Monique DURUY-CHAPPEY

disparition  – le 23 février 2002. dans sa 79eme année – de la Rédaction 

« Dame de fer », dame haute en couleur, heureuse de vivre, elle aimait l’histoire, le bridge et aura occupé une grande place dans la famille.


 de Claude CHAPPEY, son mari → extrait du Trait d’Union n° 22-23 – 2001-2002

Mon épouse était très fière d’être une DURUY. Elle était l’arrière-petite-fille de Victor DURUY, célèbre non pas à cause de Napoléon Ill, mais parce qu’il a écrit «Histoire Romaine» et «Histoire Grecque» qui commence par: «le torrent grec, naguère furieux, coule à sec. ». Descendante de l’illustre Ministre de I ‘Instruction Publique de Napoléon III, Monique a fréquenté le cours Maupré, la faculté de Droit, la Sorbonne, la faculté des Langues Orientales rue de Lille.

Monique était très active, elle avait du tempérament et prenait beaucoup de responsabilités : chef d’équipe du groupe d’Action Catholique Féminine (GDAC), dame catéchiste, responsable du stand des livres à la vente de charité (dont elle assurait la moitié de la recette), secrétaire de l’équipe d’accueil des Familles en deuil.

Elle a tout de même élevé avec «maestria » cinq enfants particulièrement doués mais aux réussites scolaires variées.

Elle fut une épouse parfaite, en permettant à son mari de se consacrer entièrement aux affaires souvent très difficiles.

Elle organisait les vacances de toute la famille dans les résidences secondaires avec méthode (ponctualité, propreté, politesse (les trois P).

Malheureusement, elle avait hérité de sa famille maternelle le diabète et il lui fut très difficile de résister aux bonnes choses.
De sa famille paternelle, elle avait un souffle au cœur.
Arriva l’année où elle eut les plus grandes difficultés pour aller faire ses courses et bavarder avec les gens de toute condition (ce qu’elle adorait).
Heureusement ses cinq enfants venaient souvent la voir. Elle laisse un souvenir ineffaçable dans la famille Chappey.


la demande en mariage – 
Juin 1940.

Fuite à bicyclette, avec Philippe de Soulaire, près d’Angers, pour passer la Loire où l’armée va arrêter les Allemands. Arrivée au château de Saint Fulgent (Vendée) chez Monsieur de Grancourt, père de Madame de Nargues, marraine de Philippe. Nous trouvons Madame Duruy avec ses trois filles, Jeanine, Monique, Colette et le petit Georgie logeant au château. Les fils Chappey sont envoyés loger chez l’habitant du village. J’admire aussi bien Jeanine, belle brune, que Monique, blonde dynamique. Après le retour à Paris, à la rentrée d’octobre 1940, Madame Duruy organise une rencontre entre les trois jeunes gens à la Comédie Française pour entendre Werther. Je préfère Monique à Jeanine.

janvier 1943 – j’ai appris à connaître Monique au cours de concerts, marches en bande (les amis d’Hardelot), dans la forêt de Rambouillet.

Je vais chercher Monique à la faculté de Droit, nous rentrons avenue George V par les quais de la Seine. Près du pont de l’Alma, je lui déclare que je vais quitter Paris clandestinement pour rejoindre de Gaulle. Je ne sais pas qui va gagner la guerre. Il est donc possible qu’elle ne me revoit jamais. Si je reviens, je voudrais qu’elle devienne ma femme.

janvier 1945 – enfin une permission pour voir mes parents. J’arrive à l’improviste avec un avion Cessna des Services Spéciaux, au Bourget, un dimanche après-midi dans la neige. L’accueil de Grand Papa Lassalle restera éternellement dans ma mémoire.

Le lundi à 8 h, traitement d’épouillage à l’hôpital Saint Louis (pénible et douloureux). A 11 h, je sonne au 7 avenue George V. Mon arrivée crée une grande surprise.

Le mardi, avec l’accord de Monique, je demande à Madame Duruy la main de sa fille. Mais je précise que cette demande en mariage doit rester secrète. Je vais être parachuté dans des endroits très dangereux. Si je ne reviens pas vivant, Monique reste libre. Le docteur Duruy, engagé volontaire en 1916, croix de guerre 1914-1918, mobilisé en 1939, croix de guerre 1939-1945, approuve à cause du prestige de l’uniforme d’un parachutiste de la France Libre.

Entre janvier 1943 et janvier 1945, les jeunes ont beaucoup dansé, sont allés au cinéma… De mon côté, je ne pouvais pas oublier l’occupation allemande et le défilé quotidien avec musique militaire à 18 h à l’Arc de Triomphe avec descente des Champs-Elysées.

Monique, avec son sourire, son charme, sa gaieté, son dynamisme, reçut douze demandes en mariage. Elle aurait pu être marquise.

juin 1945 – retour à Paris. Les fiançailles sont confirmées.

juillet 1945 – mariage à la mairie du XVIème arrondissement, le 23 et mariage à Saint Pierre de Chaillot, le 24.

cahier – Monique tenait un cahier dans lequel elle notait ses impressions quotidiennes. Elle l’a détruit il y a plusieurs années.

don du sang : Monique donnait généreusement son sang aux hôpitaux. Elle reçut un « diplôme d’honneur de donneur de sang bénévole ».

déécorations : « famille nombreuse » : le 27 mai 1967, elle reçut une belle médaille avec grand ruban «la Patrie reconnaissante » pour ses cinq enfants. Au cours de la cérémonie à la mairie de Neuilly, elle eut droit au baiser (qui lui déplut) de M. Achille Peretti, député maire, ainsi que du Président de l’Assemblée Nationale, et un « livre d’or de la Famille ».

Il est inutile de préciser que Monique a toujours caché soigneusement ces décorations.