THUILLIER-LANDRY Lasthénie première chef de clinique à Sainte-Anne

Lasthénie se déguisait en homme pour suivre les cours de Platon : son prénom la prédestinait-elle à faire sa médecine en un temps où les femmes n’étaient pas encore les bienve­nues à la Faculté? Il semble qu’elle ait surtout suivi l’exemple de sa sœur Marie, chef de cli­nique de Déjerine.

Lasthénie s’inscrit peu après la mort de son mari, et ses études la conduisent à la Salpêtrière dans le service psychiatrique modèle du Dr Deny. Elle y trouve matière à sa thèse : Étude sur les délires à évolution démen­tielle précoce, où sont savamment analysées dix-huit observations de malades qu’elle a suivis personnellement. Le 1er avril 1916, elle est à Saint-Anne »déléguée dans les fonctions de chef de clinique » en remplacement d’André Colin, démisionnaire, dans le service dont Ernest Dupré est chargé suite au décès de Gilbert Ballet.

« Madame la doctoresse Thuillier-Landry » occupe le poste jusqu’en Décembre 1919.

Elle n’exercera plus ensuite la médecine, mais manifestera un intérêt constant pour la psychiatrie, comme membre de plusieurs congrès et de la Société médico-psychologique dont elle sera la trésorière archiviste.

« Th.L., » ainsi qu’elle signe ses lettres, se distinguera aussi dans le domaine de la bienfaisance et du féminisme comme ses sœurs Marie Long-Landry et Marguerite Pichon-Landry.

En 1919, elle joue un rôle de premier plan au Comité féminin français du travail comme présidente de sa Section d’hygiène, menant la lutte contre l’alcoolisme et les maladies vénériennes, pour l’accouchement sans douleur et la protection de l’enfance. En 1921, elle confonde et préside l’Association française des femmes médecins. Dans les années 1930, on la retrouve au Service social international d’aide aux migrants à Genève.

En mai 1936, Lasthénie est lauréate de l’Académie des sciences morales et politiques en qualité de présidente du Cercle François Villon, œuvre offrant le vivre aux plus démunis.

extrait d’un ouvrage sur « L’hopital Sainte Anne, pionnier de la psychiatrie et des neurosciences au coeur de Paris » (Somogy, éditions d’art)