Joseph-Marie BONACORSI

sommaire :
des démêlés d’un ancêtre avec la religion et avec l’état-civil 
un tout petit peu de linguistique comparée : variations sur le nom 

 

des démêlés d’un ancêtre avec la religion et avec l’état-civil 
Joseph-Marie BONACCORSI était le grand père de Thimothé LANDRY

En 1790 a été publiée la Constitution civile du clergé : les prêtres devenaient des salariés de la République – ils devaient jurer de respecter cette Constitution.

Les prêtres qui refusaient (la moitié !) étaient appelés non-jureurs, ou réfractaires, ou insermentés. Ils ne pouvaient plus exercer qu’à titre clandestin (…s’ils n’avaient pas été massacrés ou déportés).
Ils pouvaient par contre s’exiler, ou abandonner volontairement (avec ou sans constat formel) l’état ecclésiastique, ou prononcer une abjuration officielle, ou encore obtenir une réduction à l’état laïc par décision d’une autorité relevant du Vatican – on les appelait alors, familièrement, défroqués.

Notre ancêtre Joseph-Marie BONACORSI, prêtre de son état, n’a pas voulu jurer.
Au surplus, par la suite, il n’a pas voulu profiter de la permission offerte par le Concordat de 1801 de reprendre une vie ecclésiastique normale. 

Retourné à la vie civile par abandon (il a reçu le 3 décembre 1813, de la Mairie de Calenzana près de Calvi, un billet le confirmant), il a épousé à Florence en 1813 Marie (ou Marietta) Virginia GIUSTI Dal BORGO DI PRIMO (1791-1862).

Revenus en France, en Corse, à Calenzana,  ils ont eu un fils :  Luigi (Louis), qui a été inscrit sur les registres de l’état civil comme suit :

En voici une transcription : 
(en français)
Extrait des registres de l’État civil de la commune de Calenzana
Mairie de Calenzana arrondissement communal de Calvi

(traduit du toscan ou du génois : la langue italienne n’a été unifiée qu’en 1861)
Le dix septembre mille huit cent treize à Calenzana
acte de naissance de Luigi Ermanno Bartolomeo Antonio Buonaccorsi, né le trois août dernier à trois heures du matin
fils de Monsieur Don Joseph Marie Buonaccorsi, prêtre, et de Madame Marie Giusti de Borgo de Pise, mariés à Calenzana, pour autant qu’ils nous le disent, département de Corse
le sexe de l’enfant a été reconnu comme étant un garçon
premier témoin  Domeniccio artiste – deuxième témoin Natale Grissoni – majeurs – de Calenzana
cette déclaration a été faite par Nunsia Maria Tarquini, sage-femme, qui a déclaré ne pas savoir signer – attesté par moi selon la loi 
Ignazio Marius – Maire de Calenzana, faisant fonction d’officier public de l’état civil
signé Marius Maire

(en français) collationné le présent acte de naissance par nous Maire de la commune de Calenzana faisant fonction d’officier public de l’état civil
Calenzana le 19 février 1817 – N. Marius   Maire

quelques remarques :
– le père n’était pas présent : il n’a pas connu sur le champ le texte de l’acte;
– nous avons laissé « Borgo Di Pisa » tel qu’écrit, mais nous pensons qu’il s’agit d’une erreur : nous savons par ailleurs que le vrai nom est « Borgo di Primo »:
– la date finale de 1817 est celle de la délivrance de cette copie
– le papier timbré a été récupéré des stocks de l’Empire (cachet barré : EMP. FRAN.) – en voici le filigrane :

Vous avez pu voir sur l’acte deux inscriptions curieuses et injurieuses : à propos de l’identification de Joseph-Marie : « prètre », et, à propos du mariage : « selon ce qu’ils nous disent »

Notre ancêtre Joseph-Marie a obtenu du Tribunal civil de Calvi, le 20 janvier 1815, un jugement ordonnant au Maire de Calenzana de transcrire le mariage sur ses registres d’état civil – ce qui fut fait le 20 Février, mais « sans avoir été signé par le Maire de ce temps là ».

Il a ensuite obtenu du même Tribunal, le 8 juillet 1817, un jugement ordonnant au Maire de signer la transcription du mariage, et de supprimer de l’acte de naissance de Louis les termes litigieux.

Ces deux jugements confirment que le retour de Joseph-Marie à la vie civile était acquis, et que son mariage était valide, 

Nous avons fait reproduire (« scanner ») la vingtaine de documents qui nous ont permis de rédiger le petit article ci-dessus, et qui sont tous :
– écrits à la plume, avec souvent de belles arabesques sous les signatures;
– le plus souvent sur papier timbré;
– en français et/ou en italien et/ou en latin (langue écclésiastique) – parfois les trois langues sur un même document !

Voici deux exemples de belles présentations :

Les parents intéressés peuvent cliquer ici  pour voir la liste des documents que nous pourrons leur communiquer. 
Ils pourront en outre trouver bien d’autres informations concernantJoseph-Marie sur le livre de Jacqueline SAUVAGEOT : « une vigne sur la mer ».

 

un tout petit peu de linguistique comparée

Certains de nos ancètres se nommaient BUONACCORSI – mot qui semble manifestement venir de l’italien (encore que ce mot soit ici incongru : à l’époque, la langue de nos voisins – pas plus que leur nation – n’était unifiée) – le mot venait-il des Toscans (qui ont occupé notre belle île) ? ou bien des Génois (les derniers propriétaires) ? peu importe pour notre simple présente recherche ! 

Donc :      – buon = bon
                 – accorsi = forme archaïque de « soccorsi » = secours, aide
                 – ensemble = bon secours

Le nom est devenu BONACORSI, qui sonnait plus français : il a perdu deux lettres.

Pour illustrer : Joseph-Marie BUONACCORSI (1761-1843 – grandpère de Timothée LANDRY) s’appelait ainsi à sa naissance – puis BONACCORSI sur son cahier d’écolier à Lumio (près de Calvi) en 1773 – revenu à BUONACCORSI le 13 Frimaire an 6 (3 décembre 1797) selon un document officiel (rédigé en corse !) établi à BASTIA – puis BUONACORSI le 6 décembre 1813 selon un diplôme (en italien) de sociétaire de « la società italiana di scienze, lettere, ed arti »

– puis BONACORSI selon un jugement du Tribunal civil de Calvi du 31 janvier 1815 – puis BUONACORSI selon un jugement enregistré au Tribunal de Calvi le 8 juillet 1817 – puis BONACCORSI selon un testament olographe rédigé à Pise (en italien) le 8 novembre 1930.

 Il en va de même pour BUONAPARTE (mais oui, nous sommes parents : voyez dans le volet « archives » le Trait d’Union n° 16 page 18) – en prononçant « é » le e final (même si la dernière syllable est souvent un peu « avalée »: voyez ici l’article sur César CAMPINCHI- signifiant « bonne partie » ou « bon rôle », « bon parti » » – devenu BONAPARTE – en prononçant comme « e » muet le e final.