Edouard LONG

Voici un résumé de sa carrière

Fils du docteur Ernest LONG , ancien interne des hôpitaux de Paris et médecin à Genève, il nait à Genève le 17 juillet 1868.

il est élève du Collège puis du gymnase de Genève.

 Interne des hôpitaux de Paris en 1893, il travaille dans le service de neurologie du professeur DEJERINE avec lequel il se lie d’amitié et continuera de collaborer tout au long de sa carrière.

En 1908, il épouse Marie LANDRY, interne des hôpitaux et chef de clinique, dont il aura deux fils : François (1910 –  1992) et Olivier (1915 – 2003).

Pendant la guerre de 14-18, avec l’aide indéfectible de son épouse, il travaille au centre de neurologie de Bourg-Saint-Maurice, puis il dirige dans l’ancien couvent de Veyrier (France) l’hôpital d’Etrembières où sont recueillis les évacués du Nord de la France trop malades pour poursuivre leur voyage. La France lui témoignera sa reconnaissance en le faisant officier de la Légion d’honneur.

Toujours secondé par sa femme, il poursuit ses activités de neurologue en se partageant entre la Salpêtrière à Paris durant les mois d’hiver et Genève où il se consacre à la recherche et à l’enseignement. On lui doit une collection de pièces et de coupes anatomiques ainsi que – nouveauté à Genève – des « films cinématographiques ».

Il disparait à Veyrier (en Suisse) le 8 août 1929.

Tous ses contemporains ont été unanimes à louer sa probité et sa rigueur intellectuelle ainsi que sa bienveillance tant à l’égard de ses élèves que de ses malades, qualités liées à une extrême modestie.

voici maintenant son éloge funèbre par le Professeur ROCH  – Doyen de la Faculté de médecine de Genève (discours prononcé aux obsèques du Docteur Edouard Long le 10 aût 1929).

C’est au nom de la Faculté de médecine de Genève et au nom de l’Université toute entière, repré­sentée ici par son Recteur et de nombreux Professeurs, que j’ai le douloureux devoir de venir dire un dernier adieu à notre cher collègue le docteur Edouard Long.

Nous garderons de cette personnalité vigoureuse, réservée, droite, un souvenir ineffaçable et nous conser­verons à sa mémoire, pour ce qu’il a été dans notre Haute École et pour tout ce qu’il a fait pour elle, une profonde reconnaissance.

Fils d’un médecin genevois, élève de notre Collège, Edouard Long fit la plus grande partie de ses études médicales à Parts, où il devint interne des Hôpitaux. De bonne heure, il s’orienta du côté de la neurologie, et fut dans ce domaine Iun des plus fidèles et des plus dignes élèves du Professeur Déjerine et de Mme Dejerine qu’il ne séparait pas dans son affectueuse admiration. Par son mariage avec Mlle Landry, ancienne interne des Hôpitaux de Paris et neurologiste de valeur elle aussi, il trouva une collaboratrice qui lui lut précieuse.

Après bien des années d’activité ardente et assidue dans les services hospitaliers et les laboratoires pari­siens, tout particulièrement A la Salpêtrière, labeur désintéressé mais fructueux pour la science et pour sa réputation, Long revint au pays en 1901. Ses Ira , dont une thèse remarquable sur les votes conductrices de la sensibilité, lui conféraient déjà la notoriété. Néanmoins, pour devenir privaient à Geneve, il dut publier une nouvelle thèse sur la syphilis de la moelle, et je me souviens fort bien de la brillante séance dans laquelle il soutint son mémoire. La prudence en même temps que la fermeté de son argumentation, la modestie et l’autorité tout à la fois qui émanaient de sa personne, avaient fortement impressionné le jeune étudiant que j’étais alors, ainsi que mes camarades.

Depuis lors. Long partagea sa vie entre Paris où il passait l’hiver et Genève où il enseignait durant le semestre d’été. S’efforçant sans cesse de perfectionner son enseignement, de le rendre toujours plus objectif, il ajoutait aux exposés théoriques des démonstrations sur le malade, des projections de coupes du système nerveux et même des films cinématographiques. Fort apprécié dès le début, cet enseignement de Privat-Docent fut consacré officiellement en 1919, Long recevant alors le titre de Professeur Extraordinaire.

Entretemps, il fût pendant 3 ans médecin-adjoint du Prof. Bard dans le service duquel il travailla assidument.

Plus tard, il fût nommé par la Commission administrative de l’Hopital médecin adjoint neurologiste chargé de s’occuper de tous les malades relevant de sa spécialité.                      

Ainsi, pendant près de vingt années, notre collègue servit de trait d’union entre la grande École de la Sal­pêtrière et notre Faculté, faisant bénéficier celle-ci des acquisitions les plus récentes de la neurologie, et lui laissant une collection magnifique de coupes en série du système nerveux normal et pathologique, de dessins, de notes et de fiches, si riche et si bien classée que ses successeurs pourront y trouver facilement un matériel abondant de démonstration, et les documents les plus précieux pour leurs travaux.

Chacun sait, mais il convient de le dire ici, avec quelle ardeur désintéressée, quel amour de la vérité, quelle scrupuleuse conscience, travaillait Long. Jamais un malade n’était laissé avant d’avoir été minutieuse­ment examiné, jamais un mémoire n’était envoyé à l’imprimeur sans que les faits énoncés n’eussent été mûrement étudiés et vingt fois vérifiés. C’est ainsi que, sans aucune ostentation, chose qu’il détestait par­dessus tout, sans jamais quitter son ton réservé, ses diagnostics s’imposaient à la confiance de ses confrères, et qu’il occupa dans notre ville une haute situation de médecin consultant. Quant à ses travaux, chacun d’eux apporte une contribution durable à la neurologie et plusieurs sont et resteront classiques.

C’est donc un hommage de reconnaissance profonde et sincère que, par mon organe, la Faculté adresse à notre cher collègue si brutalement et si tôt enlevé à notre estime et à notre affection.

Notre affection! je suis peut-être mieux placé qu’aucun autre de mes collègues pour l’avoir éprouvée et pour ressentir douloureusement le déchirement de ce départ prématuré! Pendant neuf années, le Prot. Long travailla dans mon service. Il n avait, a lui, qu’une salle pour conserver ses précieuses collections, examiner à loisir les « cas » complexes, discuter au milieu du groupe de spécialistes qui suivait ces visites.

Mais il se savait chez lui dans tout le service ; il parcourait à sa guise les salles des malades, devisait avec mes assistants, annotait les observations, conseillait des traitements, préparait ses publications. Outre son enseignement personnel, maintes fois il voulut bien me remplacer et faire la leçon de clinique médicale. Aucune convention quelconque n’était établie entre nous et malgré cet enchevêtrement d’activités, malgré cette situation qui, avec tout autre que lui, eût pu paraître délicate, jamais nous n’eûmes le moindre conflit, la moindre difficulté. Tout au contraire je sen- tms toujours mieux la valeur de cette collaboration et mon amitié ne faisait que s’accroître.

Cette harmonieuse symbiose vient de prendre fin et j’en ressens une diminution et un profond chagrin.

Que la famille du défunt ët particulièrement Mme Long, qui voulût bien aussi nous faire profiter de son savoir neurologiqueuc, veuille bien  recevoir ici l’aassurance que nous partageons sa grande douleur.