Joseph CHAPPEY et la bataille d'HAMIPRÉ (Belgique)

un nouvel anniversaire  – 2021 –                      par Caroline CHAPPEY-RIBADEAU DUMAS

Les quatre fils de Joseph CHAPPEY, souvent accompagnés de leur mère, de descendants et de neveux, se faisaient un devoir – et prenaient comme un honneur – d’assister aux émouvantes célébrations patriotiques commémorant les combats de la colline de la Justice le 20 août 1914, où le sous-lieutenant Joseph CHAPPEY a subi le baptême du feu au milieu de nombreux officiers et soldats qui y furent fauchés lors d’une attaque.

Cette année 2021, le 4 septembre, c’est moi Caroline, accompagnée de ma fille Clémence, qui ont représenté la famille aux célébrations.
Nous ne remercierons jamais assez nos amis belges, Anne-Marie Hardy (qui a vaillamment pris la relève après le décès de son mari Michel) pour perpétuer la flamme de la fraternelle du souvenir, Joseph et Maria Lecomte, et Madame la Bourgmestre pour la chaleur de cet accueil. Et cette année encore nous en avons eu la preuve,
Sur une initiative de Madame la Bourgmestre, cette année, des enfants, délégués de leurs écoles, assistaient à la célébration sur la colline de la Justice. C’est important voire essentiel d’associer les jeunes générations.  Comme l’écrivait l’abbé Mouzon « Il faut rester vigilants et actifs pour maintenir à cette manifestation, unique dans la région, une vitalité de bon aloi ».
Pour les enfants présents et pour tous les jeunes, je voulais rappeler une histoire, une histoire vraie, celle de la rencontre et du combat de deux hommes, l’abbé Raymond Mouzon et mon grand-père, Joseph Chappey, pour l’histoire et le souvenir.

voici cette histoire     

deux intelligences au service de l’histoire et du souvenir               par Philippe CHAPPEY

Né à Avesnes sur Helpe en 1888, appartenant à une famille de commerçants du Nord, Joseph Chappey a commencé ses études dans le collège de sa ville natale : 2 élèves seulement candidats au baccalauréat et pas de professeur de philosophie.

Il gagne ensuite le lycée Faidherbe de Lille puis la khâgne de Louis-le Grand en 1908. En 1910 il intègre l’Ecole Normale Supérieure où il se lie d’amitié avec des camarades de promotion, comme lui originaires du Nord, et qui seront tués en 1914.

Dans une notice consacrée à l’un de ses camarades, Joseph Chappey a évoqué le 2 août 1914, « désœuvrés et désorientés, les élèves de l’Ecole erraient dans les couloirs de la maison…. Se sentant dépassés par les évènements mais résignés, courbant la tête, incapables de deviner ce qu’allait pouvoir être l’avenir….
La plupart d’entre nous avaient déjà accompli une année de service militaire comme simples soldats. Nous nous disposions à effectuer une 2ème année de service comme sous-lieutenants dans une garnison de notre choix quand la guerre éclata. Le fascicule de mobilisation qui nous avait été remis nous prescrivait de rejoindre, dès le premier jour, notre unité…. Nous nous séparâmes rapidement sans dire un mot…. Nous partîmes chacun de notre côté. Nous ne nous sommes depuis jamais revus ».

Joseph Chappey est parti comme sous-lieutenant au 87ème régiment d’infanterie basé à Saint Quentin dans l’Aisne. Le 20 août les Allemands occupent Bruxelles et la 9ème division de cavalerie française reçoit l’ordre de « pousser en exploration sur la région de Bastogne-Martelange » et le 1er bataillon du 87ème régiment d’infanterie, donné en appui à la division, est envoyé sur Hamipré avec pour ordre : reprendre la gare. Les allemands les attendaient.

Voici ce qu’a écrit Joseph Chappey :  
« C’était pour tous ces combattants le baptême du feu et pour beaucoup la marche à la mort. Dans la phase ultime et de loin la plus meurtrière de cet engagement, un seul bataillon français en désarroi tint tête à quatre régiments ennemis remplissant de stupeur l’adversaire lui-même par son opiniâtre résistance. Les services historiques de l’armée allemande nous apprendront que celle-ci perdit dans la rencontre du 20 août plus de 300 hommes dont 15 officiers.
Si du côté français, les pertes n’ont jamais été chiffrées exactement, on peut affirmer sans crainte d’erreur que des 1200 hommes que comptait le 1er bataillon du 87è Régiment d’Infanterie, plus de la moitié manqua à l’appel du soir : 300 environ dont le commandant du bataillon Charles-Antoine Cussac et trois des quatre commandants de compagnie – les capitaines Bruckert et Bouchy et le jeune lieutenant Félix Blarel étaient morts, les autres blessés ou prisonniers ».

Joseph Chappey a survécu, s’est marié et a eu une riche vie professionnelle. Si j’ai insisté sur la période de sa jeunesse et ces tristes évènements, c’est parce que, après une vie familiale et professionnelle bien remplie, une fois à la retraite, il s’est demandé ce qui l’avait le plus marqué durant toute sa vie.

Avec force se sont imposés ce combat de Longlier, en particulier cette colline de la Justice, cette bataille de Neufchâteau, des 20 et 22 août 1914, sur cette terre que vous connaissez mieux que moi et tous les noms et visages de ses camarades tombés autour de lui. Et aussi le courage de ces hommes. Il faut lire le magnifique livre, sous la direction d’Olivier Jaddoul, « à la recherche du Caporal Courouble ».

Puis ce fut la rencontre avec l’abbé Raymond Mouzon (1929-2005), grand historien.
Une grande amitié est née entre ces deux hommes et tous les deux ont conjugué leurs efforts pour mettre sur pied certaines manifestations afin de commémorer le souvenir des soldats français du 87ème régiment d’infanterie tombés en Belgique, avec la conscience de réparer une trop longue injustice.

Nous avons tenu à ce que la mémoire de ses camarades des jours sombres, qui laissèrent leur vie dans ces terribles combats, ne sombre pas dans l’indifférence et l’oubli : le souvenir des morts doit se perpétue au-delà du cimetière militaire, où toutes les tombes se ressemblent et où le temps finit par effacer les noms. Le choix s’est porté sur un monument et c’est le sculpteur Ulysse Gémignani, Grand prix de Rome de sculpture en 1933, qui le réalise.

Avec le concours du « Cercle Terre de Neufchâteau », la brochure écrite par Joseph Chappey consacrée à la bataille de la Justice est publiée en 69, une exposition impressionnante de documents a lieu, avec entre autres l’aide si précieuse d’Henri Gracia..

Ce site de la Justice, il faut le débroussailler car il était à l’abandon depuis 50, une équipe de courageux s’y emploie. Alors, à nouveau accessible, Joseph Chappey décide d’y mettre les deux tables d’orientation, en lave de Volvic, réalisées dans les usines de Saint Martin à Riom que l’on voit toujours.

On ne peut dissocier l’action de Joseph Chappey du le soutien indéfectible de Germaine Chappey, qui a soutenu inlassablement son mari, et a honoré les cérémonies patriotiques de sa présence et de son enthousiasme après le décès de son mari, jusqu’à sa disparition en 1980.

Puis Papa et ses frères ont continué, fidèlement, à venir, et c’est à nous, la génération suivante, de prendre la relève.

Je vous laisse lire le discours de Philippe Chappey, en septembre 2019 à l’occasion du 50ème anniversaire des commémorations, qui éclaire sous un autre angle cette histoire.

« Monsieur le Bourgmestre, Monsieur le représentant de la ville de Saint Quentin,
Madame la Présidente de la Fraternelle du Souvenir,

Mesdames, Messieurs, Amis belges et français.

Il n’est pas question de faire le récit du combat de la colline de la Justice. D’autres seraient bien plus compétents que moi.

Je suis le seul vivant des quatre fils du Colonel et de Madame Germaine CHAPPEY. J’ai donc le triste privilège par rapport à mes frères, de pouvoir assister, avec plaisir et émotion, aux cérémonies patriotiques franco-belges célébrant notamment, cette année, le 50ème anniversaire du monument du 87ème Régiment d’Infanterie.

Je souhaite en quelques mots rappeler et même apprendre aux jeunes générations dans quelles circonstances naquit l’idée de ce monument à l’initiative duquel mon père Joseph CHAPPEY eut la part que je vais vous dire.

En 1963, Monsieur l’Abbé Mouzon publia dans l’Annuaire de l’Institut Saint-Michel un récit d’une vingtaine de pages sur « Le Combat de LONGLIER du 20 août 1914 et La Bataille de NEUFCHATEAU du 22 août 1914 ».

En 1964, mon père écrivit au Bourgmestre de Hamipré, Monsieur Devaux, pour lui demander s’il connaissait quelqu’un qui accepterait de correspondre avec lui car il désirait faire quelque chose d’une manière ou d’une autre pour rappeler le souvenir de ses camarades de combat disparus au cours de la journée du 20 août 1914.

Après deux ans d’échange d’informations par correspondance, mes parents rencontrèrent pour la première fois l’abbé Raymond Mouzon, le 15 août 1967, à Hamipré. Monsieur L’Abbé a fait le récit de cette rencontre. Je lui laisse la parole :

« Je rencontre pour la première fois le colonel CHAPPEY, survivant de la bataille du 20 août 1914, à la retraite depuis deux ans. Il pleut à verse pendant les trois journées de son séjour au pays de NEUFCHATEAU. Qu’importe, il veut revoir le site ou il a combattu. Nous nous y rendons en voiture. Mais la violence des averses nous dissuade de mettre pied à terre. Et c’est là qu’il me fait cette confidence « Monsieur l’abbé, avant de mourir, je voudrais voir s’ériger un petit monument, pas plus haut que ça (geste) à la mémoire de mes camarades tombés sur cette colline » « L‘idée est certainement séduisante et généreuse ! répondis-je au colonel. Mais voyez : la nature a repris ses droits. Nous nous trouvons devant un maquis impénétrable de buissons, d’orties et de d’épines.

 Il fallut donc trouver un autre emplacement pour ce « petit » monument »  

 Mon père n’était pas du tout secret mais nous, ses fils, n’avons pas été tenus régulièrement et en détail au courant de ses démarches, de l’avancement de son projet. Je pense que c’était par discrétion. Nos parents devaient penser que nous avions nos propres préoccupations de travail, de situation, d’éducation des enfants et qu’ils n’avaient pas à nous encombrer l’esprit avec les mille et unes questions à résoudre pour la réalisation de leur projet. En outre chaque année les dates des cérémonies coïncidaient avec les dates des rentrées scolaires ce qui nous interdisait tout déplacement à HAMIPRE. D’où il résulte que ni mes frères ni moi-même n’avons de souvenir de cette courte période précédant l’inauguration.

En outre, nous n’avons pas trouvé de dossier HAMIPRE dans les papiers laissés par notre mère à son décès.  Je suis toujours à la recherche de l’organisme à qui ce dossier a pu être confié à moins qu’il n’ait été détruit. L’avenir nous le dira.

Je suis donc contraint de faire, à nouveau, appel au témoignage de Monsieur l’Abbé Mouzon pour terminer mon propos sur la création du monument du 87ème RI. Mais, par ailleurs, pouvais-je trouver meilleur témoin que sa personne ».

Voici ce qu’a déclaré Monsieur l’Abbé Mouzon en 1994 :

« Deux années passent encore à murir le projet. Je vous fais grâce des avatars immanquables à toute entreprise. Toujours est-il que le 8 septembre ­1969, en fin de journée, une grue de l’Armée Belge dépose sur son socle, en plein cœur du village de HAMIPRE, une pierre de petit granit, tirée aux carrières de Denée-Maredsous et pesant 4 T 100 kg. C’est le monument que vous voyez devant vous. Son dessin est l’œuvre du sculpteur français (Ulysse) GEMIGNANI, Grand Prix de Rome. Cette réalisation imposante et judicieuse n’avait été possible que grâce à la collaboration intelligente et enthousiaste du Bourgmestre MEUNIER.

C’est ainsi que, le dimanche 14 septembre 1969, a lieu l’inauguration solennelle du monument, en présence d’une foule considérable, venue de toute notre région et de France, ainsi que de nombreuses personnalités militaires, civiles et religieuses. 

La journée du 14 septembre 1969 laissa un souvenir merveilleux à la population de Hamipré. Un élan avait été donné. C’est ainsi que, dans les jours qui suivirent, débutèrent les travaux de remise en état du site de la colline de la Justice et que put y être dite la messe dès l’année suivante, 1970, et que bien d’autres initiatives furent prises par la suite.

Il m’a paru judicieux, à l’occasion du 50ème anniversaire, de montrer à tous et aux seize autres membres de sa famille ici présents et qui nous ont fait le plaisir de venir, que Joseph Chappey fut non seulement l’initiateur mais également la cheville ouvrière avec l’abbé Mouzon de la création de ce monument.

Je vous remercie de votre attention.
Je souhaite longue vie aux cérémonies patriotiques de Hamipré. Vive le France et vive la Belgique. »

Depuis, deux tables d’orientation ont été posées.

 

 

et maintenant ?  l’histoire continue : c’est Benoît, le petit-fils d’Hubert Bodet qui fut longtemps le président de la fraternelle du souvenir avant Michel Hardy, qui est porte-drapeau du 87ème Régiment d’Infanterie.

 

extrait du Trait d’Union n° 6                                                               par philippe CHAPPEY

Le premier contact de mes parents avec Monsieur l’Abbé Mouzon remonte à 1964, m’a rappelé ce dernier.

A l’occasion du 50ème anniversaire de la bataille de Neufchâteau (22 août 1914) et du conbat de Longlier (20 août 1914) en Belgique (Province du Luxembourg), Monsieur l’Abbé Mouzon avait écrit dans l’Annuaire de l’institut Saint-Michel un article sur ce premier contact entre les deux grandes nations belligérantes. Cet article avait fait l’objet d’un tiré à part qui a été remis à Monsieur Devaux, bourgmestre de la ville de Neufchateau.

A la même époque, Joseph Chappey avait écrit à Monsieur le bourgmestre Devaux, pour lui demander s’il connaissait quelqu’un qui accepterait de correspondre avec lui car il désirait, d’une manière ou d’une autre, faire quelque chose pour rappeler le souvenir de ses camarades de combat disparus au cours de ces sanglants affrontements. Mon père était alors sous-lieutenant au 1er bataillon du 87ème Régiment d’infanterie. Sur les 1.200 hommes que comptait ce régiment, 600 furent tués, blessés ou faits prisonniers, au cours de ces journées. Des pertes comparables furent infligées aux troupes ennemies.

Après deux ans d’une correspondance très abondante, mes parents rencontrèrent pour la première fois, sur le site, Monsieur l’Abbé Mouzon, le 15 août 1967. Mon père avait en tête d’ériger une stèle sur la colline de la Justice, sur le territoire de la commune d’Hamiprê, voisine de Longlier et de Neufchâteau, sur les pentes de laquelle avait été engagé son bataillon. Malheureusement ce site s’avéra impropre tant il était envahi d’arbustes, d’orties et d’épines.

D’où vint l’idée d’ériger un monument plus important au cœur même du village. Ce monument fut inauguré le 14 septembre 1969. Et, depuis 25 ans, chaque année des cérémonies patriotiques franco-belges célèbrent la mémoire des disparus (il y eut aussi des otages belges tués malgré la neutralité belge).

Le monument et ces cérémonies n’auraient pu voir le jour sans le concours de Monsieur l’Abbé Mouzon. Mais ceci est une autre histoire qui sera peut-être contée dans un prochain « TRAIT D’UNION ».

Le texte qui suit, émanant de l’abbé MOUZON,  se situe dans le climat d’amitié qui l’unit à la famille de Joseph Chappey

« J’ai eu l’honneur à trois reprises d’être l’hôte de “la Flamengrie » à Sainte-Maxime, les deux premières fois du vivant du Colonel Chappey. Accueil parfait, organisation « Madame Chappey » !

Celle-ci m’avait fixé la veille l’heure de mon petit déjeuner, que je prenais avec elle, le colonel nous rejoignant à l’issue de la collation.

Levée tôt, Madame Chappey nous communiquait alors ce qu’elle appelait le « topo » de la journée naissante, parfaitement agencé dès la veille par cette merveilleuse invention qu’est le téléphone ou par le truchement d’ouvrages culturels ou de guides touristiques intelligemment sollicités. Le colonel et l’abbé Mouzon écouteront le lecture du briefing dans un silence religieux.

« A 9h30, le plombier doit venir. Après son passage, je descendrai faire quelques courses. Puis je donnerai un coup de main à la cuisinière.

Monsieur l’abbé, il y a un bon soleil aujourd’hui. Vous ferez la promenade de la colline avec mon mari. Un point de vue extraordinaire ! Jo, tu montreras à Monsieur l’abbé les ruines du pavillon des frères Margueritte. Vous redescendrez à votre aise… Il sera un peu plus de onze heures. Mon mari se reposera jusqu’au déjeuner. Monsieur l’abbé, vous pourrez monter dans votre chambre. Vous avez de la lecture ? A tout hasard, j’ai déposé sur l’étagère quelques livres qui doivent vous intéresser.

Nous prendrons le déjeuner à la terrasse, ou au moins l’apéritif. Mon mari terminera sa sieste vers 14h30 … Monsieur l’abbé, vous qui aimez l’Antiquité, vous allez être comblé aujourd’hui ! Le Musée des amphores à Saint Raphaël, une merveille ! Nous y serons à 15h30. Nous rentrerons pour 17 h. D’ailleurs à cette saison, l’obscurité arrive à ce moment là.

Nous irons dormir tôt, car la journée de demain sera assez fatigante. Voilà !
Joseph 
Chappey alors, comme un soldat qui va prendre son poste, se lève et, avec le sourire admiratif dont il avait le secret : « Ainsi en a décidé Madame Chappey ! ».

 

extrait du Trait d’Union n° 12                                                                   par Claude CHAPPEY

Quatre générations de Chappey

Traditionnellement, la famille Joseph Chappey se rend en Belgique, près de Neufchâteau, sur les lieux où le sous- lieutenant Joseph Chappey a subi « le baptême du feu », le 20 août 1914. Notre Père (grand-père, arrière grand-père) a fait élever :

  • un monument à la mémoire du commandant, du capitaine, des deux lieutenants et de la centaine de soldats du 87ème régiment d’infanterie, fauchés lors de leur attaque.
  • deux tables d’orientation pour expliquer le déroulement des combats.

Après le décès du lieutenant-colonel Chappey, ce furent notre mère (grand- mère, arrière grand-mère), ses quatre fils, ses petits-fils et petites-filles qui participèrent aux manifestations patriotiques franco-belges.

Cette année, la 4ème génération Joseph Chappey, représentée par Sandrine et Guillaume accompagnait leur père Jérôme et leur grand-père Claude.

Après la messe sur la colline de la Justice, lieu du massacre, Jérôme déposa à Hamipré une gerbe devant le monument des 6 civils belges fusillés par les Allemands puis Claude devant le monument français. Ainsi la tradition se poursuit.

p.s. : Dans la salle du vin d’honneur, l’Abbé Mouzon avait construit un grand panneau consacré à Bamy, en découpant textes et photos des Trait d’Union, signe des amitiés d’Outre-Quiévrain.

 

extrait du Trait d’Union n° 19                                                   Claude et Philippe CHAPPEY

La bataille de la Justice : quatre heures de tuerie                                            

Le dimanche 5 septembre 1999 a eu lieu à Hamipré la commémoration annuelle de la bataille de la Justice dont il a déjà ete question dans de précédents numéros.

Dans son homélie au cimetière militaire, l’abbé Raymond Mouzon, historien des combats, à rappelé le souvenir du colonel français Joseph Chappey qui rêvait voici trente ans, de voir s’élever à Hamipré un monu­ment à la mémoire des officiers et soldats morts sur la colline. Huit sur­vivants avaient participé à la céré­monie. L’abbé a enchaîné sur la no­tion de pardon : « Il peut sembler difficile d’être chrétien, mais ce n’est pas compliqué : il suffit d’aimer ». Il a cité le roi Albert II, adversaire réso­lu de tout ce qui divise et sépare : « Refusons la voie de l’intolérance, du racisme et de l’exclusion ».

Un nouveau drapeau pour l’Amicale

À l’issue de la messe, l’Union mu­sicale de Neufchâteau, sous la ba­guette de son chef Jacques Perin, s’est rendue devant le monument des Fusillés puis devant le monu­ment du 87e régiment d’infanterie pour le dépôt de gerbes, la sonnerie aux morts et les hymnes nationaux. L’Union musicale a interprété la Marche du 87e RI.

L’abbé Mouzon a alors retracé l’histoire d’un drapeau des amicales d’anciens combattants du 87e RI. Le colonel Chappey, décédé en 1976, s’inquiétait du sort qui serait réservé au précieux drapeau de l’Amicale de Paris à laquelle il appartenait. Refou­lé aux Invalides, refusé aux Archives du « Souvenir français », le drapeau fut accepté par le cercle « Terre de Neufchâteau » et remis à son prési­dent, M. Arsène Geubel en 1986. C’est lors de la dernière sortie du drapeau en 1998, à Saint-Quentin, que l’état défectueux du tissu fut constaté. Toute remise en état étant impossible, un nouveau drapeau en nylon vient d’être réalisé. L’abbé Mouzon a remercié la municipalité de Saint-Quentin d’avoir financé l’opération.

Quant à l’ouvrage encore inédit de M. Jean-Claude Delhez, parlant du combat de la Justice, l’auteur esti­me que sur le millier d’hommes que comptait le 1er Bon du 87e RI le 20 août à midi, la moitié était hors de combat quatre heures plus tard. Si le rythme des tueries s’était main­tenu à ce niveau, la guerre n’aurait pas duré quatre ans, « faute de com­battants ».

Devant la salle « Au Carrefour », l’échevin Émile Guiot a brièvement pris la parole avant le verre de l’ami­tié et le repas convivial de la Frater­nelle du souvenir, présidée par le conseiller Hubert Bodet.