actualités de la branche LANDRY (2019)

mise en ligne : mai 2019

 

une disparition : Annette PRAGIER-SAUVAGEOT


Annette nous a quitté le 3 février 2019.

Voici ce qu’a dit Laurette sa fille lors des obsèques 

J’ai toujours été fière d’avoir une mère résistante, juive et communiste. Très jeune, je me sentais appartenir, adhérer, à cette histoire-là. La famille d’Annette est une famille juive de la modernité, athée et avec le désir de s’intégrer à la culture de son pays d’accueil. Annette était fière d’avoir été bonne élève au Lycée Fénelon : de cela elle en parlait volontiers. La guerre avait gelé ses idéaux professionnels. Elle avait malgré tout exercé avec un grand plaisir pendant plus de dix ans le métier très honorable d’institutrice .

Cette histoire de nos originese, je la partageais dans mon for intérieur, c’est à dire silencieusement, avec Marie Warszawski, ma grand-mère, mère d’Annette et de Lydie, chez qui il y avait des tableaux du Léon Weissberg père de Lydie, des aquarelles de Warszawski, des livres en yiddish, en russe . C’était les traces des déportés de sa famille, de ma famille.

Le partage de cette histoire avec Annette était difficile; elle m’avait raconté un peu, à sa manière et elle ne tenait pas à ce que, moi  particulièrement, je la questionne davantage sur le plus intime de son histoire, questions que pose tout enfant à ses parents, En fait, j’ai compris qu’il n’était pas question et même interdit d’approcher le domaine des émotions : c’était probablement insoutenable pour elle. Elle se défendait alors assez violemment. Elle tenait à rester avec ses constructions héroïques  et à ne jamais parler de la  peur, de la  terreur, de la douleur, des pertes de ses proches dues aux arrestations par la milice française, par les gendarmes ou encore par la gestapo. Toute sa vie elle a voulu se montrer forte, solide, raisonnable et ne pas se laisser emporter par la passion. Elle voulait surtout vivre comme elle le souhaitait avec légèreté. J’ai aussi aimé sa gaité, sa légèreté. Elle aimait acheter, dépenser, faire des cadeaux. Moi aussi, j’éprouve un grand réconfort à acheter, dépenser et faire des cadeaux.  

J’ai aussi compris que si je voulais mieux la connaître, me sentir proche, je devais lire les travaux des historiens qui rassemblent documents, témoignages, films, et pour les émotions me laisser toucher par les écrivains de la catastrophe comme Primo Levi, Aaron Appelfeld ou Imre Kertesz, ainsi que par d’autres artistes écrivains, peintres , cinéastes …

C’est tout à l’honneur de Jacques d’avoir choisi Annette comme femme. Elle n’était pas facile, elle n’était pas sortie indemne de la folie de cette guerre, de ce projet fou d’éradiquer le monde de ses juifs. Mais je crois que Jacques a su à sa manière la comprendre et la protéger.

La famille de Jacques, sa mère Ella Sauvageot et ses deux sœurs Jacqueline et Lilla, ont su l’accueillir, elle et sa petite fille blonde toute frisée qui ne ressemblait à personne.

(Kaddish de Ravel, prière juive pour les endeuillés repris par Ravel, qui n’est pas juif. Pour violon au début de la cérémonie, puis à la fin au piano par Bertrand Chamayou. Un Kaddish pour tous ceux disparus assassinés morts sans sépulture).

 

la famille MEURON 

Nous avons retrouvé une photo reproduite depuis un « daguerrotype » de 1865
la photo était très rayée et piquée – nous l’avons retouchée à la faible mesure de nos compétences...

Nous reprenons rapidement les parents représentés :
     – Mariette GIUSTI Dal BORGO DI PRIMA, 1791-1862, épouse de Joseph-Marie BONACORSI, grand-mère d’Emma, Aglaé et Augustine MEURON (tôt orphelines, et qu’elle a élevées);
     – Emma MEURON, 1834-1892, musicienne;
     – Aglaé MEURON, 1836-1925, peintre, sans descendance (voir ici);
     – Augustine-Emilie-Euphrosine MEURON (dite Lasthénie ou Nini), 1844-1926, épouse de Augustin-François-Timothée (dit Timothée) LANDRY (voir ici) – mère de Seppa, d’Eugène (voir ici), d’Adolphe (voir ici et ici) , de Marguerite (voir ici), de Marie (voir ici) et de Lasthénie (voir ici);
     – Marie-Anne-Evereline ou Everaldine (dite Lilla) BONACCORSI,- 1818 ? -1887, fille de Mariette et de Joseph-Marie (voir ci-dessous),  sans descendance;
     – Joseph BONACCORSI, 1834-1880, petit-fils de Mariette et de Joseph-Marie (voir ci-dessus), sans descendance.

Nous espérons compléter ces données, à l’avenir, grâce aux textes et photos que vous nous apporterez, et grâce aux données que nous pourrons découvrir dans la vingtaine de cartons (mais oui !) que nous avons encore à dépouiller.

Signalons qu’en Suisse la famille MEURON publie périodiquement un recensement de ses membres.
→ en voici un exemple


note pour les bibliophiles : ce petit livret est imprimé sur vergé d’Arches.

remarque : il existe à Neufchâtel une famile « de Meuron ».

On doit aussi rappeler que le premier « Suisse » à s’être établi en Corse était un MEURON, et que c’est lui qui, quelques mois plus tard, y avait appelé son beau-frère LANDRY.

 

un tout petit peu de linguistique comparée

Certains de nos ancètres se nommaient BUONACCORSI – mot qui semble manifestement venir de l’italien (encore que ce mot soit ici incongru : à l’époque, la langue de nos voisins – pas plus que leur nation – n’était unifiée) – le mot venait-il des Toscans (qui ont occupé notre belle île) ? ou bien des Génois (les derniers propriétaires) ? peu importe pour notre simple présente recherche ! 

Donc :      – buon = bon
                 – accorsi = forme archaïque de « soccorsi » = secours, aide
                 – ensemble = bon secours

Le nom est devenu BONACORSI, qui sonnait plus français : il a perdu deux lettres.

Pour illustrer : Joseph-Marie BUONACCORSI (1761-1843 – grandpère de Timothée LANDRY) s’appelait ainsi à sa naissance – puis BONACCORSI sur son cahier d’écolier à Lumio (près de Calvi) en 1773 – revenu à BUONACCORSI le 13 Frimaire an 6 (3 décembre 1797) selon un document officiel (rédigé en corse !) établi à BASTIA – puis BUONACORSI le 6 décembre 1813 selon un diplôme (en italien) de sociétaire de « la società italiana di scienze, lettere, ed arti »

– puis BONACORSI selon un jugement du Tribunal civil de Calvi du 31 janvier 1815 – puis BUONACORSI selon un jugement enregistré au Tribunal de Calvi le 8 juillet 1817 – puis BONACCORSI selon un testament olographe rédigé à Pise (en italien) le 8 novembre 1930.

 Il en va de même pour BUONAPARTE (mais oui, nous sommes parents : voyez dans le volet « archives » le Trait d’Union n° 16 page 18) – en prononçant « é » le e final (même si la dernière syllable est souvent un peu « avalée »: voyez ici l’article sur César CAMPINCHI- signifiant « bonne partie » ou « bon rôle », « bon parti » » – devenu BONAPARTE – en prononçant comme « e » muet le e final.

 

des démêlés d’un ancêtre avec la religion et avec l’état-civil

En 1790 a été publiée la Constitution civile du clergé : les prêtres devenaient des salariés de la République – ils devaient jurer de respecter cette Constitution.

Les prêtres qui refusaient (la moitié !) étaient appelés non-jureurs, ou réfractaires, ou insermentés. Ils ne pouvaient plus exercer qu’à titre clandestin (…s’ils n’avaient pas été massacrés ou déportés).
Ils pouvaient par contre s’exiler, ou abandonner volontairement (avec ou sans constat formel) l’état ecclésiastique, ou prononcer une abjuration officielle, ou encore obtenir une réduction à l’état laïc par décision d’une autorité relevant du Vatican – on les appelait alors, familièrement, défroqués;.

Notre ancêtre Joseph-Marie BUONACCORSI (voir plus haut), prêtre de son état, n’a pas voulu jurer.
Au surplus, par la suite, il n’a pas voulu profiter de la permission offerte par le Concordat de 1801 de reprendre une vie ecclésiastique normale. 

Retourné à la vie civile par abandon (il a reçu le 3 décembre 1813, de la Mairie de Calenzana près de Calvi, un billet le confirmant), il a épousé à Florence en 1813 Marie (ou Marietta) Virginia GIUSTI Dal BORGO DI PRIMA (1791-1862).

Revenus en France, en Corse, à Calenzana,  ils ont eu un fils : Luigi.
L’acte de naissance  rédigé en italien (sur un territoire français !), porte les mentions : à propos de l’identification de Joseph-Marie : « Don prete », et, à propos des mariés : « per quanto ci dicono » – qui peuvent se traduire par « sieur prêtre » et « selon ce qu’ils nous disent ». 

Notre ancêtre Joseph-Marie a obtenu du Tribunal civil de Calvi, le 20 janvier 1815, un jugement ordonnant au Maire de Calenzana de transcrire le mariage sur ses registres d’état civil – ce qui fut fait le 20 Février, mais « sans avoir été signé par le Maire de ce temps là ».

Il a ensuite obtenu du même Tribunal, le 8 juillet 1817, un jugement ordonnant au Maire de signer la transcription du mariage, et de supprimer de l’acte de naissance de Louis les termes litigieux.

Ces deux jugements confirment que le retour de Joseph-Marie à la vie civile était acquis, et que son mariage était valide, 

Voici, à titre d’exemple, le début de l’un des actes mentionnés ci-dessus.

A ce propos : nous avons fait reproduire (« scanner ») la vingtaine de documents qui nous ont permis de rédiger le petit article ci-dessus, et qui sont tous :
– écrits à la plume, avec souvent de belles arabesques sous les signatures;
– le plus souvent sur papier timbré;
– en français et/ou en italien et/ou en latin (langue écclésiastique) – parfois les trois langues sur un même document !

Voici deux exemples de belles présentations :


Les parents intéressés peuvent cliquer ici  pour voir la liste des documents que nous pourrons leur communiquer. 
Ils pourront en outre trouver bien d’autres informations sur Joseph-Marie sur le livre de Jacqueline SAUVAGEOT : « une vigne sur la mer ».

 

Léon THUILLIER 

Voici, repris du trait d’Union n° 5, l’article rédigé à l’occasion de la disparition de Léon par Lucien LASSALLE, son camarade de promotion devenu son beau-frère (bulletin de l’Ecole Centrale de Mai 1901).

Le plus grand malheur qui puisse frapper une famille, vient d’accabler celle de notre Camarade Léon Thuillier, mort à vingt-sept ans, plein d’avenir, terrassé au milieu d’un bonheur dont il venait à peine de jouir. Tous nos Camarades de la promotion 1804, et les habitués des réunions du Groupe de Paris, dont il fut un familier, ne se rappelleront pas sans émotion ce grand garçon à la figure ouverte et à l’abord si sympathique. Le mot de sympathie même exprime insuffisamment le sentiment qu’inspiraient sa franchise, sa gaieté et sa verve, mises au service d’un esprit des plus fins.

Entré très jeune à l’école, il en sortit, ses études terminées, pour aider son père qui dirigeait, à Paris, une importante maison de couverture et plomberie, et qui, absorbé par son mandat de sénateur, fut très heureux de se décharger sur son fils du soin de ses affaires; celui-ci y réussit brillamment.

Vivant avec lui dans une intimité constante; j’ai eu le loisir d’apprécier, mieux que personne, cette intelligence et ces généreuses qualités de cœur qui firent qu’avec lui les relations d’affaires se doublaient toujours de relations d’amitié. Quoique l’industrie qu’il dirigeait absorbât la plus grande partie de son temps et de ses forces, il avait la conviction qu’il devait s’occuper des déshérités de la fortune. D’une bonté inépuisable.  il eut la conception de la vraie charité, celle qui donne non seulement les secours pécuniaires, mais l’affection et l’appui moral;
une université populaire, qu’il fonda lui-même aux dépens de ses forces, restera pour consacrer les efforts qu’il fit pour l’éducation de la classe ouvrière. Ses projets furent vastes : il rêvait d’œuvres sociales, qu’il eût certainement créées, si la mort ne l’avait enlevé, à Dax, où il était allé chercher la santé, épuisé qu’il était par les fatigues d’un hiver très pénible.

Le souvenir qu’il laissera à tous ceux qui l’auront approché sera celui d’une brillante intelligence et d’une vraie bonté.

→ voir aussi, dans le volet « archives », le Trait d’Union n° 9 relatant un voyage à Paris pour assister à la noce de Melle Lasthénie LANDRY avec M. Léon THUILLIER.

 

Jacqueline SAUVAGEOT 

Allez voir le bel ouvrage « Jacqueline pour les nuls » qui lui fût offert par ses descendants pour ses 80 ans.

Si certaines subtilités circonstancielles, géographiques, ou locales vous échappaient : consultez l’un des auteurs.

 

le caveau familial à Ajaccio

Plusieurs lecteurs se sont inquiétés de voir, sur l’article concernant Adolphe LANDRY, que le caveau familial, au cimetière d’Ajaccio, portait la suscription « MEURON+LANDRY » – et non pas seulement « LANDRY », ou, à la rigueur « LANDRY+MEURON », par ordre alphabétique.

Recherches faites, le caveau a fait l’objet d’une « concession perpétuelle » accordée le 24 avril 1999 à Timothée LANDRY, à son épouse Augustine MEURON, et à sa belle-sœur Aglaé MEURON. 
→ voici un extrait de cette concession 

Pourquoi Timothée a-t-il choisi cette suscription ?

Par correction, pour donner la primauté à la famille de son épouse ?

Pour tenir ainsi tenir compte du fait que la famille LANDRY, certes notable dans son petit village de Saint Sulpice au Val Travers (en Suisse, près de la frontière avec la France), n’égalait pas la notoriété, à Neuchâtel, de la famille MEURON (voir plus haut) ?

Plus simplement : parce qu’il existait auparavant un caveau « Meuron » (ce qui semble résulter d’une allusion sur un document ancien) que le nouveau a remplacé et agrandi pour abriter aussi la famile Landry ?

note : le caveau contient des personnes disparues avant la délivrance de la concession : des MEURON, des LEVIE et des LANDRY – ainsi qu’une Angèle GUERINI, appelée Minini, très fidèle gouvernante (on pourrait dire « majordome » si ce mot, possiblement féminin,  n’évoquait pas une famille aristocratique ou très aisée).
Ces ancêtres ont donc été transportés depuis un autre caveau ou cimetière –  confortant la dernière hypothèse ci-dessus relative à la suscription du caveau.