergie à proposer un programme de radio conçu, construit, rythmé, présenté, animé comme une vraie émission. Et une émission où faisait merveille la combinaison de cet instinct d’enseignante et d’intuition journalistique qui ont largement contribué à donner à Fréquence FDM son image et sa couleur sonores.
Merci Elisa pour ton professionnalisme, pour ton talent et surtout pour cette passion d’avoir voulu offrir le meilleur aux enseignants de français à travers le monde.

témoignage de Jacqueline DEMARTY-WARZÉE – amie, ancienne collègue
Vive
, gracieuse, élégante, ainsi était Elisa quand je l’ai rencontrée la première fois, il y a une dizaine d’années. Il s’agissait ce jour-là de travailler à l’intercompréhension des langues romanes.
Nous avons très vite éprouvé l’une pour l’autre une grande sympathie et très vite partagé des connivences délicieuses.
Outre nos deux trajectoires de travail dans le monde du FLE/Français langue étrangère et les nombreux souvenirs et personnalités qui y sont bien sûr attachés, nous ont liées très vite :
– une passion commune pour la lecture – la littérature française, qu’elle avait étudiée en Sorbonne et qu’elle connaissait fort bien, mais bien sûr aussi les littératures italienne, espagnole, sud-américaine;
– un même goût pour le théâtre, la peinture, le cinéma et les voyages – c’est Elisa qui m’a donné envie d’aller en Argentine, et j’ai vu ce pays avec ses yeux, et suis même sur ses conseils allée à Tigré.
Ce dynamisme, cette ouverture ont perduré longtemps durant sa maladie contre laquelle elle a lutté avec un énorme courage.
Mais ce qui m’a touchée infiniment et avec moi Antoinette, Gisèle, Annie, Alain, mon mari, et d’autres sans doute, c’est son don et son amour de l’amitié, ce sentiment si délicat et si fragile, si doux et si rare qu’elle a su jusqu’au bout entretenir et jusqu’au bout nous manifester.
Au revoir, Elisa, précieuse amie, tu me manqueras terriblement … tu vas manquer à nous tous, tes amis !

témoignage de Gisèle KAHN – amie, ancienne collègue
Je sais à quel point ton travail te tenait à coeur. C’était une de tes préoccupations majeures. Nous ne cessions d’en parler. Je me souviens de notre première rencontre comme si c’était hier. C’était en janvier 1984. Cela fait plus de 37 ans. C’était dans les locaux de l’éditeur Hatier, rue d’Assas, le siège de la revue Reflet. Tu es arrivée avec une amie. Magnifique, élégante. Tu as dit : « J’ai appris que vous aviez créé une nouvelle revue pour les professeurs de français. Je suis professeur de français. J’ai travaillé à l’Alliance française de Mendoza, de Buenos-Aires. Je suis argentine. Je vis maintenant en France. Je donne des cours de français dans une école d’ingénieurs. J’ai du temps libre. Je peux travailler avec vous. Je n’ai pas besoin d’argent ! » C’est alors que mon corédacteur en chef, Bertrand Sapin-Lignières, a surgi du fond du couloir et a dit d’une voix forte : « J’embauche ! »
Nous faisions cette revue à deux, une partie écrite, moi, une partie sonore, lui. Il souhaitait repartir à l’étranger. Il devait déjà penser à sa succession. Il t’a embarquée dans son aventure.
Et donc Bertrand et Elisa se sont mis à travailler ensemble, à faire des enregistrements, à découper de la bande magnétique, comme on faisait alors, à réaliser numéro après numéro des cassettes destinées aux professeurs de français à l’étranger, avec pour idée de leur envoyer régulièrement des échantillons de langue française authentique sur les sujets les plus variés. Bertrand est parti quelques mois après, et Elisa a pris la relève. Et c’est comme ça qu’elle est devenue la plus grande spécialiste en matière de documents sonores en français langue étrangère, la spécialiste avec un grand S, pour les professeurs en premier lieu, pour les élèves ensuite, puis pour d’autres langues, l’espagnol, l’italien… Les éditeurs – certains sont ici présents – ne s’y sont pas trompés. Elle a travaillé avec nombre d’entre eux, elle a piloté les enregistrements sonores de nombreux manuels de langue.
Ils pourraient en témoigner. Tout comme son fidèle ingénieur du son, David, présent ici lui aussi.
Les responsables de revues, moi la première bien sûr, et d’autres qui ont suivi, savent ce qu’ils lui doivent. Elle a tout réinventé. Avec une sensibilité inégalée des attentes des professeurs de français, ceux du bout du monde notamment, elle a repensé les contenus et les formats. Elle a réussi à convaincre des journalistes de radio célèbres et talentueux de travailler avec elle, gratuitement ou presque, de réaliser des reportages sur les thèmes les plus divers. Elle a convaincu les détenteurs de droits de laisser diffuser gratuitement des chanteurs et des chanteuses illustres. Sa force de conviction a entraîné tout le monde. Année après année, elle a imaginé, fait réaliser, construit, fignolé des milliers de documents, avec inventivité, talent, minutie, goût de la perfection. Tous retiennent son immense professionnalisme, son énergie magnifique, sa fidélité, son élégance.
Elisa, ma chère Elisa, nous avons travaillé ensemble pendant près de 35 ans, toi dans la lumière, moi dans l’ombre. Je sais à quel point tu adorais ton travail, à quel point tu le faisais avec intelligence, avec passion. Tu pars avec une partie de moi-même, une partie que je ne retrouverai, hélas, jamais.

témoignage d’Antoinette ZABARDI – amie, ancienne collègue
C’est grâce à Jacqueline que j’ai rencontré Elisa autour de l’intercompréhension des langues romanes.
Dès le début, ce fut une très belle rencontre !
Jacqueline a parlé d’amitié, Gisèle d’amitié et de vie professionnelle, j’évoquerai Elisa sous l’angle de l’amitié et des racines communes.
Au fil du temps, nous avons découvert nos nombreux points communs :
     – un même métier : le français langue étrangère, nous étions toutes deux enfants de l’immigration, nos origines italiennes, l’italien que nous parlions et aimions tant toutes les deux;
     – nos familles étaient de la même région : l’Émilie Romagne, originaire de Parme et moi de Ferrara. Elle se souvenait comme moi de l’odeur du bouillon et des « tortellini » dans la cuisine, amoureusement préparés par nos grands-mères et nos tantes. Souvenirs d’enfance, avec cette Italie toujours présente en toile de fond;
     – nous avions également en commun le monde latino-américain où j’ai vécu aussi et bien sûr notre passion commune pour Mafalda…;
     – notre expérience de « Françaises » de la deuxième génération et les nombreuses discussions sur ce que cela signifie de venir d’ailleurs, de s’intégrer, tout en continuant à aimer ses racines.
Depuis le début de l’année 2017, nos liens se sont resserrés. J’ai été un des témoins proches de son immense courage et de sa combativité. Nous avons essayé avec Jacqueline et ses amies d’être présentes le plus possible, de l’entourer au maximum pour l’aider à supporter toutes les épreuves qu’elle a vécues.
Même dans ces moments si difficiles, elle a su maintenir les liens, l’amitié et le goût pour les autres.
Elisa, tu as été une très belle personne, joyeuse, généreuse, tu étais aussi un peu ma soeur, si Margarita me le permet ! Tu me manques beaucoup, CIAO AMICA GENIALE !

témoignage de Christian CHAPPEY, neveu
Elisa,
En te quittant il y a 10 jours je t’ai promis que nous nous reparlerions.
Tu m’as aussi fait promettre de t’aider dans l’épreuve de la maladie  et de ne jamais te tromper, ni te décevoir !
Tu sais les mots qu’on lance vers les étoiles ne sont pas toujours des paroles en l’air.
Ces quelques mots qui suivent auraient pu être prononcés par ta famille et par tous tes amis ici présents ou pas,  que tu aimais tant.
Elisa, tu m’a dis un jour : « tu sais, Christian, j’ai peur de partir mais ma vie est bien remplie; à 80 ans, elle a été riche, j’ai été très heureuse en Argentine puis à Paris avec Marc et ma fille Valéria, mes petits enfants sont formidables et j’en suis fière, je peux partir sans regret, tu sais, j’aurai vécu une très belle vie ». Je t’ai regardée pendant quelques secondes il n’y avait rien à ajouter…
Mais après une courte période de silence une parole m’est venue «  Elisa et les Chappey, où se situent-ils dans cette vie heureuse ?»
Ton visage s’est alors éclairé et ton magnifique rire ne t’a plus quitté…
Car tu ne souries pas Elisa, tu rigoles…
Oui Élisa, ta vie a été bien remplie et tu as mille fois raison de le croire.
Nous t’avons connue il y a 40 ans au bras de Marc, tu étais resplendissante, ton Français meilleur que le notre avec ce petit accent Argentin qui éclairait notre famille.
Tu étais intimidée au départ par nous tous !
Par la suite ton assurance n’avait d’égal que ta force de caractère.
Tu as su te faire une place avec tes mots justes et ton intelligence, dans cette famille que tu aimais.
Le départ prématuré de Marc t’a beaucoup affecté, je m’en souviens très bien,  mais tu as su garder ta bonne humeur et ton désir de toujours t’amuser.
Tu as enfin connu ces dernières années, la souffrance morale avec cette maladie qui n’en finissait jamais et qui a touché mortellement Emilio ton petit fils chéri quelques mois auparavant.
Une maladie qui t’enlève tout ce qui nous permet de vivre heureux et apaisé !
Tu as vécu cette lente agonie sans jamais te plaindre, sans jamais pleurer sur ton sort pour ne pas nous émouvoir, car tu ne souhaitais pas découvrir la compassion dans nos regards amicaux.
Notre peine à tous de ton départ dans les étoiles est grande, mais adoucie par le fait que tu as été très heureuse.
Heureuse d’avoir réussi ta vie !
Repose en paix maintenant ma chère Elisa.

témoignage de Djenane CHAPPEY, nièce
Il y a des jours comme çà où l’on se dit : je serai bien restée dans mon lit : voilà 5 mois qu’Elisa ne l’a pas quitté.
Souffrances physiques et souffrance morale depuis tant d’années….
Elle savait et elle enrageait de nous quitter tous.
Elle si curieuse, qui savait tout sur tout, qui voulait tout savoir, les histoires, les potins, les films , les théâtres, les musées, les voyages.
Elle qui posait des questions, qui écoutait, qui retenait, C’était une sorte de mémoire familiale.
Elle nous a aidé par sa présence, ses conseils avisés, ses paroles réconfortantes souvent et ses reproches parfois, son écoute, sa disponibilité : Chacun d’entre nous se reconnaitra….
Jusqu’au bout de sa vie, elle est restée elle-même : belle bien sûr, un brin d’humour , mémorisant avec élégance les histoires de chacun avec cette sorte de pudeur qui fait qu’on ne parle jamais d’autre chose mais jamais de la maladie sauf en langage codé.
Ce n’est que tard que ses yeux verts sont restés fermés et qu’elle s’est endormie, car elle a compris que même malgré sa volonté , malgré son élan vital hors du commun, la maladie serait encore une fois plus forte : la même qui a emporté Emilio  laissant chez elle u sentiment d’injustice et de quasi-culpabilité.
Malheureuse de partir en laissant ses proches désemparés, et désolée de creuser encore le vide laissé par son petit-fils ….
Comme si c’était sa faute d’être tombée malade par un sort cruel quasiment en même temps que lui.
Je ne vais pas vous dire tous les souvenirs que nous avons et garderons d’elle et les moments heureux passés ensemble : Vous avez les vôtres aussi.Tant de souvenirs à revivre pour nous consoler….
C’était mon amie !

témoignage de Philippe Delmas, cousin
Elisa nous a quitté trop vite.
Je m’honorais de son amitié, et même, souvent, je me permets de le dire, de notre complicité.
J’ai appris à la mieux connaitre, il y a quelque années maintenant, quand elle a bien voulu s’impliquer – activement – dans la renaissance de notre site familial.
Sa culture était immense.
Sa connaissance de plusieurs langues, également : c’est elle qui a traduit les pièces d’état civil, manuscrites, rédigées en génois dans les années 1790, des ancêtres d’une partie de notre grande famille. 
J’avais toujours un vrai plaisir à l’approcher, à bénéficier de son accueil empathique, à engager des discussions profondes, souvent mêlées d’humour, jusqu’à ce qu’elle trouve l’idée juste, le mot précis, la rédaction fluide.
Adieu, chère Elisa : tu nous manqueras.