Vignacourt – la « maison bleue » quelques souvenirs d'Olivier LANTZ

 

la « maison bleue » dans la grand-rue de Vignacourt, ancienne dépendance du château, que Grand Lala (GLL) avait gardée après avoir quitté le château des Thuillier.

maison bleue car les volets étaient peints en bleu.

le trajet en Dauphine, la terreur de ma sœur Marie-Claude (Miclo entre nous) quand nous approchions des immenses poteaux électriques – géants extraterrestres – qui nous poursuivaient tout au long de la plaine.

la cave ou GLL rangeait les victuailles – il n’y avait pas de réfrigérateur – et le cidre qui se vidait d’un tiers quand on faisait « péter » le bouchon, et qui aurait pu servir de déboucheur d’évier.

le grenier où étaient rangées les pommes sur des clayettes, pommes qu’il fallait surveiller comme le lait sur le feu.

la salle de jeu dans laquelle fut installée une douche – auparavant nous nous lavions devant l’évier de la cuisine.

les chambres à l’étage – dont celle de GLL que je partageais les premières années dans un petit lit surplombé d’un photo de l’ange Gabriel.

la grande chambre traversière des enfants au-dessus du salon.

la double chambre qu’occupait les parents quand ils nous rejoignaient le week-end.

les WC accolés à la maison auxquels on accédait par l’extérieur les premières années avant qu’ils soient ouverts sur la salle de jeu et améliorés avec accès au tout à l’égout.

GLL repeignant les volets sur l’échelle.

la petite cabane sous l’immense peuplier où nous jouions à la guerre.

le puits dont il ne fallait pas s’approcher !

le potager qui occupait tout le fond du jardin avec au début un groseillier à maquereaux qui faisait mon délice, des radis noirs (très forts) et des haricots à rame que j’arrachais comme des mauvaises herbes avec une grande candeur au grand désespoir de GLL.

les soupes de carottes que je donnais à Miclo et celles de poireaux qu’elle me donnait à son tour.

le lait que nous allions chercher à la ferme chez les Theot – lait non pasteurisé que GLL faisait bouillir et qu’il fallait faire couler à travers la passoire car je ne supportais pas la peau.

la surveillance des vaches avec Bernard, le fils des Theot et l’expérience (douloureuse) de la haie électrique.

l’amour immodéré que me vouait Miclo, qui éteignait la lumière de l’escalier quand je montais me coucher et émettait des OuhOuh effrayants – et qui un jour m’a donné un coup de pelle (en fer) sur le front dont je porte encore la trace.

les journées chez les Picard (maire du village) dans leur « campagne » dans les étangs en bord de Somme avec au programme baignade dans les étangs vaseux à fond noir (beurk) et pêche au brochet.

l’utilisation de la bassine en zinc comme micro-piscine avec l’eau chauffée par le soleil.

les ballades en vélo (avec chute dans les orties)

 les soirées chez Madame Trifard (veuve du médecin) pour regarder la piste aux étoiles présentée par Roger Lanzac

les visites à Amiens avec sa cathédrale et la tour Perret.

les après-midi à la piscine d’Amiens.

la visite de l’élevage industriel de poules installé par le charbonnier du village, Monsieur Rouvillain, de l’autre côté de la rue face à la maison bleue, avec sa chaine d’abattage très impressionnante pour un enfant de mon âge.