de quelques pratiques électorales

Ayant été battu (de 76 voix) aux élections pour la députation en Corse en 1932, Adolphe LANDRY a présenté un mémoire de protestation (35 pages, dont 36 pièces justificatives) dont nous extrayons quelques arguments :
– M. Jacques L. est porté comme ayant émargé alors qu’il était décédé;
– M. Jean C., inscrit localement, a été nommé à Paris avec prise de fonctions obligatoire le jour du vote;
– des électeurs inscrits, employés comme fonctionnaires à Paris, ont reçu une obligation de présence à leur poste « pour raison de service » le jour du vote;
– M. Jean-Sauveur S., porté comme ayant émargé, était incarcéré – il est passé devant les assises d’une autre ville le jour de l’élection;
– MM Paul B., Philippe F. et Ange-Antoine P. ont chacun voté deux fois, dans deux communes différentes;
– de très nombreux électeurs inscrits, détachés comme fonctionnaires au Maroc et en Tunisie, n’ont pas bénéficié des instructions habituelles pour que leur venue pour les élections ne soit pas défalquée de leurs congés annuels;
– pour certaines de ses tournées électorales, le candidat par la suite élu a utilisé la voiture automobile du commandant de la Marine d’Ajaccio, portant le fanion de la Marine et conduit par un matelot en uniforme;
– à Murzo, lors du dépouillement, des bulletins au nom du candidat batu ont été lus au nom du candidat élu; quand un scrutateur a demandé un nouveau comptage, le Président du bureau a ordonné au garde-champètre d’aller immédiatement bruler les bulletins.

notre source est sure : il s’agit d’un dossier des Archives centrales de la Direction des Renseignements Généraux de la Préfecture de police de Paris –  référence 146149

Note : la protestation n’a pas abouti – Adolphe LANDRY n’a pas été député entre 1932 et 1936.

On doit par ailleurs indiquer que les blessés à l’occasion de rixes pré-électorales étaient déposés anonymement (comme les enfants abandonnés autrefois) sur le perron de la clinique tenue par le Docteur Roger DOUBRERE et son épouse (dont philippe Delmas est par la suite devenu le gendre) sur la route reliant la ville d’Ajaccio à son aéroport – quand ils s’estimaient guéris, les blessés disparaissaient par la fenêtre.