Adolphe LANDRY et le colonialisme

Lise ALCHAMI nous transmet un ouvrage* dont nous extrayons les passages suivants – merci Lise.

Dès le début du conflit de 1914-1918, l’État français se tourna massivement vers son empire colonial pour compléter les forces de travail embauchées dans les usines de guerre et pour étoffer les troupes envoyées au front.
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L’afflux de plusieurs centaines de milliers d’individus venus de contrées lointaines provoqua des réflexes de méfiance et parfois des rejets.

Étant donné que les citoyens français étaient au front, ces travailleurs furent en contact avec les femmes de soldats.
Des amitiés, des rela­tions amoureuses se nouèrent entre des hommes venus d’ailleurs et des femmes du pays, ce qui alimenta une nouvelle hantise au sein des élites républicaines : la crainte des métissages.
Pour les éviter, les travailleurs coloniaux furent parqués dans des baraquements et leurs déplacements surveillés grâce à la mise en place des premières cartes d’identité en 1917.
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Ces mesures discriminatoires à l’égard des individus issus de l’empire colonial marquèrent la première étape d’une politique d’immigration dont les grandes lignes avaient été tracées dès 1915 par Adolphe LANDRY.
Dans le rapport qu’il rédigea à la demande du gouvernement, Landry détailla toute une série de mesures pour ne pas « créer chez nous des sortes de colonies échappant à toute assimilation ». Soucieux d’éviter que ces recrutements « soient de nature à altérer trop profondément notre race», il proposa aussi de privilégier l’im­migration d’individus « proches de notre civilisation ».
Landry prit soin, néanmoins, d’ajouter que la France ne pouvait pas appliquer « la législation américaine ou la législation anglaise sur les étrangers indésirables », car ce serait contraire aux « traditions de notre pays ».
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.Étant donné que toute l’économie française dépendait du recrutement massif de la main-d’œuvre étrangère, les polémiques sur le sujet cessèrent provisoirement d’être placées au centre de l’actualité.
Comme il fallait aussi résoudre la crise démographique aggravée par l’hécatombe de la guerre, les dirigeants républicains lancèrent une nouvelle réforme du code de la nationalité. La loi adoptée en 1927 facilita les naturalisations.
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Premier aspect de la politique protectionniste présentée dans le rapport LANDRY cité plus haut : s’assurer que les nouveaux français étaient complè­tement assimilés pour éviter qu’ils ne deviennent des ennemis de l’intérieur.
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Les mesures visant à protéger la race française ne furent pas inscrites noir sur blanc dans le texte de la loi. Néanmoins son rapporteur à la chambre, le député André MALLARMÉ, insista également sur ce point: « Il ne faut pas que l’intégrité de notre race se trouve en péril ».

 nous vous laissons le soin de replacer ces idées dans le cadre de l’époque : nous sommes en 1905 – l’esclavage n’a été aboli qu’en 1848 (avec indemnisation … des propriétaires).

nous vous suggérons par ailleurs de voir ou revoir l’ouvrage « Noirs et Blancs » de notre parent Jacques WEULERSSE cliquez ici.

c’est l’occasion de rappeler que Jacques formait, avec Adolphe et avec Joseph CHAPPEY, le trio de normaliens à la table d’Alfred THUILLIER, fils de « manouvrier » (ouvrier agricole), ayant parlé le picard avant le français, et n’ayant pas dépassé l’école communale – il faut le faire ! (expression familière figurant dans le Larousse).

* Stéphane Beaud et Gérard Noiriel –  « Race et sciences sociales » – février 2021 – Agonne éditeur