les églises romanes et gothiques 3 - les premières constructions (bien avant l'époque romane)

sommaire de ce chapitre
3.1 – les abris
3.2 – les murs des maisons installées à demeure
3.3 – les terrasses
3.4 – les toitures en pente
3.5 – les charpentes

3.1 – les abris
Dès qu’il sort des cavernes, l’homme construit des huttes pour se protéger des intempéries.
Les huttes sont généralement faites de pieux plantés en oblique, réunis au sommet, et recouverts de peaux ou de branchages : les pentes font office de toiture (voyez, encore aujourd’hui, les huttes des Indiens d’Amérique, et les « yourtes » des Mongols d’Asie centrale) – ou bien les huttes comportent des murs en troncs d’arbres fichés verticalement en terre, la couverture étant assurée par des branchages ou des troncs posés horizontalement.
Ces huttes sont généralement démontables, pour être transportées au gré des déplacements (pour trouver de nouveaux territoires de chasse ou de cueillette, ou de meilleurs pâturages pour le bétail).

3.2 – les murs des maisons installées à demeures
Ils sont constitués :
– par des troncs d’arbres (appelés poutres), soit horizontaux, assemblés « à mi-bois » à leurs extrémités (et généralement utilisés sans être taillés : ils sont alors appelés : rondins) : voyez les cabanes au Canada – soit verticaux, enfoncés en terre (et appelés : pieux), en nombre suffisant pour être jointifs, ou bien espacés, souvent appelés : colombages, avec remplissage en terre ou en chaux (une sorte de ciment naturel);
– ou par de la terre (alors appelée : pisé), d’une épaisseur importante, car constituant l’ossature elle-même (à noter que le pisé se distingue du torchis, où la terre ne fait que boucher les espaces libres entre des pieux en bois : voir ci-dessus)
– ou par des briques « crues », c’est à dire simplement séchées au soleil (mais elles ne sont pas très durables, car elles ne résistent pas à la pluie et doivent en être sérieusement protégées par des avancées du toit, qui doit donc largement déborder)
– ou par des briques cuites (au four)
– ou par des pierres non taillées (et notamment en silex, ou en ardoise) avec, le plus souvent; remplissage des vides par de la terre ou de la chaux
– ou encore par des pierres taillées pour être jointives (nécessitant plus de main d’œuvre, donc plus chères).
Les murs extérieurs comportent des ouvertures (il faut bien une porte, au moins – et des fenêtres), en nombre limité et de faibles dimensions, pour ne pas diminuer la résistance du mur – et pour se protéger de la froidure (c’est ce qu’on appelle aujourd’hui : l’isolation thermique) – et aussi pour ne pas laisser entrer la pluie (c’est ce que le Code Civil appelle : le « clos ») : pendant longtemps, il n’a pas existé de verre à vitre.
Ces ouvertures comportent , en partie supérieure, un « linteau », pièce horizontale :
– soit en bois (mais, au milieu d’un mur en pierre, ce linteau n’était pas considéré comme gracieux)
– soit en pierre, en un seul morceau – mais alors de très faible portée : la pierre, en effet, lorsqu’elle est posée horizontalement sur deux appuis, résiste moins bien, à dimensions égales, aux charges verticales (on dit : à la flexion) que le bois (dont les fibres, dans le sens du tronc, lui assurent une certaine tenue) – et ceci, même si on soulage le mur au dessus du linteau par des « arcs de décharge ».
Et il n’existait pas, à ces époques, de poutres en fer ou en béton !


3.3 – les terrasses

Les couvertures sont assurées par des branchages ou des troncs d’arbres, posés horizontalement. Elles sont appelées toitures-terrasses, ou simplement terrasses.
En s’agrandissant, les constructions ont été limitées par la longueur des troncs d’arbre disponibles pour réaliser la couverture. Et, lorsqu’on a utilisé la pierre au lieu du bois (qui n’est pas disponible dans les pays où les forêts sont rares, comme l’Égypte), les longueurs étaient encore plus réduites : voyez ce qui est dit plus haut). Sans doute, on pouvait placer des poteaux intermédiaires – mais ils encombraient l’espace intérieur : voyez les temples égyptiens ou grecs, où les poteaux, alors appelés piliers, sont énormes et très nombreux.
La couverture s’appuie directement sur les murs, qui eux-mêmes s’appuient directement sur le sol : la couverture « transmet au sol » des efforts verticaux : il n’y a pas d’efforts obliques (nous allons voir, plus loin, l’utilité de cette remarque).
Et ces efforts sont importants : pour assurer l’étanchéité, les poutres de la couverture doivent être assez proches, et les espaces libres entre les poutres doivent être bouchés : on place sur les poutres des roseaux ou des branchages, recouverts d’argile, ou bien de maçonnerie, c’est à dire de dalles scellées au ciment (mais oui : les Romains connaissaient le ciment : leurs constructions ont souvent résisté au temps).
Ainsi, pour soutenir des couvertures pesantes, les murs doivent être continus, et pleins (tout au moins : les ouvertures doivent rester petites).

3.4 – les toitures en pente
Pour faciliter l’étanchéité proprement dite, on a inventé, très tôt, la toiture en pente, sur laquelle la pluie peut glisser.
L’étanchéité peut être réalisée au moyen de branchages, ou de paille (c’est ce qu’on appelle aujourd’hui du chaume), ou de petites planchettes de bois (c’est ce qu’on appelle, dans certaines régions, des bardeaux, ou des essentes, ou des ancelles, ou encore des tavaillons), ou de pierres plates (ce qu’on appelle aujourd’hui, dans certaines régions, des lauzes), ou d’ardoises (c’est une sorte de pierre, facilement « clivable », c’est à dire séparable en tranches de faible épaisseur), ou encore de tuiles en terre cuite (il en existe différents types).
Par la suite, on a parfois utilisé des plaques de cuivre ou de plomb – aujourd’hui, on utilise aussi des plaques ou tôles (plates ou ondulées) en fer, en zinc ou en plastique, ou en « amiante-ciment » (l’amiante, récemment reconnue cancérigène, a été remplacée par d’autres fibres) – on utilise encore des plaques, de dimensions relativement réduites, en feutre garni de bitume (ou similaire).

3.5 – les charpentes
Les toitures en pente sont supportées par une charpente, toujours en bois.
Mais cette charpente transmet des « poussées » obliques – car, à ses extrémités basses, elle tend à s’écarter, à pousser les murs sur lesquels elle repose, et à faire effondrer l’ensemble.

Il faut donc rigidifier les deux poutres obliques par une pièce horizontale, appelée « entrait », dont chaque extrémité est assemblée à l’une des poutres – on obtient ainsi une ensemble indéformable, qui est simplement posé sur les murs, en leur transmettant des poussées verticales.

abri (proche d’une cathédrale)       
  lavoir à Saint Maximin
charpente un peu plus compliquée
  église de Saint Caprais de Bordeaux

On peut placer l’entrait plus haut (on l’appelle alors « retroussé ») – si on place un entrait, de même longueur que ci-dessus, à la moitié de la longueur des poutres (souvenez-vous du théorème des triangles semblables…), on double la portée (à la condition que l’on dispose de poutres inclinées assez longues).

On a utilisé, parfois, la charpente en coque de navire renversé, comportant des « membrures » et des pièces horizontales la rendant indéformable. Vous trouverez des églises anciennes ainsi couvertes (par des charpentiers de marine !).
Dans tous les cas, les poutres inclinées (appelées « arbalétriers ») reçoivent de petites pièces de bois, longues, placées horizontalement, appelées liteaux (à ne pas confondre avec les linteaux des portes et fenêtres), et sur lesquels est posée la couverture – souvent, par ‘intermédiaire de « chevrons », inclinés, qui, eux-mêmes, sont posés sur des « pannes » (horizontales), elles-mêmes posées sur les poutres.
Les toitures en pente ne permettent pas de gagner en surface, au contraire, puisque la superficie d’une pente est plus importante que la surface qu’elle couvre au sol (on dit : sa projection). Par contre, on gagne en facilité d’entretien :
      – les terrasses horizontales doivent souvent être réparées, après de fortes pluies (comme il en tombe souvent en Europe du Nord, ou au Moyen-Orient)
      – les toitures en pente : moins souvent et plus facilement – il faut seulement, chaque automne ou chaque printemps, sur des toitures en chaume, combler les « trous de moineaux », car ces gentils volatiles sont heureux d’y faire leur nid, en se créant un petit espace personnel – il faut, sur des toitures en tuiles, « remanier » ces dernières, c’est à dire remettre en place celles déplacées par le vent, et remplacer celles cassées.                                                                                    

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