Vignacourt – abandon du chateau lettre du Préfet de la Somme - 1971

LE PRÉFET DE LA RÉGION DE PICARDIE – PRÉFET DE LA SOMME

Amiens, le 20 Novembre 1971

                 à Monsieur le Professeur Maurice LAMY – Membre de l’Académie de Médecine
                                             94, Rue de Varenne   –   PARIS (VII °)

Monsieur le Professeur,

Vous avez bien voulu appeler mon attention sur votre regret de constater l’état d’abandon dans lequel se trouve la propriété dite « Château du Parc » à Vignacourt qui a fait l’objet d’une donation à la commune par acte du 8 Juillet 1958 de la part des descendants du Sénateur Alfred THUILLIER. Ainsi que je vous l’indiquais dans ma lettre du 25 octobre dernier, j’ai     porté à cette affaire une attention personnelle. C’est ainsi que je me suis rendu sur place et que j’ai pu constater moi-même la réalité telle que vous me l’aviez dépeinte.

Comme vous-même, je suis bien entendu tout à fait désolé de voir qu’une telle propriété soit à l’heure actuelle complètement délabrée ce qui rend aléatoire toute possibilité de récupération des bâtiments existants. D’après ce que j’ai vu, il faut convenir qu’à moins de découvrir un mécène, la demeure est malheureusement perdue.

Reste le terrain et il y a là des éléments d’un assez joli parc planté, naturellement à l’abandon, mais qui peut permettre une utilisation conforme au voeu que vous m’exprimiez.

J’aurais souhaité rencontrer, à l’occasion de ma visite, le Maire actuel de Vignacourt ainsi que son prédéces­seur mais cela n’a pas été possible. Les vérifications opérées, tant en ce qui concerne l’acte de donation que la délibération du Conseil Municipal l’acceptant, m’avaient en effet confirmé qu’aucune charge n’avait été précisée ; mais je souhaitais vérifier dans quel esprit l’ancienne municipalité avait reçu cette donation et si une sorte de charge morale pesait sur son utilisation.

Au demeurant, il semble bien que la municipalité de l’époque ait entrepris des démarches en 1959 à l’effet de rechercher une collectivité qui aurait pu être intéressée par l’utilisation du Château du Parc comme maison de repos. Ces démarches, à la vérité difficiles, n’ayant pas abouti, le Conseil Municipal avait ensuite profité du projet d’installation d’une usine de confection pour envisager de lui céder la propriété en vue d’assurer le logement de ses cadres, sous réserve de remise en état de l’immeuble et d’une inter­diction de revente avant 10 ans sans que priorité soit proposée alors à la commune elle-même. Malheureusement les pourpar­lers engagés en ce sens n’ont pu aboutir davantage.

Je viens donc de saisir officiellement du problème la nouvelle municipalité de Vignacourt afin de faire le point des projets antérieurs et de connaître ses intentions futures. J’en­visage d’ailleurs de demander à mes services départementaux d’aider la commune à trouver la meilleure utilisation de cette propriété. Je pense notamment à la Direction Départementale de l’Action Sanitaire et Sociale ainsi qu’à la Direction Départe­mentale de la Jeunesse, des Sports et des Loisirs.

Dans l’immédiat, j’ai tenu à vous donner mon sen­timent et à vous informer de l’action que je compte mener, soucieux de faire en sorte qu’en l’absence de charge écrite, soit tout au moins respecté autant que possible l’esprit qui a pu présider à la donation de ce bien, désormais intégré au patrimoine communal et dont il importe de faire cesser la dé­gradation.

J’aurai soin de vous tenir au courant du résultat de mes démarches.